Question de M. LE SCOUARNEC Michel (Morbihan - CRC) publiée le 30/01/2014
M. Michel Le Scouarnec attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la prévention et le dépistage du cancer du col de l'utérus. En effet, 1 000 décès seraient malheureusement dus au cancer du col de l'utérus chaque année dans notre pays. Or, 90 % d'entre eux pourraient être évités par un meilleur dépistage des femmes âgées de vingt-cinq à soixante-cinq ans. Le frottis est le seul test à la fois simple, rapide et indolore qui permet de détecter des lésions précancéreuses et d'intervenir, le cas échéant, avant le développement d'un cancer. Pourtant les professionnels du secteur estiment que 40 % des femmes ne l'effectueraient pas, notamment les femmes âgées de cinquante à soixante-cinq ans. Plusieurs facteurs expliqueraient ce chiffre. Tout d'abord, pour certaines femmes en situation de précarité le coût de la consultation serait un frein. Ensuite, certains territoires sont dépourvus de gynécologues. Enfin, le manque d'information sur la nécessité de ce dépistage est aussi évoqué. L'Institut national du cancer (INCa) a lancé ces derniers jours une campagne pour inciter les femmes à se faire dépister au moins tous les trois ans. Ce type d'initiative est à encourager pour que le cancer du col de l'utérus ne soit plus une fatalité. Plus largement, la santé des femmes nécessite un suivi spécifique qui mérite d'être conforté, compte tenu notamment des inquiétudes sur la spécialité de gynécologie médicale. C'est pourquoi il lui demande les mesures envisagées pour développer et consolider la prévention et le dépistage du cancer du col de l'utérus. Par ailleurs, il aimerait connaître les dispositions à venir pour une défense accrue et renforcée de la spécialité gynécologie médicale, indispensable à la santé de toutes nos concitoyennes.
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Transmise au Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes
Réponse du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes publiée le 07/01/2016
Le cancer du col de l'utérus est le plus souvent consécutif à une infection par voie sexuelle par le papillomavirus humain (HPV). Cette infection très fréquente persiste dans 10 % des cas et entraîne des lésions précancéreuses du col qui peuvent évoluer vers un cancer 10 à 15 ans après l'infection. En France, le cancer invasif du col utérin, avec une incidence d'environ 3 000 nouveaux cas estimés en 2012, est au 11ème rang des cancers féminins, et au 12ème rang des décès par cancers féminins (1,7 %). Les taux d'incidence et de mortalité de ce cancer diminuent grâce à une amélioration des conditions d'hygiène pour les générations les plus anciennes et au dépistage individuel qui s'est développé dans les années 1960, pour les plus jeunes. La stratégie de prévention globale du cancer du col de l'utérus s'appuie sur le dépistage par frottis cervico-utérin et sur la vaccination, conformément aux avis rendus par le Haut conseil de la santé publique et la Haute Autorité de santé. La Haute autorité de santé (HAS) a publié par ailleurs en juillet 2010 un rapport intitulé « État des lieux et recommandations pour le dépistage du cancer du col de l'utérus en France ». Depuis avril 2013, la vaccination contre le HPV est recommandée pour toutes les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans et en rattrapage chez les jeunes filles de 15 à 19 ans non encore vaccinées. La vaccination réduit fortement le risque de cancer du col de l'utérus et est d'autant plus efficace que les jeunes filles n'ont pas encore été exposées au risque d'infection. Elle ne remplace pas le dépistage régulier par frottis à partir de 25 ans, ces deux moyens d'action étant complémentaires. À la suite d'une saisine du ministère chargé de la santé, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a confirmé en juillet 2014 l'intérêt de cette vaccination. Le dépistage du cancer du col de l'utérus repose aujourd'hui sur une démarche individuelle, initiée majoritairement par le médecin traitant ou le gynécologue. Ainsi plus de 60 % des femmes de 25 à 65 ans sont dépistées mais 40 % ne l'ont jamais été ou l'ont été hors des délais recommandés. Il est donc particulièrement important de cibler ces femmes qui sont aussi celles qui cumulent le plus grand nombre de facteurs de risque. Le troisième plan cancer prévoit la mise en uvre d'un programme national de dépistage organisé pour toutes les femmes de 25 à 65 ans. Ce programme garantira une prise en charge totale par l'assurance maladie avec dispense d'avance de frais, ainsi que le renforcement de la vaccination contre le HPV. Des actions d'information et de sensibilisation de la population sont également prévues. Les résultats des expérimentations et les recommandations de la HAS vont permettre de préciser les modalités du programme. La ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes reste attentive au développement de la spécialité de gynécologie médicale. À ce titre, le nombre de postes proposés aux étudiants en médecine à l'issue des épreuves classantes nationales (ECN) est en augmentation constante. Un arrêté du 10 juillet 2014 a ainsi fixé le nombre de postes offerts dans cette spécialité à 48 au titre de l'année universitaire 2014-2015, soit 7 postes supplémentaires par rapport à l'année universitaire 2013-2014. Cet arrêté a également fixé le nombre de postes à pourvoir en gynécologie-médicale pour la période 2014-2018 à 227. Par ailleurs, une réflexion est actuellement menée dans le cadre d'un groupe de travail interministériel réunissant l'ensemble des acteurs concernés sur une réforme du troisième cycle des études de médecine. Dans ce cadre, les représentants de chacune des spécialités médicales sont appelés à travailler en vue de la révision des formations théoriques et pratiques prévues par les maquettes des différents diplômes d'études spécialisées. Pilotée par les services de la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, cette révision de la formation des futurs médecins a pour objectif final de répondre toujours mieux aux besoins des patientes et patients.
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