SEANCE DU 3 JUILLET 2002
POLITIQUE GÉNÉRALE
Lecture d'une déclaration du Gouvernement
M. le président.
L'ordre du jour appelle la lecture d'une déclaration de politique générale du
Gouvernement.
Cette déclaration de politique générale est actuellement prononcée à la
tribune de l'Assemblée nationale par M. Jean-Pierre Raffarin, Premier
ministre.
Le Gouvernement ayant engagé sa responsabilité devant l'Assemblée nationale en
application de l'article 49, alinéa 1er, de la Constitution, cette déclaration,
qui va être lue par M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, de la sécurité
intérieure et des libertés locales, ne peut faire l'objet aujourd'hui d'un
débat ni d'un droit de réponse, conformément à l'article 39, paragraphe 1, de
notre règlement.
Demain, comme prévu, le Premier ministre viendra devant le Sénat pour demander
l'approbation d'une déclaration de politique générale du Gouvernement, en
application de l'article 49, alinéa 4, de la Constitution.
A la suite de l'intervention du Premier ministre, nous aurons un débat et le
Sénat se prononcera sur cette déclaration de politique générale par un scrutin
public à la tribune.
La parole est à M. le ministre.
(Vifs applaudissements sur les travées du
RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur
certaines travées du RDSE.)
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je
vais vous donner lecture de la déclaration de M. le Premier ministre, au nom du
Gouvernement.
« Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, à chacune et chacun
d'entre vous, personnellement, j'adresse mes sincères félicitations pour la
mission d'honneur et de service qui vous a été confiée par les Françaises et
les Français lors des toutes récentes élections législatives.
« Les conditions sont maintenant réunies pour que le temps de l'action relaie
le temps des élections. Cette action doit être caractérisée par la lucidité, le
courage et l'espoir.
« La France est forte de ses projets, mais fragile dans son organisation,
confiante dans son avenir, méfiante quant à la politique.
« L'élection présidentielle a été un rendez-vous de vérité.
« Le 21 avril, les Françaises et les Français ont dit leur mécontentement.
L'impuissance politique a généré l'exaspération populaire. L'abstention à ce
niveau n'est plus de l'indifférence mais de la défiance. Un grand nombre de
Français ont reproché à la République de ne plus tenir ses promesses de
liberté, d'égalité et de fraternité.
« Le 5 mai a exprimé lui aussi sa vérité : la colère portait sur le
fonctionnement de la République et non contre ses valeurs.
« Le projet de Jacques Chirac a été le rempart contre l'extrémisme et le
centre de gravité du rassemblement de tous les républicains.
« Le gouvernement que j'ai l'honneur de diriger, nommé par le Président de la
République, est originellement marqué par les deux grands messages de
l'élection présidentielle : l'urgence d'une réponse aux attentes des citoyens
et l'exigence du partage des valeurs républicaines.
« Dans cette situation, notre route est droite, mais la pente est forte. Une
phrase du rapport de l'audit de la situation des finances publiques que m'ont
remis MM. Bonnet et Nasse trace la ligne du courage : "Des réformes de fond
sont nécessaires, la simple recherche d'économies sans modifications de
l'organisation et des structures n'est plus à la dimension du problème. »
« Pour la France du xxie siècle, l'audace réformatrice est une question de
destinée. Bien que la demande de la France soit forte dans le monde, le monde
ne nous attendra pas.
« Notre action a l'ambition de redonner l'espoir aux Françaises et aux
Français. La source de cet espoir est dans l'unité nationale. Je ne souhaite
pas faire de la division un principe gouvernemental, je ne souhaite pas opposer
les Français les uns aux autres, on ne gouverne pas pour les villes contre les
villages, pour les consommateurs contre les éleveurs, pour les salariés contre
les entreprises, pour les intérêts des uns contre les intérêts des autres...
Nous voulons gouverner pour tous. « Seuls l'unité nationale et le partage de la
République nous permettront de surmonter individualisme et communautarisme, de
dépasser les égoïsmes et féodalités.
« La France a besoin aujourd'hui que chacun lui donne un peu de lui-même.
« Cet appel à la cohésion nationale ne nie pas l'exigence du débat. Au
contraire, j'y attache une grande importance. Et, si je me réjouis de la
qualité et de l'ampleur de la représentation de la majorité présidentielle, je
souhaite aussi que nous progressions dans la pratique des relations
républicaines avec l'opposition. Ainsi, je participerai régulièrement à vos
séances de questions d'actualité dans un esprit d'écoute et d'information
réciproques plutôt que dans un esprit partisan ou polémique.
« La politique est une affaire de vérité, mais celle-ci n'est pas à sens
unique. Il n'y a pas un camp qui a toujours raison et un autre toujours tort.
Nous avons chacun à défendre notre conception de l'intérêt général.
« Le "principe d'humanité" qui m'anime laisse toujours une place à l'autre, à
l'avis contraire. Cette démarche s'oppose à celle des certitudes faciles qui
conduisent à des décisions fragiles. Notre pays attend des décisions éclairées,
mais des décisions fermes. C'est ensemble que nous construirons ces décisions.
Le Parlement est en effet le coeur de notre démocratie, le lieu où tous les
Français se sentent représentés, le lieu où est pensé et défendu l'intérêt
général.
« Avec cette conviction, mon gouvernement rendra compte de son action au
Parlement, proposera les initiatives nécessaires pour que les objectifs soient
tenus et s'engagera chaque année sur la réalisation de ses objectifs.
« Je sais aussi que le Parlement aspire à se moderniser pour tenir plus
efficacement son rôle et que les présidents des deux assemblées ont des idées
précises et innovantes. Je suis disponible pour discuter d'une telle
réforme.
« C'est donc avec vous que nous conduirons la France dans la direction tracée
par le Chef de l'Etat.
« Le diagnostic.
« Mon gouvernement s'est mis au travail sans attendre. Je souhaite qu'ensemble
nous puissions, dès aujourd'hui, avec le début de cette session extraordinaire,
commencer à répondre aux attentes les plus pressantes des Français.
« Ces attentes sont légitimes, ces attentes sont importantes, car la vie des
Français a changé.
« Nos concitoyens assistent et participent à la mondialisation de l'économie.
Avec la construction européenne et l'euro, leur quotidien s'écrit à l'échelle
du continent. De nouvelles menaces sont apparues : le terrorisme, qui a frappé
les Etats-Unis le 11 septembre 2001 et la France à Karachi, nous concerne tous
aujourd'hui.
« Les problèmes se pensent à l'échelle mondiale.
« Ces changements se sont accompagnés de la multiplication des insécurités.
« Insécurité physique, d'abord. La violence est de plus en plus présente dans
notre société. Mais l'insécurité est aussi sociale, nombre de nos concitoyens
étant confrontés au chômage et à la précarité. Elle est encore économique :
l'ancrage de notre pays dans la prospérité et la croissance demande une
vigilance constante.
« Au-delà des difficultés de tous les jours, c'est aussi de leur identité que
les Français ne sont plus sûrs : où va la France aujourd'hui ? Quelle place
auront les valeurs fondamentales de la République dans la France de demain ?
« La vie des Français est devenue compliquée.
