Question de M. BLEUNVEN Yves (Morbihan - UC) publiée le 10/10/2024

Question posée en séance publique le 09/10/2024

M. le président. La parole est à M. Yves Bleunven, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Yves Bleunven. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt. Madame la ministre, permettez-moi avant tout de vous féliciter pour votre récente nomination !

Nous partageons, je crois, la volonté de porter au rang de priorité nationale notre souveraineté alimentaire.

Le contexte difficile actuel suscite une immense attente du monde agricole, qui demande, vous le savez, une reprise rapide des débats sur la future loi d'orientation agricole.

Aujourd'hui, c'est particulièrement de la filière volaille que je souhaite vous parler, parce qu'elle est emblématique de l'abandon, en France, de notre souveraineté alimentaire.

La Cour des comptes a publié en septembre dernier un rapport alarmant sur l'aviculture française. Elle nous dit deux choses.

D'une part, la consommation de la viande de volaille progresse dans notre pays depuis une vingtaine d'années ; celle-ci est en passe de devenir la viande préférée des Français.

D'autre part, de façon paradoxale, la filière avicole française n'a jamais été aussi peu compétitive. Les chiffres sont vertigineux : nous importons aujourd'hui la moitié des volailles consommées sur notre territoire.

La filière est sous tension : elle connaît une instabilité sanitaire, avec l'influenza aviaire ; elle subit un déferlement de poulets ukrainiens, sans d'ailleurs que le consommateur puisse connaître l'origine de la viande présente dans les produits transformés ; enfin, elle est la cible systématique d'associations qui, sous un vernis de défense de l'environnement ou, prétendument, du bien-être animal, utilisent le contentieux juridique pour bloquer les projets de créations d'élevage.

Madame la ministre, dans ce contexte, je vous poserai deux questions précises.

Premièrement, comment allez-vous agir concrètement vis-à-vis des importations déloyales et assurer la transparence quant à l'origine des volailles dans nos assiettes ?

Deuxièmement, comment comptez-vous défendre les exploitants contre les activistes anti-élevage ? Comptez-vous redéfinir le prétendu « intérêt à agir » à l'aune de la défense de notre souveraineté alimentaire ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt publiée le 10/10/2024

Réponse apportée en séance publique le 09/10/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt.

Mme Annie Genevard, ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt. Monsieur le sénateur, je vous remercie de votre question, qui porte sur une branche importante de la production agricole de notre pays.

Vous avez souligné que, si les Français aiment manger du poulet, une autre réalité doit être déplorée : 80 % du poulet consommé hors du domicile n'est pas français. Je suis la ministre de l'agriculture, des agriculteurs, mais aussi de la souveraineté alimentaire. Or, de ce point de vue, nous sommes pris en défaut : nous ne consommons pas suffisamment de poulet français.

Vous avez mis en évidence plusieurs éléments. Il est d'abord incontestable que le soutien apporté à l'Ukraine par la levée des droits de douane a eu des effets sur notre filière avicole. Je suis le témoin, dans ma région, de ce vrai problème. C'est pourquoi les accords qui viendront seront nettement moins permissifs en matière d'importation de produits ukrainiens qui portent préjudice à nos filières.

Mais vous avez souligné une autre raison de cette crise. On est unanime à vouloir manger du poulet français, mais on ne veut pas d'élevage de poulets près de chez soi ! C'est une vraie contradiction, qu'il nous faudra résoudre. Dans bien des régions, il est impossible d'ouvrir de nouveaux élevages, en raison de réactions du voisinage ou des associations environnementales, qui craignent les élevages de poulets dès lors qu'il s'agit d'élevages couverts : on les considère comme intensifs alors que tel n'est pas toujours le cas.

Vous avez fait allusion à des associations qui ont fait de l'intrusion dans les bâtiments d'élevage leur marque de fabrique. Il faut être très clair : l'intrusion dans un lieu privé est condamnable.

Tous ces éléments expliquent la réalité très contrastée que nous observons. Cela étant dit, je tiens à faire remarquer que, malgré la résurgence de cinq foyers de grippe aviaire, la situation sanitaire est tout de même bien maîtrisée aujourd'hui, grâce notamment aux efforts des éleveurs.

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