État civil :
Né le 21 avril 1919
Décédé le 19 novembre 2007

Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961

Assemblée nationale de la République francaise

Groupe de l'Alliance pour l'unité de la Communauté et Gauche démocratique (app.)

Membre de la commission des traités, accords internationaux et Défense commune

Député de l'Assemblée nationale française
Député de l'Assemblée nationale française

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

BETTENCOURT (André, Marie, Joseph)

Né le 21 avril 1919 à Saint-Maurice-d'Etelan (Seine-Inférieure)

Député de la Seine-inférieure de 1951 à 1958

Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil du 19 juin 1954 au 23 février 1955

Fils de Victor Bettencourt, avocat à la Cour d'appel de Paris et conseiller général de la Seine-inférieure et de Jeanne, Marie de Chalendar, André Bettencourt, après des études à l'institut Saint-Joseph du Havre, embrasse la carrière du journalisme. Dès 1942, à 23 ans, il s'engage dans la Résistance. Arrêté par la Gestapo à Nancy, en 1943, après plusieurs semaines au secret et une série d'interrogatoires, il est retiré des rangs au moment même où le convoi pour l'Allemagne se forme, enfermé et condamné à mort. Grâce à Melle François, à la conduite héroïque, il parvient à s'évader, et devient alors l'agent de liaison du Conseil National de la Résistance en Suisse, puis appartient à la délégation du gouvernement d'Alger à Berne. A la Libération, il est membre du Comité directeur du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés et de celui de l'Association nationale des déportés et internés politiques. Sa conduite pendant la guerre lui a valu la Croix de guerre 1939-1945, la rosette de la Résistance et la Croix de chevalier de la Légion d'honneur.

André Bettencourt fonde, en 1945, le Journal agricole dont il est directeur général et qui deviendra le Journal de la France agricole. Il est également directeur du Courrier cauchois. Après son mariage, le 9 juin 1950, avec Liliane Schueller, il est associé à la direction de la firme l'Oréal fondée par son beau-père, Eugène Schueller.

Parallèlement, il entame une carrière politique. Aux élections législatives du 10 novembre 1946, il figure en troisième position sur la liste du M.R.P., dirigée par Louis Siefridt. Seul ce dernier est élu. Le décès de son père Victor Bettencourt permet à André Bettencourt de prendre sa revanche. Il succède en effet à celui-ci au siège de conseiller général du canton de Lillebonne en 1947 et sera constamment réélu par la suite. A partir de cette époque, il est également conseiller municipal de sa commune natale, Saint-Maurice-d'Etelan.

Aux élections législatives du 17 juin 1951, André Bettencourt figure, en troisième position, sur la liste de l'Union des Indépendants paysans et des républicains nationaux. Celle-ci recueille 45 541 voix (25 %), et, grâce au système des apparentements, compte quatre élus dont André Bettencourt.

Dans la nouvelle Assemblée, André Bettencourt est nommé membre de la Commission de la presse, de celle des territoires d'outre-mer (à partir de juin 1953) et de celle de la marine marchande, la même année ; il fait partie aussi de la Commission chargée d'enquêter sur le trafic des piastres indochinoises à partir du 16 juillet 1953.

Pendant la législature, André Bettencourt dépose deux rapports : l'un sur la résolution adoptée par le Conseil de la République demandant à l'Assemblée nationale une prolongation du délai constitutionnel imparti au Conseil de la République pour formuler son avis sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée et instituant un code du travail dans les territoires d'outre-mer (24 décembre 1951) ; l'autre sur le projet de loi portant suppression de la cour de justice de l'Indochine (21 novembre 1952). Il est l'auteur de deux propositions de loi concernant l'allocation vieillesse et d'une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à déposer et faire voter d'urgence le budget annexe des prestations familiales agricoles.