« L'Etat n'a pas contribué à la simplifier : avec des lois trop nombreuses,
une intervention trop fréquente, des procédures complexes qui nuisent aux
énergies individuelles et collectives, il a accéléré la complexité.
« La première mission de mon gouvernement sera donc de simplifier la vie des
Français.
« Notre projet est celui d'une France porteuse d'un nouvel humanisme.
« Quand la France doute de sa place dans le monde, elle doit revenir à sa
source d'excellence : la pensée. Le poids de la France sur le monde a toujours
été lié à la force de ses idées.
« A l'époque de la "grande Déclaration", la France a proposé au monde une
certaine idée de l'humanisme. Aujourd'hui, dans le contexte inédit de la
mondialisation, nous ne sommes pas condamnés au silence ou à l'impuissance ; la
France doit dire son espérance. Celle d'un monde qui sait associer le respect
de la diversité des cultures et néanmoins le souci de l'universel, le culte de
l'intelligence, voire de l'excellence, mais aussi le respect des traditions et
le souci des plus faibles, ceux que la société a blessés.
« Notre projet est celui d'une France porteuse d'un nouvel humanisme.
« La politique a trop dérivé vers son aval, la technique, en mésestimant son
amont, la pensée, pour rassurer les citoyens exposés aux angoisses de l'avenir.
Dans la mondialisation que nous vivons, les réponses de la France ne sont pas
celles du gigantisme ou de la concentration, celles de la standardisation ou de
la banalisation. Notre réponse est cellle de la création, celle de
l'intelligence et du talent, celle de la solidarité et de la générosité, celle
de l'innovation et de la qualité. Le label pour l'agriculteur, la qualité pour
l'artisan, le brevet pour l'industriel, l'émotion pour l'association, la
solidarité pour le militant, la singularité pour l'artiste... Voilà les signes
de notre avenir. »
M. Jacques Mahéas.
C'est presque drôle !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« En fait, il s'agit de placer l'homme au centre de notre projet.
Il doit rester l'origine de notre pensée plutôt que l'objet de notre
société.
« Ce nouvel humanisme peut être une maison aux quatre colonnes, un projet à
quatre piliers.
« L'Etat attentif, tout d'abord. L'Etat est trop dispersé. Il doit se
recentrer sur ses missions régaliennes et restaurer l'autorité républicaine.
(Très bien ! sur les travées du RPR.)
« La République en partage, ensuite. La République n'a pas su assez partager
ses responsabilités. Le renouveau de la démocratie sociale et la relance de la
démocratie locale nous permettront de donner plus de vie à nos valeurs
républicaines. La République des proximités rapprochera les Français des
décisions qui les concernent. »
M. Pierre Hérisson.
Très bien!
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« La France créative, encore. La valeur de création que la France
doit promouvoir est tout autant économique, sociale que culturelle. Il s'agit
de libérer toutes les forces vives de notre pays, de privilégier toutes les
valeurs ajoutées.
« La mondialisation humanisée, enfin. L'insécurité du monde est évidemment
liée à la question du développement. L'aide au développement mais aussi
l'exigence de la protection de la planète sont des messages que porte avec
force notre Président. La construction européenne nous aidera, tel un
multiplicateur d'influence, à humaniser la mondialisation. La France doit
porter un message fort et clair en Europe.
« C'est dans cette perspective d'un nouvel humanisme français que nous
tiendrons les engagements pris devant le peuple par le Président de la
République. C'est le contrat qui nous lie.
« En cinq ans, nous pouvons rendre la France plus humaine. Je compte sur votre
soutien comme vous pouvez compter sur mon engagement. « Le premier pilier sur
lequel notre politique doit reposer, c'est un Etat dont il faut restaurer
l'autorité pour construire une France sûre et une France sûre d'elle-même.
« Je suis résolu à lui en donner les moyens pour assurer avec efficacité la
sécurité, la justice et la défense de nos concitoyens.
« La première liberté, c'est la sécurité.
« L'insécurité mine le moral de nos concitoyens, obère leur confiance dans les
institutions de la République, affaiblit notre pacte républicain et menace la
cohésion de notre nation.
« L'insécurité, c'est la première des inégalités.
« Nous avons entendu l'appel des Français.
« Avec le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales, nous voulons faire reculer l'insécurité en mobilisant tous les moyens
de l'Etat.
« Nous vous proposons un effort sans précédent pour organiser la synergie des
moyens de l'Etat. Le conseil de sécurité intérieure, le rapprochement sous une
autorité fonctionnelle unique des policiers et des gendarmes, les groupements
d'intervention régionaux procèdent de cette logique.
« Dans le prolongement des mesures déjà prises, vous serez saisis dans les
tout prochains jours d'un projet de loi d'orientation et de programmation pour
la sécurité intérieure.
« La loi donnera à nos forces de sécurité, auxquelles je tiens à rendre
hommage, les moyens d'assumer pleinement leurs missions et notamment 13 500
nouveaux emplois sur cinq ans pour la police et la gendarmerie.
« Elle s'accompagnera d'une volonté affirmée de faciliter le travail des
policiers et des gendarmes, sans porter atteinte aux droits de la défense ni au
principe de la présomption d'innocence. Elle organisera une déconcentration
réelle des responsabilités, accompagnée de la fixation d'objectifs et de
procédures d'évaluation précises.
« Elle reposera sur un effort budgétaire de très grande ampleur.
« L'autorité de l'Etat, c'est aussi une justice sereine, efficace, simple et
rapide.
« Notre système judiciaire ne répond pas suffisamment à la demande de droit.
Sa lenteur irrite nos concitoyens. Sa complexité les décourage.
« La justice doit être à la fois plus effective et plus proche du citoyen.
« Tel est l'objet du projet de loi d'orientation et de programmation que j'ai
demandé au garde des sceaux, ministre de la justice, de vous présenter sans
attendre.
« Il se traduira par un renforcement très significatif des moyens des
juridictions, en crédits, en équipements et en emplois : 10 100 en cinq ans.
« Les juridictions judiciaires et administratives bénéficieront de moyens sans
précédent afin que les délais de traitement des dossiers soient fortement
réduits.
« La création de centres éducatifs fermés donnera davantage d'efficacité à la
lutte contre la délinquance des mineurs.
« Je souhaite que la réponse apportée à cette délinquance soit ferme, mais
humaine. Je suis attaché à ce que le Gouvernement traite les problèmes avec le
souci de toujours s'en tenir à une approche respectueuse de la personne. Il ne
s'agit pas de rentrer dans une logique du "tout répressif", puisque sera
proposée aux jeunes placés dans ces centres fermés une réponse éducative
spécifique. Si nous disons non à l'impunité, nous voulons un système qui donne
aux jeunes ayant perdu leurs repères une chance de se réconcilier avec la
société.
« Pour mettre les jeunes délinquants en face de leurs responsabilités,
l'ordonnance de 1945 sera adaptée à cette fin.
« Je vous proposerai également d'améliorer et de simplifier la procédure
pénale.
« Une véritable justice de proximité sera mise en place à cette occasion.
« Je souhaite qu'une plus grande attention soit portée à la victime et à ses
droits. Le projet de loi de programmation comprendra des dispositions en ce
sens.
« En agissant pour une justice plus efficace, plus proche et plus humaine,
nous cherchons non pas seulement à réconcilier les citoyens avec leur justice,
mais aussi à restaurer la confiance des Français dans l'Etat.
« Pour reconstruire une France sûre, la défense de ses citoyens et de ses
intérêts doit être assurée partout où ils pourraient être menacés.
« Avec la professionnalisation de nos armées, le Président de la République a
décidé une réforme essentielle de notre défense.
« Il faut lui donner les moyens, car la France a le devoir d'adapter sa
défense à un monde qui change.
« Elle ne peut plus se concevoir en référence à un monde figé. Elle doit se
déployer dans un monde multipolaire, mouvant et instable. Un monde où le
terrorisme, dans ses nouvelles dimensions, s'ajoute aux facteurs de risques
déjà connus tels que la prolifération d'armes de destruction massive ou les
tensions régionales, pour dessiner un paysage stratégique encore plus
incertain.
« Notre défense doit être en phase avec ces évolutions, tout en restant fidèle
aux grands principes qui ont présidé à sa conception.
« Comme le veut le Chef de l'Etat, notre défense doit être une défense
autonome, non une défense solitaire. La référence de nos choix militaires comme
politiques est l'Europe. Ils seront cohérents avec la défense européenne qui se
construit. Mais la France doit conserver la capacité d'agir seule si ses
intérêts propres et ses engagements bilatéraux l'exigent. »
MM. Jean-Guy Branger et Michel Caldaguès.
Très bien !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Consciente de cet impératif, la ministre de la défense vous
proposera une nouvelle loi de programmation militaire avant la fin de l'année.
Son objectif sera de restaurer la disponibilité de nos matériels, de moderniser
les équipements, tout en consolidant la professionnalisation de nos armées,
notamment par l'amélioration de la condition militaire. »
M. Xavier de Villepin.
Très bien !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Cet objectif suppose enfin de maintenir des capacités
industrielles clés pour la défense, de développer avec ambition les
coopérations européennes et de poursuivre activement les restructurations
nécessaires, notamment dans les domaines des constructions navales et des
armements terrestres.
« Il suppose enfin que l'engagement des hommes et des femmes de notre défense,
comme celui du monde combattant, soit respecté par la nation.
« Deuxième pilier de notre action : la République en partage.
« L'autorité de l'Etat restaurée, la République doit s'ouvrir à la démocratie
sociale. Elle doit aussi faire confiance à l'initiative locale et établir la
République des proximités.
« S'ouvrir à la démocratie sociale, c'est mettre fin à un système qui place
trop souvent l'Etat et le citoyen directement face à face.
« Le dialogue social sera au coeur de l'action du Gouvernement et les
partenaires sociaux seront consultés avant toute initiative majeure de l'Etat.
Ils se verront reconnaître une autonomie pour définir par voie d'accord, et
dans le respect des principes fondamentaux de notre droit, les règles qui
déterminent les relations du travail. »
M. Alain Vasselle.
Cela va changer !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Le Gouvernement souhaite conforter la légitimité des
partenaires sociaux à agir. C'est pourquoi je regarde avec beaucoup d'intérêt
les initiatives prises par ces derniers pour vivifier et améliorer la
démocratie sociale.
« Des partenaires sociaux forts et engagés sont en effet indispensables pour
que puisse se développer dans de bonnes conditions un dialogue social qui est,
à mon sens, le préalable nécessaire au règlement de nos dossiers majeurs.
« Je serai amené à revenir sur l'importance du dialogue social, mais je
souhaite d'abord vous parler de la formation professionnelle, parce qu'elle
détermine largement l'emploi de demain.
« Elle est la condition indispensable à l'accès d'un grand nombre de jeunes à
la vie active. Elle est aussi la seconde chance donnée à ceux qui veulent
compléter leur formation initiale. Elle est enfin nécessaire à chacun pour
s'adapter tout au long de la vie aux transformations des métiers.
« Les conditions de l'activité changent. Si nous voulons ou si nous devons
travailler plus longtemps, nous devrons nous former plus souvent. Les
partenaires sociaux en ont déjà pris conscience, en s'engageant dans une vaste
négociation sur ce sujet. La réforme de notre système de formation est
nécessaire pour une meilleure efficacité et plus de simplicité. Les régions en
seront le pivot.
« Notre ambition est de créer une véritable "assurance emploi" fondée sur un
compte personnel de formation et une validation des acquis professionnels. Il
s'agira de donner à tous les salariés, y compris ceux des petites entreprises,
la même garantie face à l'emploi en matière de formation, de reconversion et de
reclassement. Ce chantier sera ouvert dès cet été en visant un aboutissement
rapide.
« Les retraites, maintenant.
« La sauvegarde des retraites a été trop longtemps repoussée. Le système
actuel est menacé par le vieillissement de notre population. Le principe de
solidarité entre les générations exige la sauvegarde du régime par répartition
pour assurer un bon revenu à tous les retraités.
« Le temps n'est plus à la création de nouvelles commissions ou à la rédaction
de nouveaux rapports. Le temps est aujourd'hui à la prise de décisions après
concertation.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
« Cette réforme, qui ne concernera pas les Français actuellement à la
retraite, reposera sur les principes suivants : elle doit aboutir à une plus
grande équité entre les Français tout en tenant compte des spécificités des
différents statuts et de la diversité des situations, notamment démographiques.
La liberté de choix sera assurée : la retraite à soixante ans, qui est un
acquis social, ne sera pas remise en cause, mais ceux qui souhaitent prolonger
leur activité au-delà doivent pouvoir le faire et augmenter ainsi leurs
droits.
(Applaudissements sur les mêmes travées.)
Chacun doit avoir la
possibilité de compléter sa pension grâce à une incitation fiscale par un
revenu d'épargne. Les efforts nécessaires, car il y en aura, seront
équitablement répartis, et l'Etat y prendra sa part.
« Le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité ouvrira ce
chantier dès l'automne. Chaque régime, privé ou public, fera l'objet d'un
traitement spécifique selon un calendrier approprié et des modalités à négocier
au cas par cas.
« Notre système de retraite est notre bien commun. Nous devons nous organiser
pour que les conditions de sa préservation soient réunies avant la fin du
premier semestre 2003. »
Mme Nelly Olin.
Ah !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« La santé, ensuite.
« Notre système de santé fait notre fierté, mais il est aujourd'hui dans une
situation difficile. Notre population demande de plus en plus de soins. Les
progrès de la science et de la médecine ne font que s'accélérer et, de ce côté,
les espoirs - heureusement ! - sont grands. Mais l'augmentation trop rapide des
dépenses de santé fait planer une sourde inquiétude sur l'avenir du système :
les professionnels de santé nous disent fortement qu'ils traversent une grave
crise de confiance.
« C'est un grand défi collectif qui nous est lancé. Je vous propose de
travailler ensemble à le relever : professionnels, gestionnaires et
patients.
