Question de M. ANTISTE Maurice (Martinique - SOCR) publiée le 09/05/2019
M. Maurice Antiste appelle l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la progression de la maladie du diabète, notamment en France et dans ses territoires d'Outre-mer.
Quatrième cause de mortalité en Europe, le diabète touche 415 millions de personnes dans le monde d'après la fédération internationale du diabète. Celle-ci qualifie le phénomène de véritable pandémie et la lutte contre cette pathologie constitue un véritable enjeu de société et de santé publique. Car sa progression est considérable, et l'OMS prévoit 622 millions de diabétiques d'ici 2040.
Le diabète est également à l'origine du décès d'1,5 million de personnes dans le monde, dont 34 000 en France. Ce nombre ne cesse d'ailleurs d'augmenter chaque année : la progression de cette pathologie était de l'ordre de 2,8 % entre 2014 et 2015. Aujourd'hui, près de quatre millions de personnes en France sont touchées : si 5,4 % de la population sont traités pharmacologiquement pour un diabète, (ce qui équivaut à 3,7 millions de personnes), 500 000 à 800 000 diabétiques s'ignorent.
À la Martinique le nombre de diabétiques est d'environ 40 000, et chaque année les services de santé enregistrent 1 200 nouveaux cas. La prévalence du diabète traité, de l'ordre de 7,4 % en population générale, est deux fois plus élevée que la moyenne nationale. La Martinique est par conséquent, avec la Guadeloupe, le département français où le problème du surpoids et de l'obésité est le plus aigu. Ils ne sont pas à considérer seulement sur le plan esthétique, mais ils peuvent aussi être source de sérieuses répercussions sur la santé et sur l'avenir des personnes.
Ainsi, Santé publique France, agence nationale de santé publique, a démontré dans « un bulletin épidémiologique hebdomadaire, consacré principalement au diabète de type 1 de l'enfant », que dans les Antilles françaises, les enfants sont particulièrement atteints. C'est notamment le cas de la Réunion et de la Martinique. Même si ces deux régions ne dépassent pas le taux national (de 18 % pour 100 000 habitants), elles s'en rapprochent dangereusement. Ainsi, la Martinique compte 17,8 % d'enfants diabétiques pour 100 000 habitants et La Réunion 14 % pour 100 000 habitants. En Guadeloupe et en Guyane, les chiffres sont moins élevés (respectivement 12,2 et 3,6 %) mais la situation n'en demeure pas moins préoccupante, Santé Publique France jugeant que le nombre de cas de diabètes (aussi bien nouveau qu'ancien) est « toujours plus élevé ».
Enfin, le diabète entraîne bien souvent de graves complications : en France, 11 737 diabétiques ont été hospitalisés pour un infarctus du myocarde (soit 2,2 fois plus que chez les non-diabétiques), plus de 20 493 personnes ont été hospitalisées pour une plaie du pied (soit cinq fois plus que chez les non-diabétiques), dont 9 000 pour une amputation d'un membre inférieur (neuf fois plus que chez les non-diabétiques). D'ailleurs, l'agence régionale de santé relève que les complications (liées à cette pathologie) sont particulièrement graves et fréquentes en Martinique (insuffisance rénale, amputation des membres inférieurs, cécité, etc.) et la mortalité prématurée par diabète touche plus souvent les hommes. Le diabète constitue à ce titre la première cause d'amputation. En outre, le risque d'accident vasculaire cérébral imposant une hospitalisation est 1,6 fois plus élevé pour les diabétiques que pour les non-diabétiques.
Aussi, il lui demande de bien vouloir lui préciser les mesures envisagées par le Gouvernement afin de lutter efficacement contre le diabète, et plus spécifiquement les actions qui seront menées pour endiguer ce fléau en outre-mer.
