Question de M. DESPLAN Félix (Guadeloupe - Socialiste et républicain) publiée le 03/02/2016
Question posée en séance publique le 02/02/2016
M. Félix Desplan. Ma question s'adresse à Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes.
Madame la ministre, après une croissance fulgurante au Brésil, le virus Zika, que l'OMS a qualifié d'« urgence de santé publique de portée mondiale », a atteint la Guyane et les Antilles. Vous déconseillez aux femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse de se rendre dans ces départements, la relation entre la recrudescence de microcéphalies ou d'autres malformations fœtales ou néonatales graves et une infection par ce virus chez la mère étant possible.
Cette relation n'est pas scientifiquement démontrée. D'autres agents infectieux ou facteurs sont peut-être aussi en cause, et seuls des travaux à partir d'outils sophistiqués pourraient l'établir. Mais le constat est terrible : 150 cas de microcéphalies recensés au Brésil en 2014, plus de 4 000 depuis 2015, essentiellement dans les provinces touchées par le Zika.
Dans nos départements, votre message a suscité une vive inquiétude, d'abord chez les femmes enceintes ou souhaitant le devenir. Elles doivent être informées des précautions à prendre, bénéficier éventuellement d'une aide financière pour acheter les produits nécessaires et adéquats, qui ont un coût. Elles doivent faire l'objet d'une surveillance clinique et biologique renforcée puisque, dans la grande majorité des cas, l'infection par le Zika ne provoque aucun symptôme marquant.
Mettrez-vous en place, madame la ministre, des protocoles particuliers, par exemple, un suivi échographique soutenu ? Vous avez envoyé une équipe sanitaire en Martinique. Ira-t-elle aussi en Guadeloupe ?
L'autre inquiétude vient des professionnels du tourisme.
Après des années de marasme, le tourisme aux Antilles se porte mieux. Il est donc essentiel que soit favorisée une communication maîtrisée, la moins anxiogène possible, sur cette maladie dont les formes et les conséquences sont, hors grossesse, en général bénignes, et qui peut être évitée par des précautions collectives et individuelles que nous connaissons bien pour les avoir développées en luttant contre la dengue, puis le chikungunya.
M. le président. Votre question, mon cher collègue !
M. Félix Desplan. J'ajoute que l'OMS a estimé que la maladie ne justifiait pas que soient imposées des restrictions de voyage ou de commerce. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
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Réponse du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes publiée le 03/02/2016
Réponse apportée en séance publique le 02/02/2016
Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes. Monsieur le sénateur, nous sommes confrontés au niveau mondial à une épidémie nouvelle, due au virus Zika, laquelle affecte massivement l'Amérique latine et a atteint, en décembre dernier, certains territoires français. Elle touche en effet la Guyane et la Martinique. En revanche, la Guadeloupe et Saint-Martin ne sont pas aujourd'hui en situation d'épidémie - il y a des cas identifiés.
Cette épidémie appelle des réactions fortes, d'abord en direction des populations sur place.
Vous l'avez dit, l'inquiétude qui domine concerne les femmes enceintes. Le fait que l'Organisation mondiale de la santé ait annoncé, hier, qu'elle déclarait l'épidémie de Zika « urgence de santé publique de portée mondiale » va favoriser la recherche et permettre, notamment, de déterminer le lien qui existe entre le Zika et des malformations congénitales de ftus. D'ici là, nous devons permettre aux femmes enceintes qui vivent dans les territoires touchés d'être suivies, accompagnées et bien prises en charge.
Dès le mois de décembre dernier, monsieur Desplan, un protocole de prise en charge spécifique a été mis en place, en lien avec les professionnels de santé. J'aurai l'occasion de vous le présenter de façon détaillée et précise, puisque je recevrai demain matin, au ministère de la santé, l'ensemble des élus concernés, parlementaires et présidents de région d'outre-mer.
J'ai indiqué, par ailleurs, que je recommandais aux femmes enceintes de ne pas se rendre dans les territoires où sévit l'épidémie, mais pas davantage dans les pays étrangers qu'elle touche. Cette position est partagée par les États-Unis et le Canada. Quant aux autorités du Brésil, elles viennent de recommander aux femmes enceintes de ne pas se rendre dans leur pays pour les jeux Olympiques.
Vous le voyez, monsieur le sénateur, il y a bien un danger de santé publique, et, sans inquiéter outre mesure, nous travaillons de façon sereine afin d'apporter la meilleure protection à nos concitoyennes partout sur le territoire français. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur certaines travées du groupe CRC et du groupe écologiste.)
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