Question de M. PLACÉ Jean-Vincent (Essonne - ECOLO) publiée le 21/03/2013
M. Jean-Vincent Placé attire l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l'économie et des finances, chargé de l'économie sociale et solidaire et de la consommation, sur la lutte contre l'obsolescence programmée et l'augmentation de la durée de vie des produits.
L'obsolescence programmée des produits, théorisée par Bernard London, a donné lieu à une prise de conscience générale des médias, des économistes, des consommateurs, des associations environnementales et des États.
Bien que la plupart des entreprises cherche à proposer des produits de plus en plus fiables et innovants, différentes stratégies sont parfois mises en place pour accélérer artificiellement l'obsolescence des produits, afin de favoriser leur renouvellement. Selon la définition de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), « la notion d'obsolescence programmée dénonce un stratagème par lequel un bien verrait sa durée normative sciemment réduite dès sa conception, limitant ainsi sa durée d'usage pour des raisons de modèle économique. »
Il semble important d'agir pour lutter contre ce phénomène et pour l'allongement de la durée de vie des produits, pour des raisons à la fois environnementales, économiques et sociales.
La nécessité de prendre des mesures fortes face à l'urgence écologique s'impose plus que jamais dans nos politiques publiques. La France consomme actuellement 50 % de ressources naturelles de plus qu'il y a 30 ans et la production de déchets n'a jamais été aussi élevée.
L'abondance de déchets, notamment ceux d'équipements électriques et électroniques, se caractérise par des impacts environnementaux dramatiques. Les populations des pays du Sud (Afrique et Asie surtout), devenus de véritables pays « décharges », sont soumises à de graves problèmes sanitaires à cause de la toxicité des déchets qui arrivent à leurs frontières par conteneurs entiers en provenance des pays développés.
Les consommateurs, quant à eux, contraints de renouveler l'achat d'un bien sans aucun bénéfice (esthétique ou technologique) subissent une diminution de leur pouvoir d'achat.
Par ailleurs, la question de l'obsolescence programmée s'inscrit dans une réflexion globale sur un modèle de développement soutenable.
Il fait remarquer que la question fait débat depuis déjà longtemps et que des acteurs se sont déjà mobilisés sur le sujet : plusieurs rapports et contributions ont été publiés sur l'obsolescence programmée, sur la durée de vie des produits ou encore sur la gestion durable des matières premières minérales, tels ceux de l'ADEME, du Centre national d'information indépendante sur les déchets (CNIID), de Terra Nova, et de l'Assemblée nationale. Le Sénat belge a voté, le 2 février 2012, une proposition de résolution en vue de lutter contre l'obsolescence programmée des produits liés à l'énergie, tandis que le Grenelle de l'environnement a consacré l'objectif de rendre accessibles au plus grand nombre les produits et services plus durables.
Certaines mesures peuvent relever du législateur comme l'allongement de la durée des garanties, la mise à disposition des pièces détachées ou la modulation de l'éco-contribution. Aussi le groupe écologiste du Sénat, a-t-il déposé, le 18 mars 2013, une nouvelle proposition de loi n° 429 (2012-2013) visant à lutter contre l'obsolescence et à augmenter la durée de vie des produits.
D'autres dispositions essentielles relèvent du domaine règlementaire, comme l'application de la transposition de la directive 2006/66/CE du 6 septembre 2006 relative aux piles et accumulateurs ainsi qu'aux déchets de piles et d'accumulateurs et abrogeant la directive 91/157/CEE, ou encore la généralisation du chargeur universel pour téléphone portable, à l'instar de la normalisation européenne émanant du comité européen de normalisation (CEN) et du comité européen de normalisation électronique (CENELEC) ainsi que de l'Institut européen des normes de télécommunication (ETSI) dont elle a fait l'objet. Il souhaite connaître les intentions du Gouvernement à l'égard de ce phénomène qui impacte autant l'environnement que le pouvoir d'achat des ménages.
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Réponse du Ministère chargé de l'économie sociale et solidaire et de la consommation publiée le 24/04/2013
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