AVANT-PROPOS
Votre rapporteur spécial suit depuis plusieurs années avec une attention particulière la gestion du fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT).
Ainsi, le présent rapport d'information s'appuie :
- sur un contrôle sur pièces et sur place effectué à la DATAR ;
- sur les informations fournies par la DATAR en réponse à un questionnaire adressé le 15 mars 2002 par votre rapporteur spécial à M. Yves Cochet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement ;
- sur plusieurs auditions des responsables de la DATAR ;
- sur le rapport annuel au Parlement relatif à la gestion du FNADT.
PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
Sur les sections du FNADT
1. la section générale, censée financer des projets d'importance nationale, joue souvent un rôle d'accompagnement des projets locaux ;
2. l'instruction des dossiers demeure imparfaite (qualité inégale des fiches de présentation des dossiers, absence éventuelle d'instruction locale et d'avis du préfet, absence de motivation des décisions du CIADT) ;
Sur l'autorisation budgétaire
3. la nomenclature budgétaire n'identifie pas les crédits déconcentrés, mais seulement les crédits déconcentrés correspondant aux contrats de plan Etat-régions, de sorte que la répartition des crédits entre section locale libre d'emploi et section générale est effectuée par le Premier ministre ;
4. les crédits d'investissement sont sous-consommés ;
5. les subventions sont versées avec lenteur ;
Sur l'évaluation de l'action du FNADT
6. les « objectifs » de la DATAR destinés à permettre l'évaluation du FNADT ne correspondent pas à ceux prévus par la loi du 25 juin 1999 ;
7. le financement des associations demeure peu transparent ;
8. le suivi informatique des crédits commence juste à être mis en place ;
9. l'évaluation de l'action du FNADT demeure insuffisante, et est quasiment inexistante au sein de la DATAR ;
10. le rapport au Parlement mériterait d'être davantage diffusé (en particulier mis en ligne sur le site Internet de la DATAR) ;
11. les subventions du FNADT correspondent encore trop à une logique de « saupoudrage », ce qui pourrait justifier une augmentation du montant minimal des opérations financées par la section générale ;
12. l'interdiction du financement des investissements en infrastructures « classiques » par la section locale pourrait être assouplie.
INTRODUCTION :
LE FONDS
NATIONAL D'AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE
I. LE CADRE INSTITUTIONNEL
A. LA LOI DU 4 FÉVRIER 1995 D'ORIENTATION POUR L'AMÉNAGEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE
Le fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT) a été créé par l'article 33 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995 1 ( * ) , dite « Pasqua-Hoeffel », pour regrouper les crédits de cinq fonds existant alors, « consacrés aux interventions pour l'aménagement du territoire, à la restructuration des zones minières, à la délocalisation des entreprises, à l'aide aux initiatives locales pour l'emploi, au développement de la montagne et à l'aménagement rural » :
- le fonds d'intervention pour l'aménagement du territoire (FIAT) ;
- le fonds du groupe interministériel pour la restructuration des zones minières (GIRZOM) ;
- le fonds d'aide à la délocalisation (FAD) ;
- le fonds régionalisé pour les initiatives locales pour l'emploi (FRILE) ;
- le fonds d'intervention pour l'autodéveloppement en montagne (FIAM) ;
- le fonds interministériel de développement et d'aménagement rural (FIDAR).
La fusion de certains fonds a été contestée.
Ainsi, dans son rapport d'enquête sur la section générale du FNADT (1998) 2 ( * ) , l'inspection générale des finances estime que l'intégration du FAD - qui avait pour fonction d'aider les entreprises dans des opérations de transfert d'Ile-de-France vers la province - au FNADT était injustifiée, du fait d'une procédure d'attribution différente. En effet, comme dans le cas de la PAT, les subventions de ce fonds étaient attribuées après décision du comité interministériel d'aide à la localisation des activités (CIALA), et non par le comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT). Ce problème a depuis été résolu, la circulaire du 9 novembre 2000 prévoyant que la section générale prend en charge les actions précédemment financées par le FAD.
De même, on a pu s'interroger sur la pertinence de la fusion du FIAM au sein du FNADT. Selon le rapport d'évaluation de la politique de la montagne du conseil national de l'évaluation et du commissariat général du Plan (1999) 3 ( * ) , « les résultats obtenus au moyen du FIAM (...) plaident pour son individualisation claire au sein du FNADT, voire pour sa refondation au niveau national ». Par ailleurs, le récent rapport de la mission commune d'information du Sénat sur la politique de la montagne (2002) 4 ( * ) recommande d' « envisager le regroupement dans un fonds spécialisé de l'ensemble des crédits du FNADT en faveur des massifs ».
B. LES COMITÉS INTERMINISTÉRIELS D'AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE
Le décret n° 95-414 du 19 avril 1995 5 ( * ) a institué auprès du Premier ministre un comité interministériel de l'aménagement et du développement du territoire (CIADT).
Ce comité est chargé d'examiner les questions relatives à l'aménagement et au développement du territoire, en vue de préparer les décisions du gouvernement.
Il assure la gestion du FNADT. Il définit les orientations relatives à l'emploi de ce fonds, et arrête les décisions relatives à l'affectation des crédits de sa section générale.