« Fixer les priorités de notre action de santé publique est le premier
objectif. Un cadre plus clair est nécessaire. Il doit viser à rééquilibrer les
soins, la prévention et l'éducation à la santé. Il doit être publiquement
débattu et je souhaite solliciter le Parlement pour qu'un débat approfondi
oriente l'action publique en matière de santé.
« Sans attendre, avec les professionnels, nous nous sommes attachés à renouer
les fils d'un dialogue distendu. C'est avec eux que nous voulons rechercher des
comportements responsables et que nous voulons élaborer une gestion conjuguant
qualité des soins et optimisation des dépenses de l'assurance maladie.
« Quant à l'hôpital, nous devons lui redonner des perspectives et créer la
souplesse nécéssaire pour assurer à la fois la proximité, la disponibilité, le
sens de l'accueil, la performance et la sécurité. Cette action appelle des
réponses nouvelles aux questions posées par la démographie des professions de
santé.
« Nous mettrons en place une nouvelle gouvernance du système de santé et
d'assurance maladie. Elle reposera sur trois principes. D'abord, une plus
grande clarté dans les rôles et dans les financements de l'Etat et de
l'assurance maladie. Ensuite, la responsabilité de tous. Enfin, la volonté
d'une plus grande proximité avec les citoyens : par une régionalisation accrue,
nous favoriserons une prise en charge plus cohérente et plus adaptée. Dans ce
cadre, je souhaite que puisse être lancé un plan "Hôpital 2007".
« L'égal accès des Français aux soins sera conforté par une aide permettant à
ceux de nos compatriotes qui n'en ont pas de bénéficier d'une mutuelle.
« Notre objectif est d'éviter à la fois le rationnement des soins et la dérive
incontrôlée et inquiétante des dépenses. Par la responsabilité de chacun, nous
devons éviter les dépenses inutiles qui minent l'édifice auquel nous tenons
tous, et nous ferons en sorte que les ressources que nous consacrons à notre
santé - et qui ne sont pas infinies - soient mieux utilisées.
« Avec le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, je
souhaite bâtir une politique de santé moderne. C'est un champ prioritaire pour
le nouvel humanisme français.
« Ce nouvel humanisme exige la préservation de nos solidarités. Il doit
s'exprimer par la lutte contre la précarité sociale.
« Nous ne pouvons nous résoudre à laisser subsister dans notre pays des
situations de précarité extrême et d'exclusion. Elles ne sont pas acceptables,
surtout après plusieurs années de croissance. La secrétaire d'Etat à la lutte
contre la précarité et l'exclusion présentera, avant la fin de 2002, un
programme d'action dans ce domaine.
« Un débat parlementaire sur l'insertion sera organisé dans les prochains mois
à l'occasion des quinze ans de l'instauration du revenu minimum d'insertion.
Nous devons collectivement nous assurer que chaque bénéficiaire du RMI se voie
proposer un véritable contrat d'insertion.
« Pour faire reculer l'exclusion qui mine notre société, nous comptons sur
l'Etat, mais aussi et surtout sur les structures à taille humaine, les réseaux
de proximité et la famille.
« La famille est par essence le lieu de la fraternité, c'est le creuset de la
société. C'est pourquoi notre politique de la famille sera ambitieuse.
« Nous repenserons les dispositifs d'accueil de l'enfant pour créer
l'allocation unique d'accueil du jeune enfant. Elle sera accordée que la mère
travaille ou non, pour garantir son libre choix.
« Nous devons collectivement travailler à la prise en charge des personnes
âgées et étudier avec précision les difficultés liées à l'allocation
personnalisée d'autonomie pour les départements. »
M. Henri de Raincourt.
Il y a urgence !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Enfin, la loi de 1975 sur les personnes handicapées sera
réformée pour répondre à une légitime attente, celle du droit à la compensation
du handicap. »
M. Jean-Claude Gaudin.
Très bien !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Je souhaite aussi un effort particulier pour lutter contre
toutes les formes de discrimination.
« Cet effort s'accompagnera d'une politique d'immigration qui devra lutter
avec la plus grande fermeté contre les trafics de main-d'oeuvre et
l'immigration illégale tout en favorisant l'insertion des migrants légaux. Le
dispositif du droit d'asile, qui est à l'origine de nombreuses situations
illégales, sera revu et les procédures seront accélérées.
(Très bien ! sur
les travées du RPR et de l'Union centriste).
« Avec la démocratie sociale, la seconde priorité sur laquelle j'entends faire
reposer, demain, une République des proximités, est celle de la démocratie
locale.
« La démocratie locale, c'est plus de décentralisation. C'est une
décentralisation plus vivante. C'est une implication plus grande des citoyens.
Ce sont des citoyens plus responsables.
« Mais la décentralisation, c'est aussi un formidable levier pour la réforme
de l'Etat. C'est l'occasion et le moyen de faire les indispensables réformes de
structure. C'est la possibilité de retrouver une liberté d'action. C'est la
faculté de répondre aux besoins des Français.
« Je vous propose une étape innovante de la décentralisation, fondée sur deux
principes : l'exigence de cohérence, l'impératif de proximité.
« La cohérence, c'est s'assurer que l'ensemble national composé de l'Etat et
des collectivités locales fonctionne de façon harmonieuse en préservant
l'égalité de tous devant la loi. Les disparités territoriales sont trop fortes
dans notre pays.
« La cohérence doit assurer un aménagement du territoire équilibré et être
l'instrument de la solidarité entre les Français. C'est dans le dialogue entre
l'Etat et la région que s'exprime le mieux ce souci de cohérence.
« La proximité, c'est le champ d'action des départements, des communes et de
leurs groupements. Ce sont eux qui ont vocation à assurer les services et à
être maîtres d'ouvrage des équipements de proximité et du développement
local.
« Cet ample mouvement de décentralisation permettra d'abord un nouveau
transfert de compétences au profit des collectivités, qui sera accompagné d'un
transfert des ressources correspondantes. »
(Très bien ! sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE).
M. Henri de Raincourt.
Quel changement ! C'est la révolution !
Mme Nicole Borvo.
On verra !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Il permettra ensuite une nouvelle distribution des rôles en
repensant de manière innovante la relation Etat-région pour plus de cohérence
et plus d'efficacité. Davantage de clarté dans la relation de proximité entre
le département, les communes et leurs groupements est nécessaire.
« Il permettra enfin un encouragement aux initiatives et à la démocratie
locale, qui passe également par l'ouverture d'un droit à l'expérimentation.
« Pour y parvenir, je vous propose une méthode et un calendrier.
« La méthode, c'est la concertation, le pragmatisme et l'expérimentation. Il
ne s'agit pas d'appliquer un schéma idéologique.
« Je souhaite que cette réforme essentielle soit le fruit d'un débat national,
et c'est des collectivités locales elles-mêmes que doit naître le mouvement.
L'expérimentation, c'est la pédagogie de la réforme et la clé de son succès.
« Dès maintenant, j'invite les régions à être audacieuses et à se porter
candidates pour expérimenter certains transferts de compétence dont j'ai
l'intention de discuter la nature et la portée avec tous les acteurs
concernés.