Le 8 novembre 1951, André Bettencourt intervient dans la discussion du projet de loi modifiant la loi sur la liberté de la presse. Directeur de journal et parlementaire, il se sent particulièrement concerné par l'une de ses dispositions qui prévoit la désignation d'un directeur responsable au cas où un journal est dirigé par un parlementaire qui pourrait enfreindre la loi, sous couvert de son immunité. Il en approuve totalement le principe car les autres solutions possibles - interdire la direction d'un journal à un parlementaire ou rendre intouchables les journaux dans ce cas - lui paraissent contraires à la démocratie et à la justice. Il conclut par cette phrase : « il ne peut y avoir une féodalité parlementaire. Il ne peut y avoir une féodalité de la presse aux mains des parlementaires ».

Ses autres interventions portent sur les problèmes d'outre-mer du fait de ses fonctions à la commission chargée de ces questions. La plus importante a lieu le 19 décembre 1952. Après avoir rendu hommage aux combattants de l'Union française en Indochine, il s'inquiète du manque de participation du Parlement à un examen d'ensemble de la politique française en Indochine. En effet, en dépit des efforts financiers et humains de la France qui compromettent la modernisation en métropole, il constate que non seulement la politique française n'est comprise ni à l'étranger ni au Vietnam, mais qu'elle ne remporte guère de succès, faute d'une mobilisation morale suffisante et déclare « les buts que proposait le Vietminh en 1946 sont atteints et même dépassés. Si Ho Chi Minh continue la guerre, c'est uniquement parce que derrière lui, il y a la Chine, il y a la Russie ». S'inspirant de l'exemple des Etats-Unis qui envisagent de négocier avec la Chine en Corée, il suggère donc que la France fasse de même pour trouver une issue au conflit indochinois. Le 27 octobre 1953, lors des interpellations sur la politique du gouvernement en Indochine, il dépose un ordre du jour avec trois autres députés qui reprennent ces idées. Il demande notamment de chercher une solution pacifique en mettant sur pied une conférence à cinq en accord avec les Etats-Unis. Ses positions de précurseur dans ce domaine expliquent que Pierre Mendès-France l'appelle dans son cabinet comme secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil chargé de la coordination des services de l'information (juin 1954-février 1955).

Pendant la législature, il a soutenu les principaux gouvernements et voté les lois importantes comme les lois Marie et Barangé, l'adhésion au Pool Charbon-acier ou la ratification des accords de Paris qui font entrer l'Allemagne dans l'O.T.A.N après l'échec de la C.E.D.

Aux élections du 2 janvier 1956, André Bettencourt figure de nouveau sur la liste des indépendants paysans mais cette fois en deuxième position. Ayant recueilli 46 690 voix, il est réélu avec Pierre Courant, tête de liste. Dans la nouvelle Assemblée, il appartient à la Commission de la marine marchande. Il dépose deux propositions de loi, l'une tendant à modifier les articles 55 et 56 de la loi sur la presse de 1881, l'autre complétant la loi du 5 janvier 1955 relative au régime de l'allocation vieillesse agricole. Enfin, le 21 janvier 1958, il est l'auteur d'un rapport sur un projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier le protocole modifiant la Convention internationale pour les pêches de l'Atlantique Nord-Ouest signée à Washington le 25 juin 1956.

Outre deux questions orales, l'une sur le régime fiscal des maisons familiales de vacances, l'autre sur l'économat de la S.N.C.F., dont il critique la gestion sous forme de coopérative et le déficit, ses interventions dans les débats ont trait, comme lors de la législature précédente, aux questions d'outre-mer ou internationales. Ainsi, le 26 mars 1957, au retour d'un voyage en Algérie, il s'inquiète de la faible efficacité de la politique gouvernementale en dépit de l'envoi du contingent et du soutien d'une large majorité au Parlement. Selon lui, l'action militaire ne sera efficace qu'avec des réformes sociales importantes et visibles. En rappelant la situation démographique préoccupante de l'Algérie, il conclut par cette invitation : « Pour que nous puissions avec une large majorité, celle qui vous serait nécessaire pour aller de l'avant, vous apporter nos votes, il faut que, précisant votre plan d'action, vous nous donniez les assurances les plus formelles ».