Il comprend, sous la présidence du Premier ministre, les ministres chargés de l'aménagement du territoire, de l'intérieur, des collectivités locales, du budget, de l'économie, de l'agriculture, de l'équipement, des transports, de l'industrie, de l'enseignement supérieur, de la recherche, de la ville, de l'environnement et des départements et territoires d'outre-mer (les autres ministres étant appelés à siéger au comité interministériel pour les affaires relevant de leur compétence).
Le délégué à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, le secrétaire général du gouvernement et le commissaire au Plan participent aux réunions du comité interministériel. Le délégué à l'aménagement du territoire et à l'action régionale en prépare l'ordre du jour, et en met en oeuvre les décisions, et le secrétaire général du gouvernement en assure le secrétariat.
Depuis 1995, année de création du FNADT, se sont tenus dix CIADT, indiqués par l'encadré ci-après.
Les dix comités interministériels de l'aménagement et du développement du territoire
CIADT de Mende du 10 avril 1997 :
- avant- projet de schéma national d'aménagement du territoire
- déploiement des nouvelles technologies de l'information
- création du fonds national de développement des entreprises
- mesures concernant les délocalisations et les services publics
- mesures concernant la préfiguration des pays
CIADT du 15 décembre 1997 :
- orientations sur la politique d'aménagement du territoire et la réforme de la LOADT
- premières orientations sur les futurs contrats de plan
- réforme des outils (fonds structurels, FNADT,PAT)
- mesures territoriales pour les zones en conversion : Brest-Lorient, Cherbourg, Loire, Tulle, Longwy
- programmes de développement durable : plan massif central, pays basque
CIADT du 15 décembre 1998
- orientations pour les schémas de services collectifs, les CPER et les fonds européens
- nouvelle politique d'organisation des services publics
- mesures territoriales pour les zones en conversion : Tarbes, Bourges, Belfort, Alès- Le Vigan, zones textiles des Vosges, haute vallée de l'Aude
- programmes de développement durable : après-mine en Lorraine et Nord-Pas de Calais, programme Saône -Rhin
- grandes aires métropolitaines : Marseille, Basse Seine
CIADT d'Arles du 23 juillet 1999
- mandats de négociation aux préfets pour la 1ère enveloppe des CPER
- mesures territoriales pour les zones en conversion : Pau - Lacq, Tonneins -Marmande, Calaisis
- programmes de développement durable : complément au programme Saône -Rhin, plan Loire grandeur nature, mont Saint Michel, Alpes du Nord
- grandes aires métropolitaines : Strasbourg (contrat triennal)
CIADT de Nantes du 28 février 2000
- littoral Atlantique
- avenants tempête et marée noire
CIADT du 18 mai 2000
- avancement des schémas de services collectifs
- clôture de la négociation des CPER
- cadrage financier des avenants tempête et marée noire
- relance de la politique d'implantation des emplois publics
- mesures territoriales pour les zones en conversion : Belfort, Roubaix - Tourcoing, Bourgogne- Sud, Longwy, Tarn, Decazeville, Béarn, Soissons, Tulle, Cherbourg
- grandes aires métropolitaines : Lyon - Saint Etienne, Marseille, Nice -Sophia Antipolis
CIADT du 9 juillet 2001 :
- approbation des schémas de services collectifs
- achèvement de la couverture en téléphonie mobile et déploiement des réseaux à haut débit
- accompagnement des mutations économiques
- relance de la politique du littoral et mesures territoriales spécifiques (estuaire de la Gironde, littoral Languedoc...)
- mesures concernant la modernisation de l'agriculture bretonne
- mesures territoriales en faveur des zones de conversion : Sambre -Avesnois, Vierzon -Salbris, Carcassonne, Tarbes
CIADT du 13 décembre 2002 :
- mesures concernant la valorisation du rôle des grandes villes et de leur réseau urbain ;
- plan d'action pour la couverture des zones blanches et facilitation de la mobilisation des collectivités locales en vue de l'élargissement de l'accès au haut-débit ;
- mesures d'ordre régional (confortation de Strasbourg dans son rôle de capitale européenne, création d'un pôle d'excellence « optique-laser » en Aquitaine, modernisation de l'équipement touristique de la côte Languedoc-Roussillon, renforcement de l'excellence de Toulouse dans les domaines du spatial et des bio-technologies).
CIADT du 26 mai 2003 :
- mise en place de douze
contrats de site permettant d'accompagner, avec les entreprises
concernées, les territoires les plus affectés par
l'évolution des activités, en particulier celles de l'armement
terrestre et du textile-habillement ;
- engagement de GIAT Industries dans un vaste programme de
revitalisation de sept territoires, particulièrement touchés par
la restructuration de l'industrie d'armement ;
- engagement sans
délais des derniers tronçons de l'A89 (Lyon-Balbigny) et la
section Gannat-Vichy (A719).
CIADT du 3 septembre 2003 :
Mesures en faveur du mode rural.
Source : DATAR
* 1 Loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire.
* 2 Rapport d'enquête de Madame Valérie Desmouceaux, inspecteur des finances, sur le fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT) - section générale, février 1998.
* 3 Conseil national de l'évaluation, Commissariat général du plan, L'évaluation de la politique de la montagne, 1999.
* 4 Jean-Paul Amoudry, L'avenir de la montagne : un développement équilibré dans un environnement préservé, rapport d'information n° 15 (2002-2003) fait au nom de la mission commune d'information chargée de dresser un bilan de la politique de la montagne, 9 octobre 2002.
* 5 Décret n° 95-414 du 19 avril 1995 relatif au comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire et pris pour l'application de l'article 33 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire.