Question de Mme DESEYNE Chantal (Eure-et-Loir - Les Républicains) publiée le 09/12/2021

Mme Chantal Deseyne attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation concernant les phénomènes d'augmentation de prix qui pèsent sur notre agriculture et qui concernent le coût des carburants pour les véhicules, ou du gaz pour les opérations de séchage (quand la fin des pénuries autorise les approvisionnements) ou encore l'inflation supérieure à 300 % au cours des derniers mois des engrais azotés.

Si le sujet a déjà très largement été évoqué pour ce qui concerne le coût des énergies, elle attire son attention sur les marges de manœuvre offertes concernant le coût des engrais, à travers la levée des droits à l'importation et des taxes douanières antidumping.

Selon la chambre d'agriculture du département d'Eure-et-Loir, l'impact économique actuel des présentes augmentations de prix s'évalue à 40 000 euros par exploitation.

Aussi, elle souhaiterait connaître les intentions du Gouvernement afin de ne pas laisser nos agriculteurs se trouver face à de nouvelles difficultés qui ne manqueraient pas d'avoir des répercussions sur le pouvoir d'achat des consommateurs et sur notre compétitivité agricole.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 19/01/2022

Réponse apportée en séance publique le 18/01/2022

Mme le président. La parole est à Mme Chantal Deseyne, auteur de la question n° 1987, adressée à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

Mme Chantal Deseyne. Monsieur le ministre, ma question porte sur les phénomènes d'augmentation des prix qui touchent fortement notre agriculture.

Ces augmentations concernent le coût des carburants pour les véhicules, celui du gaz pour les opérations de séchage, quand la fin des pénuries autorise les approvisionnements, mais aussi l'inflation des engrais azotés, qui est supérieure à 300 % au cours des derniers mois.

Le sujet a déjà été largement évoqué pour ce qui concerne le coût des énergies. Par ma question, je souhaite attirer votre attention sur les marges de manœuvre offertes concernant le coût des engrais, au travers de la levée des droits à l'importation et des taxes douanières antidumping.

Selon la chambre d'agriculture du département d'Eure-et-Loir, l'impact économique actuel des augmentations de prix est évalué à 40 000 euros par exploitation.

Monsieur le ministre, au regard des difficultés que rencontrent nos agriculteurs, quelles sont les intentions du Gouvernement, afin de ne pas les laisser face à de nouvelles difficultés qui ne manqueraient pas d'avoir des répercussions sur le pouvoir d'achat des consommateurs et sur notre compétitivité agricole ?

Mme le président. La parole est à M. le ministre.

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Madame Chantal Deseyne, la crise des engrais a un impact considérable sur la sécurité alimentaire mondiale. Elle permet de rappeler à chacun que le rôle premier de l'agriculture est un rôle nourricier. Or il existe une corrélation directe entre les engrais et la production alimentaire.

J'ai saisi récemment l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) sur ce sujet, qui est à mes yeux incroyablement stratégique.

Je distingue trois sujets, dont le premier est celui des coûts. Vous l'avez dit, la France a œuvré, et continue d'œuvrer, au niveau européen, en faveur de la suspension des droits ad valorem. Avant de devenir président du Conseil des ministres de l'agriculture de l'Union européenne, j'ai fait valoir cette demande auprès de la Commission européenne. Elle est toujours en cours de discussion.

Le deuxième sujet est celui de la disponibilité. Nous avons organisé avec la filière et les producteurs des voies et moyens pour nous assurer de la disponibilité en engrais. Nous avons des unités de production en France, pas pour tous les types d'engrais – je n'entrerai pas dans le détail –, à la différence d'ailleurs d'autres pays européens.

Le troisième sujet est celui de la logistique. En effet, une fois qu'on s'est assuré de la disponibilité, il faut s'assurer de la logistique, afin d'éviter certains moments de tension, qui font l'objet d'un suivi très particulier par le ministère de l'agriculture et celui des transports, en lien avec les professionnels.

Il convient donc de se battre sur ces trois fronts : le prix et la taxation dite ad valorem, la disponibilité et la logistique. Il s'agit d'un sujet fondamental. En effet, les engrais, qui doivent bien évidemment faire l'objet d'une utilisation raisonnée, permettent à la plante de se nourrir. Il existe donc une corrélation directe entre les engrais et le niveau de production.

Mme le président. La parole est à Mme Chantal Deseyne, pour la réplique.

Mme Chantal Deseyne. Monsieur le ministre, je sais que vous connaissez parfaitement toutes ces questions. Effectivement, l'engrais est important. Il nourrit la plante, ce qui garantit sa qualité. L'agriculture, quel que soit d'ailleurs le type d'agriculture, rencontrant des situations difficiles, je me permets de réitérer ma question : comment intervenir pour que les coûts soient plus abordables ?

Les marchés des céréales et de l'azote sont des marchés parallèles, mais dont les écarts sont énormes. Ainsi les agriculteurs appréhendent-ils l'année à venir et la récolte à venir. Si certains ont pu bénéficier en 2021 de prix élevés, ils ne sont pas assurés de connaître, l'année prochaine, les mêmes conditions.

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