La discussion du projet de loi portant ratification des traités instituant la Communauté Economique Européenne et l'Euratom, lui fournit l'occasion de développer ses raisons d'approuver ceux-ci, mais aussi d'exposer les craintes qu'ils peuvent nourrir selon la manière dont ils seront appliqués. Il qualifie le changement apporté de beaucoup plus important que le passage de la monarchie à la République, puisqu'il conditionne l'existence ultérieure de tous les producteurs et consommateurs. Il s'inquiète aussi de la concurrence de l'Allemagne, du changement de centre de gravité de l'économie européenne qui risque d'être encore plus éloigné des régions françaises défavorisées, de la difficulté de concilier l'Europe et l'Union française : « Je crois à une Europe qui, comprenant mieux sa place dans le monde et retrouvant son idéal, irait de l'avant, ne s'aiderait elle-même que pour mieux aider les autres, aiderait l'Afrique, aiderait les pays sous-développés, apporterait son concours à la vraie libération des peuples et des hommes ».

En dépit des réserves que l'on vient de rappeler, André Bettencourt soutient pendant la législature la politique des derniers gouvernements de la IVe République ; il vote notamment, le 12 mars 1956, les pouvoirs spéciaux en Algérie, approuve la déclaration de politique générale faite au lendemain des événements de Suez, le 25 octobre suivant, et accorde sa confiance au gouvernement Pflimlin, le 13 mai 1958, puis au général de Gaulle le 1" juin. Le 2 juin il vote pour les pleins pouvoirs et pour la révision constitutionnelle. Le changement de régime lui permettra de donner pleinement sa mesure comme homme d'Etat sous la Ve République.

BETTENCOURT (André)

Né le 21 avril 1919 à Saint-Maurice-d'Etelan (Seine-Maritime)

Décédé le 19 Novembre 2007 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)

Député de la Seine-Inférieure puis de la Seine-Maritime de 1951 à 1966, en 1967 et 1968, puis de 1973 à 1977

Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil du 19 juin 1954 au 23 février 1955

Secrétaire d'Etat aux transports de 8 janvier 1966 au 1er avril 1967

Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de 7 avril 1967 à 31 mai 1968

Ministre des postes et des télécommunications de 31 mai au 12 juillet 1968

Ministre de l'industrie de 12 juillet 1968 à 27 juin 1969

Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé du plan et de l'aménagement du territoire du 27 juin 1969 au 6 juillet 1972

Ministre par intérim des affaires culturelles du 28 septembre 1970 au 7 janvier 1971

Ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères du 6 juillet 1972 au 28 mars 1973

Sénateur de la Seine-Maritime de 1977 à 1995

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome II, p. 361-363)

André Bettencourt poursuit sa carrière politique au Palais Bourbon de 1958 à 1966. Il l'interrompt pour être secrétaire d'Etat aux transports de 1966 à 1967. Réélu aux élections législatives de 1967, il est à nouveau nommé au Gouvernement en qualité de secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de 1967 à 1968. A nouveau élu député aux élections législatives organisées à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale en 1968, il abandonne une fois encore le Palais Bourbon pour assumer les responsabilités de ministre des postes et des télécommunications en 1968, puis de ministre de l'industrie de 1968 à 1969, de ministre chargé du plan et de l'aménagement du territoire de 1969 à 1972, et enfin de ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères de 1972 à 1973. Il est alors à nouveau élu député de la Seine-Maritime en 1973 et exerce son mandat jusqu'en 1977

Aux élections sénatoriales du 25 septembre 1977, André Bettencourt se présente en deuxième position sur la liste d'Union des Républicains et des démocrates menée par Jean Lecanuet, qui obtient quatre sièges sur les six à pourvoir. Aux élections sénatoriales du 28 septembre 1986, il est réélu sur la liste d'Union de la majorité. Il rejoint le groupe sénatorial de l'Union des républicains et indépendants. De 1977 à 1980, il est membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées qui devient, à partir de 1981, commission des affaires étrangères. Il y siège jusqu'à la fin de son mandat.

