Question de M. FICHET Jean-Luc (Finistère - SOCR) publiée le 01/03/2018
M. Jean-Luc Fichet appelle l'attention de Mme la ministre de la culture sur l'accessibilité des personnes sourdes et malentendantes aux programmes audiovisuels.
Dans un souci d'égalité de traitement entre personnes entendantes et malentendantes, la loi prévoit que les chaînes dont l'audience annuelle est supérieure à 2,5 % de l'audience totale des services de télévision rendent accessibles la totalité de leurs programmes, à l'exception des messages publicitaires, et ce à partir du 12 février 2010.
Si cela témoigne d'une volonté d'améliorer l'accessibilité aux programmes audiovisuels des personnes malentendantes, la législation en vigueur reste encore aujourd'hui très mal appliquée.
En effet, très peu de programmes d'information sont accessibles aux personnes sourdes et malentendantes et lorsqu'ils le sont, il s'agit souvent de programmes de courte durée, diffusés à des horaires peu commodes et pour lesquels la qualité de traduction en langue des signes française (LSF) est variable.
Une application stricte de la loi imposant l'incrustation d'interprètes en LSF sur les écrans contribuerait ainsi fortement à l'amélioration de la situation et permettrait un accès confortable aux programmes audiovisuels pour les personnes sourdes et malentendantes, en toute égalité avec les entendants.
Il souhaiterait donc savoir quelles mesures pourraient être mises en œuvre afin que cette obligation soit respectée.
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Réponse du Ministère de la culture publiée le 27/09/2018
La loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées fait obligation aux chaînes de télévision publiques et aux chaînes privées dont l'audience nationale dépasse 2,5 % de l'audience totale des services de télévision de rendre accessibles aux personnes sourdes ou malentendantes la totalité de leurs émissions, en dehors des messages publicitaires et de quelques programmes dérogatoires. Pour les chaînes hertziennes dont l'audience est inférieure à 2,5 % de l'audience totale des services de télévision, une convention conclue avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) fixe les proportions des programmes accessibles. Si la loi ne détermine pas la méthode d'adaptation des programmes devant être retenue, deux modalités permettent en pratique de répondre à cette obligation : le sous-titrage et la langue des signes française (LSF). Le CSA a signé, en 2011, une charte sur la qualité du sous-titrage imposant aux chaînes le respect de 16 critères techniques concernant l'affichage du texte au bas de l'écran, dont il veille à l'application. France Télévisions poursuit ses efforts afin d'améliorer la qualité du sous-titrage de ses programmes. À l'occasion des élections présidentielles de 2017, le groupe public a notamment resynchronisé le sous-titrage de certaines émissions de débats politiques sur la télévision de rattrapage, afin de rectifier les imperfections éventuelles de sous-titrage en direct. S'agissant de la LSF, elle est moins utilisée que le sous-titrage. D'une part, elle s'adresse à un nombre de locuteurs objectivement moins élevé, d'autres part, à la différence du sous-titrage, il n'est pas possible de désactiver le dispositif pour les téléspectateurs ne souhaitant pas en bénéficier. Pour autant, la présence de la langue des signes française à l'antenne est réelle et se développe sous l'impulsion du régulateur et des pouvoirs publics. Concernant le volume de programmes interprétés en LSF, l'étude Avametrie (application mobile et plate-forme collaborative d'évaluation de l'accessibilité audiovisuelle) indique que, chaque semaine, seulement 6h30 de programmes sont accessibles aux personnes sourdes utilisant la LSF. Le CSA considère que cette faible proportion appelle un accroissement des efforts des éditeurs, tout particulièrement en période électorale. S'agissant du service public, France Télévisions a proposé 104 heures de programmes en LSF en 2017. France 2 a diffusé deux bulletins d'information à 6 h 30 et 8 h 30, du lundi au vendredi, et le samedi à 7 h et 8 h 35, dans le cadre de l'émission Télématin. France 3 a programmé les Questions au Gouvernement, et enfin, France 5 a diffusé l'émission « L'il et la main », dont l'étude Avametrie mentionne la grande qualité de ce programme qui est entièrement bilingue et comprend du français oral, écrit et de la LSF. À noter également que, à l'occasion de la Journée Mondiale des sourds le samedi 23 septembre, France 3 Pays-de-la-Loire a inauguré, sur son site Internet, un nouveau module d'information régionale traduit en LSF. Par ailleurs, le groupe a traduit en LSF les grands moments de la vie démocratique de 2017 : les élections présidentielle et législatives, les vux du Président de la République, etc. S'agissant spécifiquement des programmes d'information, les chaînes privées d'information en continu de la TNT (BFM TV, C News et LCI) traduisent chacune en LSF un journal télévisé quotidien. Depuis son lancement en 2016, l'accessibilité des éditions d'information fait partie des priorités de la chaîne franceinfo, avec deux éditions en langue des signes chaque jour, soit deux fois plus que les stipulations conventionnelles fixées aux autres chaînes d'information en continu en semaine. Conformément à ses obligations, franceinfo : a interprété en LSF deux journaux télévisés par jour, ce qui équivaut à un volume horaire de 158 heures. S'agissant de la qualité des programmes traduits en LSF sur les chaînes d'information en continu, et à la suite du contrôle de l'année 2016 par le CSA, le Conseil considère que « de manière générale, la visibilité de l'interprète n'est pas satisfaisante sur ces journaux télévisés ». Par ailleurs, le CSA mentionne les conclusions de l'étude Avametrie qui « souligne également, à de nombreuses reprises, les lacunes de certains interprètes ». Le CSA recommande d'inciter vivement les chaînes d'information en continu à proposer davantage de programmes interprétés en LSF conformes à la charte de qualité dédiée (le critère de la taille de l'interprète à l'écran occupe idéalement 1/3 de l'image) et d'envisager de rendre obligatoire, dans le cadre des clips de campagnes officielles, le recours à la LSF pour les candidats. France Télévisions a signé le 15 janvier 2015 la charte de qualité pour l'usage de la LSF dans les programmes télévisés élaborée par le CSA. Elle impose à la société une attention particulière au respect du sens du discours lors de l'interprétation en langue des signes, mais aussi vise à assurer une bonne visibilité de l'interprète, ainsi qu'une retransmission intégrale de l'interprétation.
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