ANGLETERRE ET PAYS DE GALLES
Les juridictions pénales de base sont les magistrates' courts , qui sont également compétentes en matière civile. Les autres juridictions pénales constituent un ordre spécifique (voir annexe n° 2).
I - LES JURIDICTIONS PENALES DE PREMIERE INSTANCE
En
première instance,
une infraction pénale est soumise, selon sa
gravité, à une
magistrates' court
ou à la
Crown
Court
.
En effet,
les infractions pénales sont réparties en trois
catégories
:
- les infractions mineures passibles au maximum à la fois d'un
emprisonnement ne pouvant excéder six mois et d'une amende d'au moins 5
000 , sont jugées selon une procédure rapide par les
magistrates' courts
;
- celles qui donnent lieu à une procédure sur acte d'accusation
(meurtres, homicides volontaires, viols et vols qualifiés) ne sont
jugées que par la
Crown Court
, où la justice est rendue
par un juge siégeant avec un jury ;
- les infractions
" relevant d'une juridiction ou d'une
autre
" (cambriolages, blessures volontaires) peuvent être
jugées par une
magistrates' court
ou par la
Crown Court
selon le souhait du défendeur.
Aucun texte ne classe les différentes infractions par
catégorie
. Les infractions mineures ont toutes été
créées par une loi. Les infractions jugées par la
Crown
Court
sont, d'une part, celles qu'une loi qualifie
d'"
indictable
" et, d'autre part, celles qui ont
été crées par la jurisprudence. Les infractions
"
relevant d'une juridiction ou d'une autre
" peuvent
être subdivisées en deux groupes : celles qu'une loi a
expressément qualifiées et celles qui figurent à l'annexe
1 de la loi sur les
magistrates' courts
.
Les
magistrates' courts
réunissent de deux à sept (le plus
souvent trois)
magistrates
qui sont surtout des juges non
professionnels. La
Crown Court
constitue donc l'équivalent de la
Cour d'assises française.
II - LA CROWN COURT
La Crown Court , bien qu'unique, tient des sessions dans quelque quatre-vingt-dix centres.
Composition |
12
jurés et un magistrat professionnel qui préside
. Celui-ci
occupe un rang plus ou moins élevé dans la hiérarchie en
fonction de l'importance de l'affaire.
|
Rôle des jurés pendant les débats |
Comme
aucun dossier d'instruction n'est constitué avant le procès, les
jurés assistent aux débats sans avoir pris connaissance de
l'affaire.
|
Rôle du magistrat professionnel pendant les débats |
Il dirige les débats et tranche les questions de droit qui se posent, comme la recevabilité d'un élément de preuve. Après l'audition des témoins à charge, le juge peut également clore le procès et prononcer l'acquittement de l'accusé. |
Processus de la prise de décision |
Avant
que les jurés ne se retirent, le magistrat professionnel résume
toute l'affaire et rappelle les règles de preuve et le droit applicable
aux infractions retenues par l'accusation. Cette phase, qui dure
généralement quelques minutes, peut s'étendre sur
plusieurs jours. A cette occasion, le magistrat est fréquemment
amené à commenter la valeur des éléments de preuve
qui ont été avancés et la crédibilité des
témoins. Il peut même indiquer au jury l'existence d'un moyen de
défense que les témoignages ont fait apparaître mais qui
n'a pas été développé.
|
Objet de la décision du jury |
Culpabilité
|
Motivation de la décision du jury |
Non , la culpabilité doit être établie " au-delà de tout doute raisonnable ". |
Majorité requise |
Unanimité . Si celle-ci n'est pas atteinte après une délibération d'une durée que le juge estime " raisonnable compte tenu de la nature et de la complexité de l'affaire ", et qui ne saurait être inférieure à deux heures, une majorité de dix voix suffit. |
III - LES VOIES DE RECOURS
Le
principe du double degré de juridiction n'est pas admis en tant que tel.
Toutefois, la loi organise certains recours dans certaines
circonstances.
En outre,
le second jugement ne constitue pas du tout une
répétition de l'audience en première instance
. Les
témoins ne sont généralement pas réentendus mais la
transcription écrite de leur témoignage en première
instance est utilisée. En effet, la possibilité qu'a la
juridiction d'appel d'entendre un témoin qui n'a pas été
entendu en première instance est peu mise en oeuvre.
La loi prévoit que les décisions de première instance de
la
Crown Court
puissent
faire l'objet d'un recours devant la
Criminal Division
de la
Court of Appeal,
les décisions
de
la
Crown Court
rendues en appel faisant elles l'objet d'un
recours devant la
Divisional Court of the Queen's Bench Division.
De la
Court of Appeal
et de la
Queens's Bench Division,
un second
recours peut
être formé devant la chambre des
Lords
.
1) La Criminal Division de la Court of Appeal
C'est
une juridiction pénale de deuxième instance qui siège
uniquement à Londres. Elle est composée de magistrats
professionnels très expérimentés.