En séance publique, André Bettencourt intervient à de nombreuses reprises lors des discussions des projets de loi relatifs à la politique extérieure et à la défense française. En 1978, il demande un effort supplémentaire face à l'insuffisance des moyens d'équipement des forces militaires. Il évoque également les insuffisances du service militaire dont la durée est trop courte et pour lequel les exemptions sont trop nombreuses. Au tournant des années 80, il condamne l'expansionnisme soviétique après l'invasion de l'Afghanistan et appelle les alliés du bloc occidental à faire preuve de concertation. Après les élections présidentielles de 1981, il critique les relations entretenues par le gouvernement français avec Cuba et la présence de ministres communistes au Gouvernement. En 1989, il salue les initiatives de la France au Liban et souhaite le retrait progressif des troupes syriennes et le retour à la souveraineté du Liban. En 1991, il rend hommage à l'armée française et aux forces de la coalition au Koweït.

André Bettencourt profite également de ses prises de parole en séance publique pour demander un effort en faveur de l'aide au développement et défendre l'idée d'un nouvel ordre économique mondial plus juste, en insistant plus particulièrement sur la situation des jeunes états d'Afrique francophone. En 1989, il se félicite des nombreuses initiatives de la diplomatie française, notamment en faveur d'une solidarité économique avec le tiers-monde.

Fervent défenseur de la construction européenne, il insiste également sur la nécessité d'harmoniser les politiques à l'échelle européenne : sur le plan économique, il se montre favorable à la ratification de l'Acte unique européen. Il demande, dès 1987, la mise en place d'une politique de défense commune s'appuyant sur une coopération militaire franco-allemande. Après l'ouverture du rideau de fer, il met en avant la nécessité de poursuivre et d'approfondir la construction de l'Europe. En 1992, il approuve le projet de loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution un titre : « De l'Union européenne ».

André Bettencourt consacre une part de son activité aux questions relatives à l'enseignement. S'il critique, en 1978, la pesanteur et centralisme de l'administration de l'éducation nationale, il se félicite toutefois de l'amélioration du fonctionnement du système éducatif dont il rappelle l'importance dans la lutte contre les inégalités. Il salue également l'élévation globale du niveau de formation de la population active, même si des disparités territoriales demeurent. Il encourage l'ouverture des établissements vers les entreprises et se déclare satisfait, lors de la discussion du projet de loi relatif aux enseignements artistiques en 1987, de l'élévation de l'expression théâtrale, audiovisuelle et chorégraphique au rang de discipline scolaire.

Les questions environnementales n'échappent pas à son champ de compétence. En 1978, il participe à la commission d'enquête chargée d'examiner les décisions prises et les moyens mis en oeuvre par les autorités compétentes françaises, étrangères ou internationales lors de l'échouement du pétrolier Amoco Cadiz sur les côtes bretonnes. Président du Comité de bassin Seine-Normandie de 1974 à 1981 et membre du comité national de l'eau depuis 1980, il rappelle lors du vote des crédits consacrés à l'environnement, à l'occasion de la discussion du projet de loi de finances pour 1983, le rôle des comités de bassin et des collectivités locales dans la politique décentralisée de l'eau. La même année, il rapporte le projet de loi autorisant l'approbation d'un accord international sur les bois tropicaux destiné à lutter contre la régression de la forêt tropicale en encourageant les politiques de reboisement.

André Bettencourt vote contre la loi portant abolition de la peine de mort (1981). En revanche, il approuve la loi Peyrefitte renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes (1981), la loi Deferre relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions (1982), la loi relative aux prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage (1982), la loi relative au revenu minimum d'insertion (1988) et la loi relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale (1993).

Membre depuis le 23 mars 1988 de l'Académie des beaux-arts, il est nommé administrateur de la Casa de Velazquez en 1990.

A partir de son 60e anniversaire, André Bettencourt se retire progressivement de la vie politique : en 1979, il abandonne tout d'abord son mandat de conseiller général du canton de Lillebonne qu'il exerçait depuis 1947. Dix ans plus tard, il cesse ses fonctions de maire de Saint-Maurice-d'Etelan après avoir été élu conseiller municipal de cette commune en 1947 puis premier magistrat en 1965. Après avoir présidé le Conseil régional de Haute Normandie de 1974 à 1981, il demeure simple conseiller régional jusqu'en 1992. En 1995, âgé de 76 ans, il ne se représente pas aux élections sénatoriales.

Il meurt le 19 novembre 2007 à l'âge de 88 ans.

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