Question de Mme FÉRET Corinne (Calvados - SOCR) publiée le 08/03/2019
Question posée en séance publique le 07/03/2019
Mme Corinne Féret. Ma question s'adressait à Mme la ministre du travail.
La crise sociale profonde que traverse notre pays ces derniers mois jette une lumière crue sur l'ampleur et l'aggravation des inégalités dans notre société. Et il suffit d'observer les cortèges qui défilent dans nos rues pour constater que les femmes sont particulièrement frappées par cette précarité.
En cette veille de 8 mars, Journée internationale des femmes, il est impossible de ne pas s'indigner du fait que l'égalité des chances, qui est tant recherchée, ne s'opère pas avec la même force, que l'on soit un homme ou une femme.
Les chiffres sont têtus, ils sont même implacables et il faut les répéter : aujourd'hui, en France, à poste égal, une femme touchera en moyenne 9 % de salaire de moins qu'un homme et, sur l'ensemble de sa carrière, son salaire sera même inférieur de 25 % à celui d'un homme.
Nous sommes je le sais unanimes pour condamner une telle inégalité, mais où sont les actes ? La ministre du travail a créé un index de l'égalité entre les femmes et les hommes, qui attribue aux entreprises de plus de 1 000 salariés une note.
Si l'intention est louable, nous ne pouvons que regretter le manque d'ambition de cette mesure. Pourquoi la limiter aux grandes entreprises, quand plus de 48 % de l'emploi salarié se trouve dans les PME ? Surtout, comment croire en cet indicateur, si les entreprises s'évaluent elles-mêmes ? Je rappelle en outre qu'au 1er mars seule la moitié des entreprises s'est pliée à cette obligation
L'indispensable lutte contre les inégalités ne peut se réduire à un tableau de chiffres. Elle doit passer par une politique volontariste et coercitive, sanctionnant les discriminations avec la plus grande sévérité.
Nous ne pouvons plus accepter que, comme le démontre une étude publiée par le ministère du travail l'année dernière, 62 % des femmes aient connu ou connaîtront la précarité professionnelle au cours de leur carrière contre seulement 32 % des hommes.
Mme la présidente. Veuillez poser votre question, ma chère collègue !
Mme Corinne Féret. Alors que le Président de la République a déclaré que l'égalité entre les femmes et les hommes devait être une grande cause de son quinquennat, quelle est la réalité ?
La vérité, c'est que le budget consacré à cette lutte ne représente que 80 millions d'euros, soit 0,0066 % du budget.
Mme la présidente. Il faut conclure, ma chère collègue !
Mme Corinne Féret. Ma question est donc simple : quelles mesures compte prendre le Gouvernement pour être enfin à la hauteur des engagements pris devant la Nation ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
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Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre des armées publiée le 08/03/2019
Réponse apportée en séance publique le 07/03/2019
Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des armées. Madame la sénatrice, vous l'avez dit, la situation est préoccupante : les femmes sont les premières victimes de la pauvreté, du travail partiel subi, des métiers sous-payés et des inégalités salariales ; les mères isolées sont souvent en grande difficulté, sans parler de celles qui touchent de petites retraites. Nous avons entendu ces femmes partout en France, notamment sur les ronds-points. C'est un constat !
L'égalité entre les hommes et les femmes constitue la grande cause nationale de ce quinquennat.
Mme Laurence Cohen. Ça ne se voit pas !
Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État. Nous faisons tout pour agir dans ce domaine, où notre pays a pris beaucoup de retard.
Nous agissons pour créer les conditions d'accès et de réussite des femmes au même titre que les hommes.
Ainsi, nous travaillons à la mixité des filières, notamment avec la fondation France numérique, et à l'égalité salariale, tant dans le secteur privé Agnès Pannier-Runacher vient d'en parler , que dans le secteur public Olivier Dussopt, secrétaire d'État, a annoncé il y a quelques jours la création d'un fonds en faveur de l'égalité professionnelle dans la fonction publique.
Bien entendu, cela passe aussi par un travail important sur la conciliation entre les vies professionnelle et personnelle : congés de maternité, évolution des modes de garde des enfants, transparence dans l'attribution des places en crèche
Cela passe également par l'entreprenariat au féminin : nous avons mis en place le réseau des ambassadrices de l'entreprenariat et le Gouvernement a engagé les banques à mieux financer les entrepreneures.
Un courrier a été adressé à tous les membres du Gouvernement pour qu'ils soient attentifs à la question des nominations paritaires.
Enfin, nous devons bien évidemment vaincre le sexisme et combattre les violences sexuelles et sexistes qui gangrènent tous les milieux.
Mme la présidente. Veuillez conclure, madame la secrétaire d'État !
Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État. C'est un combat culturel, qu'il nous faut mener tous ensemble et à tous les niveaux de la société. Ce combat commence par l'éducation, c'est un aspect très important.
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