Question de M. RAINAUD Marcel (Aude - SOC) publiée le 26/11/2009
M. Marcel Rainaud appelle l'attention de M. le ministre de la défense sur la situation au Mexique.
En effet, devant la dangerosité croissante de certains cartels de la drogue, des organisations patronales de la ville Ciudad Juarez ont demandé, le 11 novembre dernier, l'intervention de casques bleus afin de contrôler le niveau de criminalité.
Cette ville du nord du Mexique regroupe 1,3 million d'habitants et connaît une forte augmentation du nombre d'homicides, qui sont passés de 1 653 pour l'année 2008 à plus de 2 000 pour l'année 2009.
Il lui demande de préciser quelle position il entend adopter face à cette demande.
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Transmise au Ministère des affaires étrangères et européennes
Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 23/06/2011
Les opérations de maintien de la paix constituent un instrument essentiel de l'action des Nations unies et doivent répondre à des exigences légales et opérationnelles clairement définies. Elles s'inscrivent dans le cadre d'une résolution du Conseil de sécurité voire éventuellement de l'Assemblée générale des Nations unies, en cas de menace à la paix et à la sécurité internationales. Dans la situation que vous évoquez, on ne peut effectivement que déplorer l'augmentation marquée des chiffres de la criminalité recensée dans la ville de Ciudad Juarez. Plaque tournante des trafics de drogue vers les États-Unis, cette ville mexicaine compte aujourd'hui parmi les plus dangereuses au monde. Par une violence généralisée, les cartels ont pour objectif de mettre en échec les politiques gouvernementales de lutte contre le narcotrafic, portant ainsi atteinte à la stabilité et à la légitimité de l'État. La demande que vous relayez émane des organisations patronales de cette ville et non pas des autorités de l'État. Dans ces conditions, les casques bleus ne sauraient légalement se substituer aux forces de police et de sécurité d'un État souverain, ni même venir en renfort de ces forces sans mandat. C'est pourquoi il n'est pas envisageable pour la France de soutenir auprès des Nations unies une quelconque initiative de mise sur pied d'une opération de maintien de la paix sur le territoire mexicain. Cependant, la communauté internationale ne reste pas sans réagir à la montée en puissance de ces cartels. Le Mexique est ainsi l'un des premiers bénéficiaires des programmes de lutte contre le narcotrafic conduits par des organisations régionales ou internationales telles que l'Organisation des États américains (OEA), la commission interaméricaine pour le contrôle de l'abus de drogues (CICAD) et l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Le Mexique bénéficie également d'une aide financière et technique conséquente de la part des États-Unis à travers l'initiative Mérida (1,5 milliard de dollars sur trois ans), spécifiquement dédiée à la lutte contre le trafic de drogue. La France, pour sa part, est particulièrement mobilisée, dans différentes enceintes internationales, pour sensibiliser nos partenaires aux effets déstabilisateurs des trafics criminels sur la stabilité des États et la sécurité de zones géographiques entières et pour lutter contre la criminalité transnationale organisée : aux Nations unies, à New York (Conseil de sécurité, Assemblée générale) et à Vienne (commissions fonctionnelles de l'ECOSOC) ; mais également dans le cadre de notre présidence du G8 : la réunion sur les trafics transatlantiques de cocaïne, à Paris le 10 mai dernier, qui a réuni 22 ministres en charge de la lutte contre le trafic de drogue d'Europe, d'Amérique (dont le Mexique) et d'Afrique, a permis l'adoption d'une déclaration politique et d'un plan d'action pour renforcer la coopération internationale contre ce fléau.
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