« Quant au calendrier, c'est en premier lieu, et en accord avec le Président
de la République, un projet de loi constitutionnelle au Parlement dès l'automne
prochain. »
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Ah !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Il visera à inscrire la région dans la Constitution,... »
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Et le Conseil supérieur de la magistrature ?
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
... « à autoriser l'expérimentation locale, à favoriser la
coopération entre collectivités et à autoriser la mise en oeuvre de référendums
locaux. Les questions spécifiques à l'outre-mer seront traitées à cette
occasion.
« A l'automne, sera préparé un projet de loi qui comprendra une volet de
transfert de compétences immédiat et général et un volet traçant le cadre des
expérimentations. Il s'agit vraiment d'initier une nouvelle donne des
responsabilités dans notre pays. Il s'agit de donner corps au principe de
subsidiarité, de rapprocher le pouvoir de la vie.
« Enfin, je présenterai devant le Parlement un projet de refonte des textes
liés à l'intercommunalité, aux pays, aux agglomérations et à la démocratie de
proximité afin de simplifier le travail des acteurs locaux
(Applaudissements sur les mêmes travées)
et de sortir des blocages qui
freinent aujourd'hui la dynamique territoriale. Je demande aux associations
représentatives des départements, des communes et de leurs groupements d'en
débattre et de me faire leurs propositions.
« De plus, ces nouveaux textes et l'application complète de la loi de janvier
2002 donneront à nos compatriotes de Corse des chances nouvelles de développer
les atouts spécifiques de leur île. Le plan d'investissement fera l'objet de
procédures efficaces et, surtout, unifiées.
« La relance de la décentralisation s'accompagnera d'une réforme de nos
administrations pour aller vers une vraie administration de services. »
M. Michel Charasse.
« Des tuyauteries simplifiées !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Les Français sont profondément attachés à leurs services
publics. Ils ont raison. Ils en reconnaissent le dévouement et la grande
qualité.
« Et c'est précisément parce que nous croyons à notre service public que nous
devons poser les questions qui conditionnent son avenir.
« Comment assurer aux Français le service public qu'ils attendent ?
« Comment impliquer les fonctionnaires dans la réussite des réformes qu'ils
souhaitent eux-mêmes ?
« Comment aboutir à un juste partage des ressources entre le service public et
le service privé ?
« Dans nos services publics, le service est une valeur. L'administration de
demain doit être une administration de services. Elle doit concentrer ses
efforts sur l'accueil, notamment des plus démunis. Elle doit être présente là
où les Français l'attendent. Elle doit mettre en place des indicateurs
d'efficacité qui permettront d'améliorer sa gestion.
« Cette administration de services, c'est d'abord une administration plus
simple. Je vous demanderai l'autorisation de légiférer par ordonnances pour
simplifier nos législations dans un certain nombre de domaines.
« C'est un service garanti. Dans certains secteurs, les voies d'un dialogue
social plus suivi ont été ouvertes pour prévenir les conflits et faire en sorte
qu'ils ne conduisent qu'exceptionnellement à l'interruption de service dont les
usagers sont les victimes. »
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste ainsi que sur certaines travées du
RDSE)
M. Jacques Mahéas.
Par ordonnance, en plus ! C'est scandaleux !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Je demande aux responsables de nos grands services publics qui
n'y sont pas déjà parvenus d'engager la discussion sur la garantie du service
avec tous les partenaires.
« Une administration de services, c'est enfin une administration qui mobilise
ses moyens là où sont ses besoins.
« La fonction publique va connaître des évolutions importantes aux cours des
prochaines années. L'évolution des territoires, le développement des nouvelles
technologies, les départs en retraite massifs de fonctionnaires, les attentes
nouvelles de nos concitoyens changent la donne. Nous devons relever ces défis
en concentrant nos forces là où sont les besoins essentiels du service
public.
(Très bien ! sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
« L'évolution des effectifs de la fonction publique devra correspondre à ces
besoins. Tous les emplois ne seront pas systématiquement remplacés au fur et à
mesure des départs : selon les secteurs, les effectifs seront accrus,
stabilisés ou réduits.
(Très bien ! sur les mêmes travées.)
« Les réformes seront menées sous la responsabilité des ministres. »
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Lesquels ?
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Ils seront comptables de leurs résultats, devant moi, bien sûr,
mais également devant vous.
« Il convient enfin de renforcer la capacité de réflexion et de prospective
d'un Etat qui doit aussi être un Etat stratège à qui il incombe d'évaluer sur
le long terme les défis de demain. Les outils de prospective de l'Etat seront
adaptés.
« Le renforcement de la démocratie locale, c'est aussi l'aménagement des
territoires, des communes paisibles aux quartiers difficiles. »
M. Jacques Peyrat.
Voilà !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Une refonte profonde des politiques d'aménagement du territoire
est nécessaire : l'Etat devra la définir et la conduire en association avec les
Parlement et les collectivités locales.
« La démocratie locale repose ausi sur les solidarités qui s'organisent autour
du logement. L'Etat doit déployer une stratégie en la matière, mais c'est à
l'échelon local, avec les populations et les élus locaux, que l'appréciation
des besoins est la plus pertinente. La politique du logement sera revue dans ce
sens, comme elle doit être résolument décloisonnée, qu'il s'agisse des
instruments de financement ou des solutions de logement.
« Ces actions en faveur du logement sont indissociables de la politique de la
ville, et j'ai demandé au ministre délégué à la ville de donner davantage de
cohérence à cette politique. Reposant autant sur la gestion du bâti que sur les
mesures de cohésion sociale, elle doit définir un cadre contractuel négocié
avec les élus locaux et les bailleurs sociaux. Ce cadre sera la clé de la
reconquête de ces quartiers difficiles. C'est un enjeu décisif pour notre
pays.
« La politique de destruction des grands ensembles sera accélérée et nous
étendrons les zones franches urbaines : elles ont montré leur efficacité.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
« Faire vivre la démocratie locale, c'est être à l'écoute des préoccupations
de nos concitoyens, et la protection de l'environnement est l'une des premières
d'entre elles. Ce qui est en jeu, c'est la qualité de la vie, mais aussi la
sécurité, la santé de nos concitoyens. « Pour être à la hauteur de ces enjeux,
l'ambition de mon Gouvernement sera de réconcilier, protéger, informer et
transmettre.
« Réconcilier, c'est répondre aux nécessités du présent en ne compromettant
pas les ressources des générations à venir. Une gestion décentralisée et
contractualisée de notre patrimoine naturel sera mise en oeuvre. Je souhaite
fonder la gestion de la faune sauvage et des espaces sur des données
scientifiques établies et partagées et non sur des invectives.
(Très bien ! et applaudissements sur les mêmes travées.)
« Protéger, c'est informer et prévenir.
« Dans l'esprit des Français, la crainte des catastrophes technologiques et
industrielles est à la mesure de leur caractère subit et dévastateur, dont
Toulouse porte encore les stigmates. Une réponse doit y être apportée. C'est le
sens du projet de loi sur les risques technologiques qui vous sera proposé dès
l'automne prochain.
« Pour transmettre cette exigence aux générations à venir, dans la perspective
tracée par le Président de la République, une charte de l'environnement sera
élaborée d'ici à juin 2003. Elle portera au niveau constitutionnel les
principes fondamentaux du développement durable.
