Question de Mme SCHILLINGER Patricia (Haut-Rhin - RDPI) publiée le 01/05/2024

Question posée en séance publique le 30/04/2024

M. le président. La parole est à Mme Patricia Schillinger, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Mme Patricia Schillinger. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Madame la ministre, ces derniers jours, des groupes d'étudiants et de militants ont manifesté dans l'enceinte de Sciences Po ou aux abords de la Sorbonne, en soutien à la Palestine. Ces protestations ont entraîné des blocages, ainsi que plusieurs occupations de sites universitaires, avec le seul et unique objectif de contester, non de dialoguer.

Un retour au calme était nécessaire, alors que les étudiants passent des examens dans quinze jours. Les cours ayant repris hier, je tiens à saluer l'engagement du Gouvernement, qui a permis aux élèves de reprendre le travail.

Si ce mouvement a pour le moment été circonscrit à quelques campus, il faut nous interroger sur les causes de ces manifestations, ainsi que sur la méthode employée par ces groupes, qui n'ont de cesse de mettre la pression sur les autorités en recourant à des procédés discutables.

L'université est un lieu essentiel pour la construction intellectuelle des jeunes et le développement de leur pensée critique. En son sein, il est donc possible de discuter, d'argumenter, d'être en désaccord, de faire valoir ses idées et d'en débattre, et même - qui sait ? - de changer d'avis.

M. François Bonhomme. Pas quand tout est bloqué !

Mme Patricia Schillinger. Pour autant, il est inacceptable de voir des groupes minoritaires tenter de bâillonner et d'exclure de leurs réunions des personnes ayant des opinions différentes des leurs.

Aidés de leurs soutiens politiques de La France insoumise, lesquels sont venus les saluer pour attiser les flammes de la haine et de l'intolérance, certains manifestants se sont permis de stigmatiser une partie des étudiants. Dans un pays qui a érigé la liberté d'expression en liberté fondamentale, ce n'est pas tolérable !

Ma question, madame la ministre, est donc la suivante : au-delà des mouvements de ces dernières semaines sur les campus de Sciences Po, comment accompagner les universités pour que ces dernières restent des lieux d'apprentissage, de partage des opinions et de débat et ne deviennent pas des espaces de censure ou le lieu d'une pensée unique, comme certains le souhaitent ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe RDSE.)

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 01/05/2024

Réponse apportée en séance publique le 30/04/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la sénatrice Patricia Schillinger, comme vous l'avez dit, nous devons garantir à nos étudiants, non seulement de bonnes et sereines conditions d'études, comme il en existe dans nos écoles et nos universités, mais aussi le respect d'un cadre à la fois démocratique et républicain.

M. François Bonhomme. C'est raté !

Mme Sylvie Retailleau, ministre. Ma position, qui est également celle de M. le Premier ministre, est simple et très claire : oui au débat quand il est respectueux et se déroule dans un cadre républicain ; non, toujours non, au blocage ! Je tenais à le redire.

Je regrette comme vous que certains irresponsables soufflent sur les braises et instrumentalisent le conflit israélo-palestinien. Ils utilisent les étudiants en appelant au soulèvement, ce qui est très grave. Je crois que nous devrions tous le condamner fermement.

L'outrance et la surenchère ne font pas de bien à notre démocratie. Cela suffit !

M. Roger Karoutchi. Avec ce genre de propos, nous ne sommes guère avancés !

Mme Sylvie Retailleau, ministre. Il faut que tout cela cesse.

On a comparé un président d'université à un nazi. Aussi ai-je porté plainte pour injure publique à un agent public.

Vous m'interrogez sur notre capacité à rétablir un environnement favorable à la fois aux études et au débat d'idées, y compris contradictoire, dans nos établissements. Cette exigence est aussi la mienne.

Aussi, au regard du contexte actuel, j'ai souhaité réunir rapidement les présidents d'université. Jeudi prochain, je les rassemblerai pour que chacun puisse exprimer ses positions et, surtout, pour que nous réfléchissions à l'élaboration de mesures concrètes selon un calendrier que nous fixerons.

Nous appelons tous de nos voeux la préservation de la construction et de la transmission des savoirs comme mission première de nos universités, ainsi que le maintien d'un cadre propice aux études et à un débat serein, dans le respect de la loi et des règlements intérieurs des campus.

M. Roger Karoutchi. Ce n'est pas le cas !

Mme Sylvie Retailleau, ministre. Les personnels, les étudiants de nos universités et de nos écoles méritent de travailler et d'étudier dans de bonnes conditions. Nous ne transigerons pas sur ce point, fidèles à la ligne que nous avons toujours appliquée, et cela dans le respect du cadre républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - Marques de scepticisme sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. François Bonhomme. Paroles...

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