Question de M. CABANEL Henri (Hérault - RDSE) publiée le 07/06/2019

Question posée en séance publique le 06/06/2019

M. Henri Cabanel. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

Le 1er juin, les prix de l'électricité ont augmenté de près de 6 %. Cette augmentation considérable devrait encore être amplifiée en août prochain. Pour un foyer qui se chauffe à l'électricité et dépense annuellement en moyenne 1 500 euros, cette hausse représentera un surcoût de près de 90 euros.

Vous avez annoncé que la formule de fixation du prix de l'électricité serait revue à l'occasion de l'examen du projet de loi sur l'énergie, qui doit intervenir dans les prochaines semaines. Mais derrière la révision d'une formule technique, il y a d'abord une volonté politique. Elle consiste à donner des instructions pour aller dans un sens ou dans un autre afin de protéger certains plutôt que d'autres.

Plusieurs associations de consommateurs ont mis en évidence que cette hausse est deux fois supérieure à l'augmentation des coûts d'EDF, qui s'élève à 3 %, le surplus de hausse servant à favoriser la bonne santé des concurrents d'EDF. L'Autorité de la concurrence avait d'ailleurs rendu un avis défavorable à la proposition de la Commission de régulation de l'énergie en soulignant les fragilités juridiques.

Lors de l'examen du projet de loi que j'évoquais, nous discuterons pour savoir ce qui doit justifier le coût de l'électricité. Nous trancherons sur ce qui doit être consacré à la transition énergétique, laquelle suscite beaucoup d'attentes chez nos concitoyens. Nous discuterons aussi du coût du nucléaire, sachant que l'entretien et la sécurité des centrales ne sont pas négociables.

Alors que, dans quelques jours, nous débattrons d'une proposition de loi sur la question de la précarité énergétique, je crois pouvoir dire que nous serons attentifs à ce que ce ne soient pas que les plus modestes qui paient. Or ceux-ci sont particulièrement exposés. En effet, leurs logements sont mal isolés et les taxes qui pèsent pour un tiers sur le prix de l'électricité sont également soumises à la TVA, impôt particulièrement injuste, car il frappe sans distinction toutes les classes de la société.

Le Gouvernement va-t-il donner pour instruction de modifier la formule du prix de l'électricité afin de protéger les ménages des hausses intempestives ? (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

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Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 07/06/2019

Réponse apportée en séance publique le 06/06/2019

M. François de Rugy, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur le sénateur Cabanel, vous le savez – vous l'avez d'ailleurs redit –, le mode de calcul des tarifs régulés de l'électricité n'est pas la décision directe du Gouvernement. Fruit d'une disposition législative votée en 2010 au Parlement et confirmée en 2015, il est, disons-le, un compromis entre l'opérateur historique, EDF, et l'ouverture à la concurrence.

M. Ladislas Poniatowski. On peut la changer !

M. François de Rugy, ministre d'État. Ce mode de calcul tient bien sûr compte des coûts de production.

Le principe du tarif régulé veut que les prix payés par ceux qui souscrivent des contrats d'électricité au tarif régulé ne soient pas plus élevés que les coûts de production. Cela intègre, bien sûr, les coûts de l'électricité vendue en gros sur le marché, qui ont beaucoup augmenté ces deux dernières années, ce qui explique principalement cette hausse.

Il y a un levier, vous en avez parlé, il s'agit du tarif de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique, l'Arenh, avec un prix garanti de 42 euros le mégawattheure, même si EDF demande qu'il soit revalorisé à la hausse. Eh bien, c'est cet accès qui offre une maîtrise des prix et évite de suivre totalement les variations du marché.

Le texte Énergie-climat contient en effet un article de loi qui permettra de se prononcer sur la possibilité d'offrir un accès plus large à cette électricité à un coût maîtrisé, qui est celui de l'Arenh. Il revient maintenant au débat parlementaire de définir les orientations.

Par ailleurs, vous le savez, nous avons pris des mesures d'urgence en refusant d'augmenter le tarif de l'électricité durant l'hiver pour préserver les gens qui se chauffent à l'électricité. Nous avons augmenté le montant et le nombre des bénéficiaires du chèque énergie pour aider les plus modestes à payer leurs factures d'énergie. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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