Appartenance politique :
Membre du Groupe socialiste
État civil :
Né le 19 juin 1931
Décédé le 5 février 1988
Profession :
Secrétaire Général de Mairie
Département :
Dordogne
Vème République

Ancien sénateur de la Ve République


Travaux parlementaires

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

DELMAS (Lucien)

Né le 19 juin 1931 à Terrasson (Dordogne)

Décédé le 5 février 1988 à Bordeaux (Gironde)

Sénateur de la Dordogne de 1980 à 1988

C'est à Tarrasson, aux confins du Périgord et du Quercy, aux limites de la Corrèze et sur les bords de la Vézère, que naît Lucien Delmas le 19 juin 1931. Ses parents sont négociants en chaussures. Elève au lycée Cabanis de Brive, il devance l'appel sous les drapeaux en 1950 pour devenir officier mais en 1953 un accident physique rend cette perspective de carrière impossible. L'année suivante, il entre à la mairie de Tarascon où il occupe un poste de commis aux écritures. Nommé en 1956 secrétaire général de la mairie de Terrasson, il acquiert à ce poste (où il reste jusqu'en 1980, date à laquelle il est élu sénateur) une grande compétence en matière d'administration communale. Il suit à partir de 1968 et par correspondance des cours à la Faculté de droit de Limoges, et obtient une capacité en droit puis un DEUG et enfin une licence de droit public. L'ascension politique de Lucien Delmas jusqu'au Sénat repose sur une légitimité militante au sein du parti socialiste, doublée d'une expertise technique reconnue dans le domaine de l'aménagement du territoire.

Concernant le parti socialiste tout d'abord, Lucien Delmas rejoint les rangs de la SFIO dès le début des années 1950. Il devient dès 1956 secrétaire fédéral des jeunesses socialistes de la Dordogne et en 1958 accède au bureau national de l'antenne cadette. En 1962, il est nommé secrétaire adjoint de la fédération SFIO de la Dordogne et en 1965 est promu secrétaire départemental de la FGDS. Secrétaire de la fédération SFIO de la Dordogne dès 1967, il rompt ses premières lances électorales lors des législatives de juin 1968 où il est le suppléant du socialiste Jean-Paul Brunet, « parachuté » contre Yves Guéna dans la vallée de l'Isle. Il devient à partir de 1973 le vice-président de l'importante commission nationale des conflits du parti socialiste qui doit gérer les questions d'investiture et de discipline interne. Ce fidèle du parti, qui a été élu en 1967 maire PS de La Dornac (petite commune du Terrassonnais et berceau de sa famille maternelle), rejoint comme vice-président, à partir de 1977, la Fédération nationale des élus socialistes et républicains. Il finit par accéder au bureau national du PS en 1983 puis au comité directeur du parti en 1985. Marqué dans sa jeunesse par la figure de Pierre Mendès France, Lucien Delmas est un proche du puissant sénateur de Dordogne Robert Lacoste et surtout de Pierre Mauroy, rencontré très tôt au bureau national des jeunesses socialistes.

Son expertise en matière d'aménagement et d'administration municipale, repose non seulement sur son expérience professionnelle à la mairie de Terrasson mais aussi sur son engagement associatif comme président de l'Union des maires de la Dordogne à partir de 1977, et l'année suivante, comme vice-président de l'Association des maires de France, chargé des communes rurales et des syndicats intercommunaux. Dans ces associations d'élus qui s'occupent de la décentralisation et la coopération intercommunale, il apprend à gérer ces dossiers sensibles mais très techniques et souvent perçus comme ingrats. En qualité de maire, il se penche sur la défense des communes rurales et de l'application des contrats de pays en Aquitaine. Il est en effet élu conseiller régional d'Aquitaine en 1979 (réélu en 1986). Devenu vice-président du Conseil régional, il se voit chargé de la planification, de l'aménagement du territoire et de la politique contractuelle. Son sens du contact comme son pragmatisme lui permettent de mener à bien ses missions.

Le 28 septembre 1980, il est élu sénateur au second tour, en même temps que Michel Manet, le maire de Bergerac. Les deux hommes remplacent au Palais du Luxembourg Robert Lacoste et Marcel Brégégère. Lucien Delmas s'inscrit au groupe socialiste. Le fait d'avoir dès 1947 milité dans la fédération unie des auberges de la jeunesse (dont il est élu rapidement président départemental), d'avoir en 1957 avec Pierre Mauroy participé à la fondation de la Fédération Léo Lagrange, puis d'avoir l'année suivante créé à Terrasson un foyer d'éducation populaire (devenant dans la foulée le président de l'amicale laïque), le conduit à choisir la commission des affaires culturelles. Il y rapporte pour avis le budget de la coopération et représente le Sénat au conseil d'orientation du Centre national d'art et de culture Georges Pompidou. Il est aussi membre du groupe d'étude sénatoriale sur l'avenir de l'industrie automobile et représente le Sénat à la commission plénière de la Caisse nationale de crédit agricole.