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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 19/09/2019
En 2015, en France, 3,3 millions de personnes bénéficiaient d'un traitement médicamenteux du diabète. La prévalence du diabète traité pharmacologiquement est près du double dans les départements d'outre-mer par rapport à la moyenne nationale : entre 7,7% et 10,2%, contre 5% au niveau national. Le diabète de type 2, qui représente plus de 90 % des cas de diabète, est lié à l'évolution des habitudes de vie : activité physique insuffisante et sédentarité, alimentation déséquilibrée, surpoids et obésité. Une vulnérabilité génétique est aussi évoquée, ainsi que des conditions socio-économiques plus défavorables qu'en métropole. Le gouvernement a inscrit la promotion de la santé comme une priorité de la Stratégie nationale de santé 2018-2022. Cet engagement est réaffirmé par les priorités du comité interministériel pour la santé du 25 mars 2019 : la santé par l'alimentation, la santé par l'activité physique et sportive, prévenir et prendre en charge l'obésité. Ces trois dimensions sont essentielles dans la prévention et la prise en charge du diabète. Diverses stratégies sont mises en uvre : information et éducation en direction des individus et amélioration de l'environnement afin de rendre le choix en santé plus facile pour chacun. Le Plan national de santé publique « Priorité prévention » prévoit des mesures tout au long de la vie. Pour les plus jeunes, il s'agit de généraliser le parcours éducatif de santé, dont ses volets alimentation et activité physique, d'actualiser les règles qui encadrent la composition des menus en restauration scolaire. Il s'agit aussi de promouvoir une alimentation favorable pour la santé dans les médias audiovisuels. Pour les adultes de 25-65 ans, il s'agit de promouvoir la mise sur le marché d'une offre d'aliments transformés de qualité nutritionnelle améliorée, de renforcer l'information des consommateurs par le déploiement du système d'étiquetage Nutriscore, de mettre en place 500 maisons sport santé. Dans le milieu du travail, il s'agit de lutter contre la sédentarité au travail. Pour les personnes âgées, il est prévu d'offrir une session de préparation à la retraite, dont la connaissance des ressources de proximité (activité physique et sportive, nutrition). En termes de prévention ciblée, le programme « Dites non au diabète » financé par la caisse nationale d'assurance maladie expérimente à l'échelle de trois départements (La Réunion, le Bas-Rhin et la Seine Saint-Denis) une intervention destinée aux personnes à risque élevé de diabète de type 2. Le Plan Priorité prévention prévoit aussi de développer des actions de repérage et de prévention qui incluent le diabète et ses déterminants comme l'obésité. La prescription médicale de l'activité physique, introduite en 2016 par la loi de modernisation de notre système de santé, consacre la diversification des approches thérapeutiques. La Haute autorité de santé (HAS) a publié ses recommandations en la matière, dont une pour les patients diabétiques de type 2. Concernant plus spécifiquement les Outre-mer, la stratégie nationale de santé a défini deux objectifs contribuant à réduire l'incidence du diabète de type 2 et ses complications. Il s'agit de : - renforcer le développement des actions de prévention et d'information en liaison notamment avec les services de l'Education nationale, de l'agriculture, des sports et de la cohésion sociale ; - appliquer la réglementation en matière de limitation de la teneur en sucres. Plusieurs expérimentations pilotées au niveau national (programmes « Dites non au diabète » chez l'adulte à risque élevé, « Mission : retrouve ton cap » chez les enfants de 3 à 8 ans à risque d'obésité) impliquent un territoire ultra-marin, La Réunion. Pour ce qui concerne l'obésité, le plan Priorité prévention prévoit d'améliorer la lisibilité de l'offre sur les territoires d'outre-mer et l'information des personnes obèses. En Martinique, le Projet régional de santé 2018-2022 de l'agence régionale de santé Martinique identifie l'enjeu du surpoids et de l'obésité et leurs incidences sur les maladies chroniques pour améliorer l'état de santé de la population, avec un objectif à 10 ans de diminution de l'incidence du diabète.
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