Question de Mme BLATRIX CONTAT Florence (Ain - SER) publiée le 14/01/2021

Question posée en séance publique le 13/01/2021

M. le président. La parole est à Mme Florence Blatrix Contat, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Florence Blatrix Contat. Monsieur le président, madame la ministre chargée de l'industrie, mes chers collègues, la crise sanitaire a souligné la défaillance de notre appareil productif dans des secteurs cruciaux de notre économie. Je pense en particulier à la pénurie de masques, de gants ou de matériel pour les professionnels de santé au début de la pandémie.

Les chiffres de l'année 2020 sont édifiants : 30 plans de licenciements par semaine en octobre, près de 1 million de suppressions d'emplois, 657 plans de licenciements entre le 1er mars et le 22 novembre. Mais le pire reste à venir ! Nous savons que, avec cette crise, le mouvement de délocalisation va encore s'accentuer et entraîner des suppressions d'emplois massives.

Nous attendons un véritable « bain de sang », pour reprendre une expression de Patrick Artus, auditionné ce matin par la commission des affaires économique. Pourtant, des milliards d'euros ont été versés aux entreprises à travers des plans de soutien, sans aucune contrepartie en termes de maintien de l'emploi, de reconversion ou de formation professionnelle.

Un grand groupe comme Michelin, qui a pourtant la capacité de mieux résister pendant la crise, rationalise sa production et ajoute encore au malheur, en annonçant la suppression en France de 2 300 emplois.

Un autre grand groupe, General Electric, qui s'était engagé à créer un millier d'emplois en France, a annoncé en septembre dernier un plan de restructuration menaçant près de 800 emplois. Comble du cynisme, son PDG s'octroie un bonus de 47 millions de dollars en récompense d'une gestion purement actionnariale et financière, qui a entraîné en plusieurs décennies des dizaines de milliers de suppressions d'emplois.

Face à ce constat, notre pays a besoin d'un État stratège qui se dote de véritables outils de planification pour réduire notre dépendance industrielle.

Madame la ministre, quelle est votre feuille de route nationale et européenne pour assurer notre souveraineté industrielle et retrouver nos emplois ? En particulier, quelle est votre stratégie concernant l'avenir des chantiers de l'Atlantique ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie publiée le 14/01/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/01/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'industrie.

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie. Madame la sénatrice Blatrix Contat, vous avez posé de nombreuses questions, et je vais essayer d'y répondre au mieux. Je vous remercie d'éclairer l'enjeu de l'industrie et je me réjouis de voir qu'il est très largement partagé sur ces travées.

Depuis le début du quinquennat, le Président de la République a fait de la reconquête industrielle un de ses marqueurs économiques. Il était temps ! La France a en effet détruit un million d'emplois industriels entre 2000 et 2016.

Je rappelle que nous avons recréé de l'emploi industriel en 2017, 2018 et 2019. Ces créations d'emplois ne sont pas le fruit du hasard. Elles résultent de politiques déterminées et efficaces en matière de fiscalité, de droit du travail, de simplification administrative et d'innovation, pour ne citer que ces quelques chapitres. Ces politiques sont aujourd'hui poursuivies et renforcées au travers du plan de relance. Nous avons voulu, avec le Président de la République, le Premier ministre et Bruno Le Maire, faire de l'industrie l'une des priorités du plan de relance : sur 100 milliards d'euros, 35 milliards d'euros y sont consacrés. Et évidemment, madame la sénatrice, des contreparties sont prévues.

Lorsque nous baissons les impôts de production, nous facilitons l'investissement des entreprises qui produisent, emploient des salariés et investissent en France. Nous n'accompagnons pas les délocalisations, car une entreprise qui délocalise ne paye pas d'impôts de production.

Nous accompagnons également la modernisation des entreprises et la relocalisation de la production. En trois mois, 800 entreprises industrielles ont été accompagnées à hauteur de 800 millions d'euros pour financer des projets concrets, avec l'obligation de rembourser si elles ne les exécutent pas. Nous allons également accompagner 6 500 entreprises dans la numérisation de leur production.

C'est ainsi, en agissant concrètement pour les entreprises industrielles et leurs salariés, que nous défendrons et recréerons les emplois industriels.

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