« Les préoccupations environnementales doivent être intégrées comme une
dimension essentielle de toutes les politiques publiques.
« Dans le domaine de l'énergie, un grand débat public sera ouvert et suivi
d'un projet de loi d'orientation qui consacrera un rôle accru pour les énergies
renouvelables, mais aussi une place reconnue pour l'énergie nucléaire.
« Les spécificités du nucléaire et les attentes des Français me conduisent à
vous demander de délibérer prochainement sur la transparence et la sûreté du
nucléaire. Trop longtemps promises, des mesures allant dans ce sens doivent
être arrêtées dans les meilleurs délais.
« Notre politique des transports privilégiera elle aussi un développement
soucieux de l'environnement et de limitation des nuisances. Je pense aux grands
projets d'infrastructures dont les effets sur l'environnement et les hommes - à
l'instar des nuisances sonores à proximité des aéroports - devront faire
l'objet d'une attention accrue. »
M. Jean-Guy Branger.
Bravo !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Favoriser les territoires, c'est mener une politique efficace
et coordonnée dans les secteurs qui les structurent, en particulier
l'agriculture et la pêche.
(Marques d'approbation sur les travées du
RPR.)
« Notre agriculture est aujourd'hui marquée par une inquiétude liée au manque
de perspectives alors qu'elle dispose de très solides atouts pour faire valoir
la qualité de nos productions. Par ailleurs, la politique agricole commune est
à la veille de grandes échéances avec l'entrée de nouveaux Etats membres et le
rendez-vous à mi-parcours de la politique agricole commune. Le Gouvernement
veillera à ce que les décisions arrêtées par les chefs d'Etat et de
gouvernement à Berlin en 1999 soient respectées et fera preuve de la plus
grande fermeté face aux tentatives de modifier la politique agricole commune.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du R.P.R., des Républicains
et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
« Le Gouvernement est attaché à un grand objectif : celui d'une agriculture
française performante, écologiquement responsable et économiquement forte.
« Aujourd'hui, la politique commune de la pêche est quant à elle l'objet, de
la part de la Commission européenne, d'une proposition de réforme qui n'est pas
acceptable.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
« La France n'acceptera pas la destruction de sa flotte de pêche,
principalement dans sa composante artisanale, avec le cortège de drames humains
et de difficultés sociales qui l'accompagnerait inévitablement.
(Très bien !
et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
le l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
« Favoriser nos territoires, c'est enfin développer une politique ambitieuse
pour notre outre-mer.
« L'outre-mer est un atout pour la France. Nous combattrons l'inégalité
économique dont sont victimes les collectivités d'outre-mer
(Mme Lucette
Michaux-Chevry applaudit)
en mettant en valeur la logique d'activité et non
plus la logique d'assistance.
(Applaudissements sur les travées du
RPR.)
« Une loi de programme pour l'outre-mer sera soumise au Parlement avant la fin
de l'année. La Constitution sera révisée pour permettre une meilleure prise en
compte de la diversité de l'outre-mer français, dans le cadre du strict respect
des principes d'indivisibilité de la République.
(Applaudissements sur les
travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union
centriste.)
« Pour une France créative : c'est le troisième pilier de l'action que je vous
propose.
« Nous avons de grandes ambitions. La créativité de nos concitoyens, à
l'université comme en entreprise, doit pouvoir se concrétiser pleinement sur
notre territoire. Il est urgent de restaurer notre compétitivité et notre
attractivité pour que les talents et les entrepreneurs français et étrangers
choisissent notre pays pour mettre en oeuvre leurs projets au bénéfice de
l'emploi et de notre niveau de vie.
(Applaudissement sur les travées du RPR
et des Républicains et Indépendants.)
« Cela implique une élan nouveau et audacieux en matière fiscale et
réglementaire. Je ne me résous pas aux délocalisations d'activité. Nos atouts
scientifiques, technologiques, culturels et humains sont considérables. Nous
devons les valoriser.
« Et d'abord, redonner toute sa place au travail dans notre société. »
(Vifs applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
M. Patrick Lassourd.
Enfin !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Le travail est une valeur. Nous devons tout mettre en oeuvre
pour le favoriser. Il n'est pas admissible que le chômage touche autant de nos
concitoyens, en particulier notre jeunesse.
« Notre objectif reste le plein emploi.
« Pour cela, il faut éviter que les impôts et les charges ne découragent le
travail.
« C'est le sens de la baisse d'impôt. C'est le sens de la baisse des charges
que nous engageons de façon résolue.
« Les baisses de charges constituent la clef de voûte de notre stratégie, non
pas par idéologie, mais tout simplement "parce que ça marche".
(Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
« Mon gouvernement va renouer avec cette politique, en faisant bénéficier
dans un premier temps les jeunes peu qualifiés, dont le taux de chômage, qui a
beaucoup progressé depuis un an, est deux fois plus élevé que la moyenne
nationale.
« Vous serez saisis au cours de cette session extraordinaire d'un projet de
loi favorisant l'emploi des jeunes peu qualifiés. Il prévoira une exonération
complète des charges applicable au 1er juillet 2002. Nous développerons ainsi
de vrais contrats jeunes dans le secteur privé.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
« Pour les jeunes prêts à s'y investir, nous instaurerons un contrat
d'insertion dans la vie sociale. Il offrira une garantie de revenus aux jeunes
sans diplôme et sans emploi qui accepteront de s'engager. Ce contrat sera mis
en place dans les prochains mois.
« Mais, au-delà de mesures spécifiques pour les jeunes, c'est un abaissement
global des charges sociales que nous visons. Il viendra simplifier les
multiples mesures qui existent et qui compliquent la vie des entreprises.
« D'une manière générale, la simplification de notre code du travail est
nécessaire car notre droit du travail est devenu trop complexe : il doit être
rendu plus lisible et modernisé.
« Parallèlement, je souhaite traiter rapidement un sujet qui entrave la
volonté de certains salariés de travailler davantage et le développement de
nombreuses entreprises. Je veux parler des "35 heures".
(Ah ! sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
« La durée légale du travail ne sera pas remise en cause, mais des
assouplissements sont nécessaires.
(Oui ! sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union
centriste.)
La méthode autoritaire suivie pour réformer le temps de
travail a conduit à freiner la progression du pouvoir d'achat des salariés et à
ignorer nombre de réalités économiques. »
M. Jean-Claude Gaudin.
C'est vrai !
M. Hilaire Flandre.
Tout à fait !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Elle a entraîné des incohérences et des injustices, notamment
en ce qui concerne le SMIC.
« Nous allons y remédier.
(Très bien ! sur les mêmes travées.)
« De même, la loi dite de modernisation sociale a été justement critiquée
pour n'avoir pas fait l'objet de concertation. Elle sera réformée et
simplifiée. L'assurance emploi, que j'évoquais tout à l'heure, y aidera.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
« Qu'il s'agisse des "35 heures", de l'harmonisation du SMIC, des charges
sociales ou de la simplification de la loi dite de modernisation sociale,
j'invite les partenaires sociaux à engager dès maintenant entre eux et avec le
ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité les discussions
nécessaires.
