Question de M. GAY Fabien (Seine-Saint-Denis - CRCE) publiée le 28/10/2021
Question posée en séance publique le 27/10/2021
M. le président. La parole est M. Fabien Gay, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE.)
M. Fabien Gay. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, le 5 octobre dernier, la jeune Dinah, 14 ans, s'est suicidée. Nous adressons toute notre solidarité à sa famille ainsi que nos plus sincères condoléances. Un enfant qui se donne la mort, c'est un drame pour la République et c'est un échec collectif.
Nous devons faire en sorte que de tels drames ne se reproduisent pas.
Dinah était à un âge où l'on quitte l'enfance, où les projets et les rêves d'avenir se construisent, un âge où la socialisation est fondamentale ; un âge où, pour ces raisons mêmes, l'on est particulièrement fragile.
Il appartient au parquet de Mulhouse d'apporter des réponses quant à la responsabilité de ce drame, mais il semble que Dinah ait été victime de harcèlement scolaire. Aujourd'hui, plus de 700 000 élèves sont susceptibles de subir cela. On sait l'extrême difficulté, pour ces victimes, de parler, de peur d'être incompris, ou de devoir subir des représailles. Elles doivent être accompagnées et trouver une oreille attentive.
Le lancement, sur votre initiative, du programme pHARe de lutte contre le harcèlement à l'école porte-t-il de premiers résultats ? Ce programme sera-t-il suffisant ? Il nous semble également vital d'enrayer la disparition progressive des personnels médico-sociaux des établissements.
Je ne peux parler ici de ce sujet difficile, très délicat, teinté d'une émotion forte, sans évoquer les raisons de ces violences. Celles-ci sont sans doute multiples et complexes, mais je ne peux m'empêcher de m'interroger : la banalisation, voire l'acceptation, des discours de haine, d'intolérance et de racisme, particulièrement dans l'arène politico-médiatique, déteint partout, y compris à l'école. Ces problèmes se posent également sur les réseaux sociaux, lesquels, on le sait, ne font guère d'effort pour les modérer.
Ce n'est pas une fatalité ; il nous appartient, collectivement, de prendre nos responsabilités.
L'éducation de nos enfants, leur émancipation dans de bonnes conditions, est fondamentale ; ils sont notre avenir et l'avenir de notre pays. (Applaudissements des travées du groupe CRCE jusqu'à celles du groupe Les Républicains.)
Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 28/10/2021
Réponse apportée en séance publique le 27/10/2021
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Fabien Gay, je vous remercie de votre question et je salue la dignité avec laquelle vous l'avez formulée.
Ce sujet, en effet très grave, nous renvoie à quelque chose qui est devenu structurel : le suicide adolescent de façon générale et les enjeux liés au harcèlement.
S'agissant de l'affaire qui nous occupe, c'est-à-dire le suicide de Dinah, il faut en effet attendre de savoir ce qui sera établi.
D'une manière plus générale, notre stratégie sur le sujet doit être détaillée. Le point le plus important est la prévention. Celle-ci suppose une mobilisation de tous les adultes vous l'avez très bien dit et je souscris totalement à la conclusion de votre question , parce que nous sommes tous responsables du climat que nous avons créé dans la société. Nous parler entre nous de façon apaisée, c'est aussi une façon de contribuer à la résolution de ce problème.
Le monde adulte donne l'exemple, mais il doit aussi être formé. C'est pour cela que la formation des professeurs, initiale comme continue, est essentielle. Depuis la loi pour une école de la confiance, nous avons systématisé la prévention du harcèlement dans la formation initiale, nous le faisons maintenant dans la formation continue ; c'est l'enjeu du programme pHARe que vous avez cité, parmi d'autres.
Il faut aussi former les élèves. Cela renvoie à beaucoup d'enjeux, mais le programme pHARe prévoit aussi la formation d'élèves qui seront des ambassadeurs contre le harcèlement dans leur établissement.
Vous m'avez demandé si cela marchait. La généralisation de ce dispositif date de cette rentrée, mais il y a eu une expérimentation dès l'année dernière, dont les premiers résultats sont très encourageants. Rappelons que ce programme a été conçu en s'inspirant notamment des pays scandinaves et des meilleures pratiques mondiales.
Il comporte donc plusieurs volets. Pour ce qui concerne les élèves, d'une part, et les professeurs, d'autre part, la formation est efficace. C'est toutefois surtout le cas s'agissant de la lutte contre le harcèlement. Nous devons être plus efficaces contre le cyberharcèlement. Je serai amené à m'exprimer de nouveau sur ce point.
Il s'agit donc d'une stratégie comportant plusieurs volets. Je suis ouvert à toutes les propositions pour aller plus loin dans cette cause essentielle. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP.)
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