Il rejoint en octobre 1983 la commission des affaires économiques. Ses interventions, rapports et amendements sur des projets de loi relatifs aux droits et libertés des communes, départements et régions, sur le plan intérimaire de 1982-1983 comme sur la loi-programme de développement des départements d'outre-mer enrichissent les débats. En 1985, il est chargé de mission auprès du ministre chargé du Plan et de l'aménagement du territoire (Gaston Defferre) et du ministre des relations extérieures (Roland Dumas). Il s'agit d'étudier les problèmes posés par l'élargissement de la CEE à l'Espagne et au Portugal. Européen convaincu, il définit les difficultés engendrées par cette ouverture mais aussi et surtout les potentialités offertes. Il en tire un rapport intitulé Le défi du Grand Sud qui est remis au Premier ministre, Laurent Fabius. Il y défend la création d'un Programme intégré méditerranéen (PIM) qui reposerait sur une coopération interrégionale entre les pays de la Péninsule ibérique et les régions françaises voisines (de l'Aquitaine à la Corse). Une conférence permanente des régions méditerranéennes (COPERM) mettrait en place les outils nécessaires (comme le SICA du maïs et des fruits et légumes, une caisse interrégionale de garantie pour le développement des industries agro-alimentaires, l'établissement de schémas directeurs des vignobles, l'adaptation des quotas laitiers, l'octroi de prêts bonifiés par régions via le Crédit agricole, etc...). Ce plan ne se limiterait pas au secteur agricole, prévoyant un rééquilibrage Nord/Sud via une nouvelle industrialisation des régions méditerranéennes autour de pôles technologiques. Parallèlement, Lucien Delmas est nommé membre du comité des finances locales et de la commission nationale des structures agricoles. En 1986, il devient vice-président de la délégation sénatoriale pour la planification. On le trouve aussi comme administrateur du Fonds national de développement des adductions d'eau, du Fonds d'amortissement des charges d'électrification et de l'Association « Tourisme en espace rural ». Il est enfin membre de la commission nationale des structures agricoles.

En 1981, après l'alternance, le sénateur Delmas aurait pu être nommé secrétaire d'Etat aux communes rurales tant l'expérience accumulée lors des mandats successifs dans les assemblées locales avait fait de lui un gestionnaire précieux à l'heure de la décentralisation. Son ami Pierre Mauroy avait songé du reste à cette promotion qui finalement n'intervient pas. Lucien Delmas contribue néanmoins à la rédaction de certains chapitres de la loi de décentralisation impulsée par Gaston Defferre. Il en profite pour tirer la sonnette d'alarme à propos de la désertification de certains secteurs agricoles. Renonçant à briguer la mairie de Terrasson, prise par le communiste Edgar Bardagué dans un contexte de désunion de la gauche, il se consacre à la vice-présidence du Conseil régional. Jusqu'en 1986, il y manifeste beaucoup de compétence en matière de gestion des petites communes et d'animation des zones rurales. Il s'en fait l'écho dans les colonnes de Sud-Ouest dont il est le correspondant local pour Terrasson. Même sénateur, Lucien Delmas continue de suivre de près le développement économique de son département. Déjà président, depuis 1982, du comité départemental pour l'emploi, il devient aussi en 1987 le président du syndicat mixte d'aménagement de la haute vallée de la Vézère. Il est également président du syndicat à vocation multiple de Terrasson, du syndicat de Pays de Terrassonnais et du syndicat d'AEP du Causse périgourdin. Le retour de la droite aux affaires dans le cadre de la cohabitation à partir de mars 1986 trouve en Lucien Delmas un adversaire résolu. Dès l'été 1986, le sénateur dénonce dans la presse locale « les mauvais coups » portés, selon lui, par le Premier ministre Jacques Chirac aux collectivités locales et à l'enseignement public.

Au Sénat, Lucien Delmas s'oppose à la loi dite Peyrefitte du 2 février 1981 renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes. Il approuve la loi du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort. Il s'abstient lors du vote de la loi dite Defferre du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, départements et régions. Il vote en faveur de la loi du 13 juillet 1982 relative aux prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage. Il vote contre la loi du 9 septembre 1986 relative aux conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France.

Lucien Delmas contribue à l'implantation électorale en Dordogne de Roland Dumas, qui s'y fait élire député en juin 1981 puis de nouveau en mars 1986. Les deux hommes se rapprochent. Le ministre des affaires étrangères lui confie une mission sénatoriale dans l'Océan indien début 1988. De fait, comme membre du comité directeur du Fonds d'investissement des départements d'outre-mer (FIDOM), Lucien Delmas multiplie les séjours dans la France ultramarine (comme à la Réunion en avril 1984 et en août 1985 où il suit les problèmes locaux de l'élevage, des cultures vivrières, de la transformation des produits agricoles et des prix de la desserte aérienne). Mais à son retour en Métropole, Lucien Delmas qui n'a que 57 ans, meurt brutalement, victime d'une embolie consécutive à un cancer. Dans son éloge funèbre, Michel Rocard salue cet ancien fonctionnaire communal, qui en autodidacte, avait su faire profiter le Sénat de sa grande expérience des collectivités locales, ainsi que ce socialiste actif et généreux entièrement tourné vers la chose publique.

Lucien Delmas était officier des Palmes académiques et titulaire de la médaille de la jeunesse et des sports.

Elu le 28 septembre 1980
Fin de mandat le 5 février 1988 (décédé)

Membre de la commission des affaires économiques
Membre du Groupe socialiste
Membre de la délégation pour la planification

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Lucien DELMAS

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