« Je suis disposé à en tirer le plus vite possible les conséquences
législatives ou réglementaires. »
M. Roland Courteau.
C'est la marche arrière !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Nous devons créer les conditions d'une croissance forte et
durable. Nous allons nous y employer en menant de front baisse des
prélèvements, réduction des déficits et réformes économiques. « La baisse des
impôts permet de soutenir l'activité et l'initiative ; la baisse des charges de
soutenir l'emploi.
« Nous engagerons parallèlement la réduction des déficits. Il ne servirait à
rien de baisser les prélèvements si les Français n'avaient pas la garantie que
cette baisse est durable. C'est dans la capacité que nous aurons à conduire les
réformes structurelles dont le pays a besoin que nous trouverons les marges de
manoeuvre nécessaires.
« L'audit qui vient d'être rendu public dans cet esprit de transparence le
montre sans ambiguïté : le déficit de nos finances publiques est trop
important. Il faut y remédier.
« Au-delà, nous devons favoriser l'activité, parce que la France est en
retard, et relever le défi de l'emploi des salariés de plus de cinquante ans.
C'est une véritable révolution culturelle que nous devons engager.
« Dans le même esprit, la prime pour l'emploi sera adaptée, notamment en
faveur des travailleurs à temps partiel, pour qu'elle devienne un véritable
instrument de justice sociale et de valorisation du travail.
« Je souhaite enfin un partage plus équilibré des fruits de la croissance. Au
cours des dernières années, les prélèvements ont préempté une part trop
importante des richesses produites. Dans cet esprit vous sera proposée dès ce
mois de juillet, conformément aux engagements pris, une baisse de 5 % de
l'impôt sur le revenu.
« Elle sera effective à l'automne prochain. La simplicité a été retenue. »
M. Michel Charasse.
Le simplisme !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Il s'agira d'une réduction de 5 % de l'impôt pour tous les
contribuables. »
(Protestations sur les travées socialistes et sur celles du groupe communistre
républicain et citoyen.)
Mme Hélène Luc.
Ce n'est pas juste !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Cette réduction est une étape vers l'objectif de baisse d'un
tiers de l'impôt sur le revenu. Son rythme dépendra de la vigueur de la
croissance économique.
« La baisse de la fiscalité sur les entreprises sera également engagée, avec
l'objectif de rejoindre la moyenne européenne. « Notre priorité sera la taxe
professionnelle et l'impôt sur les sociétés. De même, je suis déterminé à
convaincre nos partenaires de la nécessité de baisser à 5,5 % le taux de TVA
pour la restauration, car il s'agit d'un secteur très créateur d'emplois.
(Vifs applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
« Recentrer l'Etat sur ses missions essentielles, c'est également redéfinir
son intervention dans le champ économique.
« Notre approche sera pragmatique. Elle nous conduira à analyser les projets
d'ouverture de capital ou de privatisation au cas par cas, en tenant compte
d'abord de l'intérêt des entreprises et de leurs perspectives d'alliances et de
développement.
« Une telle politique ne peut se concevoir que sur la durée de la
législature.
« D'une manière générale, l'Etat a vocation à se retirer du secteur
concurrentiel sauf lorsque des intérêts stratégiques sont en jeu.
« Dans le domaine de l'énergie, notre pays dispose de deux grandes entreprises
de réputation mondiale.
« Elles doivent assurer les missions de service public de façon équitable et
solidaire sur l'ensemble du territoire national. »
M. Pierre Hérisson.
Très bien !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« C'est un impératif. Mais elles doivent aussi être dotées des
mêmes armes que leurs concurrents européens pour tirer pleinement profit du
marché européen de l'énergie et pouvoir réaliser leur projet industriel et leur
projet social. »
M. Adrien Gouteyron.
Bien sûr !
M. Gérard Larcher.
Très bien !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Leurs savoir-faire techniques et la qualité de leur personnel
constituent des atouts reconnus et enviés. Ils sont le garant le plus précieux
de leur avenir.
« Pour qu'elles puissent nouer des alliances et développer leur stratégie en
Europe et dans le monde tout en respectant toutes les exigences du service
public, leur forme juridique sera modifiée pour permettre une ouverture
progressive de leur capital, tout en demeurant dans le secteur public. »
M. Roland Courteau.
C'est dit !
Mme Hélène Luc.
Ah !
M. Ladislas Poniatowski.
C'est une très bonne chose !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Ces évolutions feront, bien sûr, l'objet d'une consultation
préalable avec, en particulier, les agents de ces entreprises et leurs
représentants. Le statut du personnel actuel sera maintenu et le système
spécifique de retraite recevra les garanties nécessaires. »
Mme Nicole Borvo.
Ah !
M. Jacques Valade.
Très bien !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Une France créative, c'est une France qui mise sur
l'innovation.
« Les meilleures armes de notre compétitivité internationale se situent dans
nos entreprises, dans nos laboratoires et nos universités. Mon objectif est
que, conformément au souhait du Président de la République, 3 % du PIB soient
consacrés à la recherche publique et privée à l'horizon 2010.
(M. Lanier
approuve.)
« C'est aussi la nécessité d'ancrer notre pays dans la société de
l'information. La diffusion des technologies de l'information, et tout
particulièrement de l'internet, est indispensable à la construction d'une
société de l'intelligence, et ces outils, bien utilisés, sont des facteurs de
notre compétitivité et de la création d'emplois.
« J'entends lutter contre les retards, les inégalités et les fractures
sociales ou territoriales,... »
Mme Hélène Luc.
Ah !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« ..., qu'elles concernent l'équipement ou l'accès au haut débit.
L'adaptation de notre droit à la société en réseau sera accélérée.
« Le soutien à la création d'entreprises sera un autre axe fort de l'action de
mon gouvernement. Parce que notre pays compte moins d'entreprises que ses
principaux voisins. Parce que plus d'entreprises, c'est plus d'emplois !
« Notre objectif, c'est un million d'entreprises nouvelles au cours de la
législature. Ces entreprises, et tout particulièrement les PME, contribuent de
manière essentielle au dynamisme de notre pays. Le prérapport sur la création
d'entreprises que j'ai demandé dès mon arrivée m'a été remis. Le secrétaire
d'Etat aux PME préparera immédiatement les mesures et les réformes nécessaires,
en concertation avec les professionnels en mettant l'accent sur l'impératif de
simplification. »
M. Jean-Claude Gaudin.
Il saura le faire !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Des dispositions spécifiques aux jeunes entreprises
technologiques permettront de retenir en France nos créateurs les plus
innovants.
« Une France créative, c'est une France qui utilise pleinement ses
potentiels.
« Et d'abord notre école. »
Mme Hélène Luc.
Ah !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« L'école de l'égalité des chances est le plus ancien fondement
de notre cohésion républicaine. »
M. Jean-Claude Gaudin.
Il y a du travail !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Notre système de formation doit faire en sorte que cette
égalité des chances reste une réalité à tous les stades de la vie
professionnelle.
« Malgré le dévouement des enseignants et de tous les acteurs de la communauté
éducative, l'école ne parvient plus à remplir cette mission. »
M. Jacques Peyrat.
Hélas !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Soixante mille jeunes sortent de notre système éducatif sans
aucun diplôme ni qualification. C'est inacceptable pour la nation.