Le recours peut porter sur la
condamnation
ou sur la
peine
,
à moins que cette dernière ne soit fixée par la loi.
Les conditions de recevabilité des recours, posées par le
Criminal Appeal Act
de 1968, expliquent leur caractère
exceptionnel.
a) Le recours sur la condamnation
Le
recours est de droit s'il se fonde uniquement sur une question de droit. En
revanche, s'il se fonde sur une question de faits, une question de droit et de
faits, ou sur tout autre moyen, il doit être autorisé
ou par
la
Crown Court
si celle-ci estime que l'affaire soulève des
points de droit importants qui méritent l'attention de la
Court of
Appeal
, ou par la
Court of Appeal
elle-même
(1(
*
)).
La section 2 du
Criminal Appeal Act
de 1968 indique dans quelles
circonstances le recours doit être autorisé par la
Court of
Appeal
. Les critères de recevabilité sont les suivants :
- condamnation dangereuse ou non convaincante,
- erreur sur une question de droit,
- irrégularité matérielle au cours du procès.
Dans tous les autres cas, le recours ne peut pas être autorisé.
En 1992, le tiers des demandes de recours sur la condamnation a
été accepté.
Cette rédaction a été largement critiquée par la
Commission royale sur la justice pénale
(2(
*
)),
qui a remis son rapport au Parlement en
juillet 1993. Le
Criminal Appeal Act
de 1995, adopté le 19
juillet 1995, mais dont la date d'entrée en vigueur n'est pas encore
fixée, tient compte de ces remarques. A partir de l'entrée en
vigueur de ce texte, tout recours, qu'il se fonde sur une question de droit ou
de fait, devra être autorisé par la
Crown Court
ou par la
Court of Appeal
. De plus, il n'y aura plus qu'un critère de
recevabilité des recours : le caractère dangereux de la
condamnation.
La
Court of Appeal
peut infirmer la décision de la
Crown
Court
et donc acquitter la personne condamnée. Elle peut aussi
demander que la
Crown Court
rende un nouveau jugement si elle estime que
"
l'intérêt de la justice l'exige
", même
en l'absence de nouveaux éléments de preuve. Jusqu'en 1988, en
effet, il fallait de nouveaux éléments de preuve pour ordonner un
nouveau jugement.
En pratique, la
Court of Appeal
répugne à infirmer les
décisions d'un jury ou à ordonner un nouveau jugement quoiqu'elle
utilise cette faculté, assez récente, de façon croissance
comme en témoigne les chiffres ci-après :
Nombre de jugements réordonnés par la Court of Appeal |
Années |
1
|
1988
|
b) Le recours sur la peine
Il doit
être autorisé par la
Court of Appeal
ou par la
Crown
Court
.
La
Court of Appeal
ne peut admettre ce type de recours que si elle est
convaincue que la peine infligée est "
déraisonnablement
importante
". La
Court of Appeal
ne peut plus, depuis 1966,
accroître la peine décidée par la
Crown Court
.
*
* *
En
cas de verdict de culpabilité, il est donc actuellement beaucoup plus
facile de fonder un recours sur une question de procédure ou sur la
peine, qui relèvent de la compétence exclusive du juge, que sur
le verdict du jury.
En revanche, un inculpé condamné par une
magistrates' court
peut en toute circonstance faire appel
auprès de la
Crown Court
, aussi bien sur la peine lorsqu'il a
plaidé coupable, que sur la peine et sur la condamnation lorsqu'il a
plaidé non coupable. Dans ce cas, la
Crown Court
siège
avec un juge unique assisté de plusieurs
magistrates
. L'affaire
est complètement rejugée et les témoins sont
réentendus.
2) La Divisional Court de la Queen's Bench Division
Bien que faisant partie de la High Court , dont les compétences sont essentiellement civiles, elle statue sur des points de droit soulevés par les magistrates' courts , ou par la Crown Court lorsqu'elle statue en appel des décisions rendues par les magistrates' courts .
3) La Chambre des Lords
La
Chambre des Lords
constitue la cour suprême. Composée pour
la circonstance d'une dizaine de membres de la Chambre des Lords qui sont
d'éminents juristes
(3(
*
))
,
elle traite des
points de droit qui revêtent une importance
générale
.
L'accusation et l'accusé peuvent faire appel des décisions de la
Court of Appeal' s
Criminal Division
(et de la
Divisional
Court of the Queen's Bench Division
) devant la Chambre des Lords à
condition que la première juridiction ou la Chambre des Lords
elle-même autorise l'appel. Pour cela, il faut que l'affaire
soulève un point de droit et présente un intérêt
général.
Dans l'exercice de ces fonctions judiciaires, seuls cinq
Law Lords
siègent en général, le quorum étant de trois. Ils
peuvent exercer tous les pouvoirs dont jouit
la Court of Appeal
(confirmer ou infirmer le jugement précédent, ou renvoyer
l'affaire à la cour qui les a saisis).