3. Quelles sont les conséquences de la dépréciation de l'euro ?

Les simulations réalisées à l'aide de modèles macroéconomiques suggèrent que la dépréciation de l'euro exerce à moyen terme un impact favorable mais limité sur la croissance , et fort sur l'inflation.

Dans son rapport sur les perspectives macroéconomiques 1997-2002, notre regretté collègue Bernard BARBIER a présenté les conclusions d'une simulation, réalisée à l'aide du modèle MIMOSA, de l'impact d'une dépréciation de 10 % de l'euro. Si une telle dépréciation serait bénéfique à court terme (avec une accélération de la croissance de l'ordre de 0,9 point par an les deux premières années), l'impact à moyen terme serait plus nuancé. Au bout de 5 ans, l'impact sur le PIB serait faible (majoration de seulement 0,4 point si la Banque centrale européenne n'augmente pas ses taux pour lutter contre l'inflation importée, et de 0,7 point si elle les augmente de 1 point), celui sur l'inflation étant important (majoration de l'indice des prix de 3,8 points au bout de 5 ans dans le premier cas, de 3,1 points dans le second, ce qui correspond à une inflation annuelle accrue de respectivement 0,8 et 0,6 point).

Impact d'une dépréciation de 10 % de l'euro dans la zone euro

Hypothèse de taux d'intérêt inchangés

Hypothèse d'augmentation de 1 point des taux d'intérêt

Ecart en % à un scénario sans dépréciation

Année

2 ème

5 ème

2 ème

5 ème

PIB

1,9

0,4

0,6

0,7

Prix de la consommation

1,5

3,8

1,3

3,1

Source : Modèle MIMOSA (CEPII-OFCE).

Il est à noter que la plupart des modélisations réalisées sur ce thème aboutissent à des résultats analogues .

4. Quelle sera l'évolution du taux de change de l'euro ?

• Selon la plupart des prévisions, la croissance de la zone euro sera supérieure à la croissance américaine en 2001 . L'euro pourrait alors s'apprécier par rapport au dollar, conformément au mécanisme présenté plus haut.

Toutefois, la plupart des prévisionnistes estiment également que les taux d'intérêt à court et long terme demeureraient supérieurs aux Etats-Unis, ce qui jouerait en sens inverse.

On ne peut donc totalement exclure que l'euro ne se réapprécie pas en l'an 2001.

• Par ailleurs, si les investisseurs continuent d'estimer que la croissance sera sur le long terme plus forte aux Etats-Unis que dans la zone euro, il est possible qu'un différentiel de croissance conjoncturellement plus favorable à la zone euro ne suscite pas de retour de l'euro à sa valeur d'équilibre.

• Inversement, un « atterrissage en catastrophe » (c'est-à-dire un ralentissement brutal) de l'économie des Etats-Unis pourrait susciter une forte dépréciation du dollar par rapport à l'euro.

• A plus long terme on peut s'attendre à ce que les entreprises de la zone euro rapatrient les revenus de leurs investissements directs aux Etats-Unis et réduisent ces derniers, et donc à ce que l'euro s'apprécie.

Toutefois il semble difficile de déterminer quand ce phénomène commencera à jouer.

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