Question de M. RAVIER Stéphane (Bouches-du-Rhône - NI) publiée le 19/12/2019

Question posée en séance publique le 18/12/2019

M. Stéphane Ravier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur, aujourd'hui absent.

La calamiteuse gestion de l'équipe Gaudin a entraîné la création d'un véritable pont aérien entre les ministères parisiens et la ville de Marseille : après Julien Denormandie pour l'habitat, Jean-Michel Blanquer pour les écoles, c'est accompagné de Mme Belloubet et de M. Darmanin que vous êtes venu, monsieur le ministre, au mois de septembre. Il ne manquait plus à cette caravane humanitaire que Bernard Kouchner avec son sac de riz sur le dos ! (M. Bruno Sido s'esclaffe.) Votre venue dans notre belle cité phocéenne était motivée par la présentation en grande pompe de votre plan antidrogue.

Les caméras éteintes, vous êtes rentré à Paris, et la vie, ou plutôt la mort, a repris ses droits, avec deux nouvelles victimes à l'occasion de règlements de compte.

Dans ce fameux plan, la mesure phare était une application de géolocalisation des dealers. Or il aurait suffi d'accompagner dans ces cités, comme je l'ai fait moi-même, une patrouille de la BST ou de la BAC, ou même La Poste, les télécoms ou EDF, voire d'interroger le boulanger du coin – s'il n'a pas fui –, pour constater que tout le monde connaît les points de deals et même le nom des trafiquants.

Marseille est gangrénée par les mafias. Elles ont contaminé des pans entiers de l'économie légale. L'argent abondant et facile aveugle des gamins, dont beaucoup trop de mères finissent par verser des larmes de sang. Des cités entières sont sous la coupe de crapules, et ce sont les honnêtes gens, prisonniers des trafics, qui se retrouvent cloîtrés, barricadés, incarcérés chez eux !

Pour s'attaquer au deal, il faut s'attaquer à l'argent qu'il génère. Il faut mettre les trafiquants sur la paille, en les empêchant de bénéficier du fruit pourri de leur business. Combien d'entre eux sont propriétaires de restaurants toujours vides, d'épiceries de nuit toujours désertes, de kebabs ou de boutiques de téléphonie mobile, alors qu'ils ne déclarent aucun revenu ? Il est là le point sur lequel vous devez porter le fer.

Monsieur le ministre, la guerre contre la drogue doit être totale. Pour la mener, les États-Unis ont mis 16 milliards de dollars sur la table en 1998, soit pas moins de 60 dollars par habitant.


M. le président. Votre question !


M. Stéphane Ravier. Ma question est la suivante : allez-vous enfin accorder 60 euros par Marseillais et donner des moyens importants à la police pour lutter efficacement contre ce fléau, qui met en danger les fondements mêmes de la deuxième ville de France ? (Mme Claudine Kauffmann applaudit.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'intérieur publiée le 19/12/2019

Réponse apportée en séance publique le 18/12/2019

M. Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, vous évoquez la lutte contre le trafic de stupéfiants, plus précisément à Marseille.

Vous ne pouvez pas ignorer que, depuis avril 2015, un dispositif de pilotage renforcé contre le trafic de stupéfiants, qui associe tous les services de police, a été mis en place à Marseille. Bientôt, la gendarmerie et la douane s'y joindront. Il s'agit d'échanger des renseignements, de définir en commun des objectifs et de démanteler des réseaux.

Vous ne pouvez pas non plus ignorer que cette politique a porté ses fruits : 260 réseaux ont été démantelés en quatre ans et demi et 9 millions d'euros d'avoirs criminels ont été saisis.

Par vos propos, vous semblez ignorer cette évidence : nous nous attaquons aux portefeuilles des dealers. Croyez-vous que nous vous ayons attendu pour le faire ?

D'année en année, le nombre de réseaux démantelés est plus important. En 2018, 70 réseaux ont été démantelés en profondeur à Marseille. Au 30 novembre de cette année, nous en étions à 84. Les Marseillais voient cette action en profondeur de démantèlement des réseaux. C'est la seule qui soit efficace.

Des poursuites ont été menées au niveau financier, puisque, je le répète, 9 millions d'euros ont été saisis. Des actions sont également mises en œuvre sur la voie publique. Marseille reste une priorité pour le Gouvernement. Nous avons des effectifs qui patrouillent, notamment des BST, que vous avez accompagnées, et des BAC.

Ce matin même – n'y voyez pas une action planifiée –, une opération a été menée à la cité de la Castellane. Elle a permis de nettoyer des épaves et des points de vente. Vous le savez forcément, dans votre circonscription, dans le XIVe arrondissement, aux Flamants, un peu avant l'été, plus de 500 kilos de cannabis ont été saisis.

Nous sommes totalement mobilisés pour lutter contre le trafic de stupéfiants à Marseille. Les résultats que nous avons obtenus sont tellement efficaces que cette politique sera généralisée à l'ensemble du territoire national. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM, ainsi que sur des travées des groupes RDSE et UC. – M. Bruno Sido applaudit également.)

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