Question de M. GIROD Paul (Aisne - RDSE) publiée le 04/10/2001
M. Paul Girod attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la défense, chargé des anciens combattants, sur l'état d'avancement du dossier relatif à la fixation d'une journée officielle de commémoration de la fin de la guerre d'Algérie, pour l'instant évoquée à celle du 19 mars. Or, l'après 19 mars 1962, date du cessez-le-feu, n'a pas vu la fin des violences et ce sont encore environ 155 000 personnes, Européens d'Algérie, soldats français, Harkis, qui furent assassinés. En effet, lors de la séance publique à l'Assemblée nationale du 29 mai 2001, son prédécesseur a observé combien les débats étaient vifs et qu'il n'y avait pas unanimité concernant ce choix dans le monde combattant. Il ajoutait " ce dont je suis sûr, c'est qu'une date commémorative doit rassembler la France et non pas la diviser ". Par ailleurs une mission mise en place il y a maintenant 3 ans sur ce même sujet n'a pas encore donné ses conclusions. Il apparaît opportun qu'au moment où la France rend hommage au sacrifice des Harkis, une date rassemblant un large consensus soit définitivement fixée.
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Réponse du ministère : Anciens combattants publiée le 22/11/2001
Pour ce qui concerne le choix du 19 mars comme date officielle de commémoration de la fin de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc, le secrétariat d'Etat à la défense chargé des anciens combattants tient à rappeler qu'aucune des dates proposées ne fait pour l'instant l'unanimité, qu'il s'agisse de la date officielle retenue pour le début du conflit (31 octobre 1954), de celle de la mise en oeuvre du cessez-le-feu, lendemain de la signature des accords d'Evian (19 mars 162), de celle de l'indépendance de l'Algérie (2 juillet 1962) ou encore de celle qui correspond à l'inhumation d'un soldat inconnu à la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette (16 octobre 1977). Si le 19 mars marque bien la date officielle fixée par les accords d'Evian, du cessez-le-feu en Algérie, cette guerre, par sa spécificité historique et ses drames, par le climat passionnel et douloureux qui s'y rattache a trop longtemps suscité malaises, ambiguïtés et non-dits. Pour tous, ce fut la guerre. Pour tous, ce furent la violence, les haines, les peurs, les souffrances, le rejet, l'incompréhension, les silences. S'il convient désormais d'inscrire durablement l'évocation de cette guerre dans la mémoire collective française, cela doit être accompagné d'un indispensable acte de réconciliation et de concorde nationale. Or, tel n'est pas, en effet, le contexte de rassemblement nécessaire à l'officialisation d'une date commémorative nationale, comme en témoigne l'adoption, à l'uninamité parlementaire, des journées du 11 novembre, du souvenir de la déportation, du 8 mai et plus récemment encore, de la journée nationale, le 16 juillet, à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'Etat français et d'hommage aux " Justes " de France. Le Premier ministre qui s'est montré favorable à la poursuite du travail de mémoire pour que les traumatismes puissent être surmontés dans l'unité nationale observait qu'un progrès sensible avait été fait dans cette voie avec l'adoption par le Parlement, à l'unanimité, de la loi du 18 octobre 1999 qualifiant de guerre le conflit d'Algérie de 1954 à 1962. Il a reconnu néanmoins que la commémoration d'une date officielle unique pour la guerre d'Algérie ne pouvait, en l'absence d'accord entre les associations du monde combattant, être opérée sans susciter des oppositions qui iraient à l'encontre du but poursuivi. Toutefois, si les conditions ne sont toujours pas réunies, le dossier continue d'évoluer. Des initiatives diverses ont ainsi été prises par des groupes politiques au Parlement et par des députés et sénateurs à titre individuel. Ces initiatives demandent à être confirmées par un débat législatif. En tout état de cause, le secrétaire d'Etat tient à rappeler que le Gouvernement a décidé d'être présent non seulement le 16 octobre mais aussi le 19 mars, lorsque des cérémonies sont organisées dans les départements. Il entend pour sa part travailler, non pas à diviser, mais à rechercher l'unanimité dans le respect de la souffrance liée aux événements de l'" après-19 mars " et de la souveraineté nationale. Il est donc nécessaire, pour que la France assume lucidement son histoire, de rassembler et de favoriser l'unité nationale qui sera confrontée par l'édification, quai Branly à Paris, d'un mémorial national d'Afrique du Nord, qui sera inauguré en 2002, à la mémoire de la totalité des soldats français ayant combattu pendant ce conflit et sur lequel seront inscrits tous les noms des combattants de l'armée française " morts pour la France ", y compris ceux des Harkis.
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