« J'ai demandé au ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la
recherche de s'attaquer en priorité aux grandes causes de la fracture scolaire.
»
Mme Nicole Borvo.
Ah !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« La première de ces causes, c'est l'illettrisme, contre lequel
j'entends vigoureusement lutter. Dès la prochaine rentrée scolaire, un plan
pour améliorer les apprentissages de base à l'école primaire sera engagé.
« La valorisation de l'enseignement professionnel est une nécessité.
Permettons à chacun d'exprimer ses talents dans la voie qui lui est propre. Les
expériences existantes seront étendues et des passerelles entre les voies
technologique, professionnelle et générale seront mises en place.
« Notre troisième priorité sera de lutter contre l'échec en premier cycle
universitaire.
« Enfin, les vocations scientifiques seront encouragées afin de revaloriser la
science, car notre université ne forme plus assez de jeunes capables de
soutenir notre effort d'innovation. »
MM. Gérard Larcher et Jacques Valade.
Très bien !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Pour renforcer nos potentiels, nous avons besoin de nos
écrivains, de nos penseurs et de nos artistes. L'Etat continuera à soutenir la
création et à défendre les droits des créateurs. Dans cet esprit, je déposerai
au Parlement le projet de loi relatif au droit de prêt et au renforcement de la
protection sociale des auteurs.
« Evidemment, l'Etat ne sera pas le seul acteur, et je souhaite que soient
clarifiées les ambiguïtés existantes dans un secteur largement tenu à l'écart
de la décentralisation.
« Dans le domaine du patrimoine, une loi-programme sera lancée. Elle
renforcera le rôle des collectivités locales, l'Etat conservant ses fonctions
de garant de la cohérence. Il en ira de même pour les bibliothèques,
équipements culturels de proximité les plus fréquentés par nos concitoyens.
« Le Gouvernement relancera la politique du mécénat par un renforcement du
dispositif d'incitations fiscales ainsi que par une simplification des
procédures de création des fondations.
« Nous devons aussi encourager la vitalité de nos industries culturelles, et
c'est pourquoi le Gouvernement souhaite la baisse de la TVA sur le prix du
disque.
« Dans le domaine de l'audiovisuel, le Gouvernement se montrera attaché à la
liberté des initiatives, mais aussi à la défense de la qualité d'un service
public qui doit constituer une référence.
« Parmi les facteurs de cohésion de notre société, il y a le sport. Au-delà
même de l'épanouissement personnel qu'il procure, il a un rôle éminent à jouer
dans la cité. Des états généraux seront lancés à l'automne sur l'initiative du
ministre des sports. Ils seront l'occasion de réfléchir à l'ensemble des
enjeux.
« Quatrième colonne de notre projet : la France en Europe pour l'humanisation
de la planète. « Il faut d'abord donner un nouveau souffle au projet
européen.
« Le projet européen n'a pas perdu de sa magie. L'idée européenne, humaniste
et pacificatrice, conserve son potentiel d'émotion et de séduction.
« C'est l'Europe institutionnelle telle qu'elle est souvent perçue, froide et
technocratique, éloignée des préoccupations des citoyens, qui ne fait plus
battre les coeurs.
« Il nous faut une Europe plus démocratique. Une Europe des hommes. C'est elle
qu'il faut faire avancer.
« Bien sûr, l'Europe, c'est aussi l'euro. C'est d'ores et déjà un grand
succès. Nous n'en avons pas encore tiré tous les bénéfices : l'Europe
économique n'est pas achevée. Nous devons, avec nos partenaires, approfondir le
marché unique, comme nous devons renforcer la coordination de nos politiques
économiques. Nous devons enfin progresser sur la voie d'une plus grande
harmonisation de nos fiscalités.
« Je m'y emploierai, comme je serai très soucieux de renforcer l'Europe
sociale.
« Avec l'élargissement et la réforme de ses institutions, l'Europe est à un
tournant important de son histoire.
« Nous attendons beaucoup de la Convention présidée par le président Valéry
Giscard d'Estaing. Elle dessinera les contours de notre nouvelle Europe.
« Une constitution européenne affirmera clairement nos valeurs communes. Elle
simplifiera le texte des traités et précisera qui fait quoi dans l'Union : elle
exprimera l'identité européenne.
« Je souhaite, avec le Président de la République, que la vision de l'Europe
qui s'exprimera soit celle d'une fédération d'Etats-nations. La nation est plus
que jamais vivante et restera le moteur de l'histoire.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, ainsi que sur
certaines travées des Républicains et Indépendants et de l'Union
centriste.)
« Dans la construction politique de l'Europe, nous devrons mieux associer les
parlements nationaux et le Parlement européen et élire les députés européens
sur une base de liste régionale.
(Mêmes mouvements sur les mêmes travées.)
C'est leur permettre de rendre
des comptes à leurs électeurs et d'être ainsi plus proches d'eux.
« L'élargissement à dix nouveaux pays, puis à d'autres, constitue un moment
décisif. Cet élargissement, nous ne le subissons pas. Il s'inscrit dans la
continuation du projet européen des origines, qui a enthousiasmé nos peuples et
qui conserve tout son sens aujourd'hui. « Avec nos amis allemands, nous devons
être moteur de cette Europe à venir.
« Sur l'initiative du Président de la République, un nouveau pacte fondateur
entre la France et l'Allemagne sera proposé à l'occasion du quarantième
anniversaire du traité de l'Elysée.
« Enfin, je m'engage à accélérer la transposition des directives européennes
dans notre législation, car nous sommes parmi les derniers en Europe.
« Vous le voyez, la politique du Gouvernement inscrira résolument l'Europe au
coeur de son action. J'y attacherai personnellement une attention constante.
« Plus largement, mon gouvernement sera à la pointe des initiatives pour
construire une nouvelle gouvernance mondiale.
« La France défendra d'abord la primauté du droit sur le fait accompli. Sans
un système multilatéral fort, seuls les rapports de force comptent. Sans règles
internationales, ce sont les plus vulnérables, les pays en développement, qui
souffriront le plus.
« Le cycle de négociations commerciales qui s'est ouvert en novembre 2001 à la
conférence de Doha couvre de nombreux sujets. Le Gouvernement sera
particulièrement vigilant s'agissant du volet agricole de ces négociations et
de la diversité culturelle, qui est pour nous un principe intangible.
« Assurer la stabilité et la croissance de l'économie mondiale, c'est aussi
trouver une réponse aux crises financières. Des progrès ont été accomplis ces
dernières années. Ils ne sont pas encore suffisants. La France entend faire
progresser ces sujets, notamment dans le cadre de la présidence du G7, qu'elle
exercera l'année prochaine.
« La mondialisation ne saurait avoir pour prix la rupture de nos solidarités.
Elle n'est pas une fin en soi. Nous devons construire une nouvelle gouvernance
mondiale.
« Cela implique pour la France d'être active dans toutes les instances où est
débattue et défendue la dimension humaine de la mondialisation. Je pense
notamment au travail des enfants et à la condition de la femme.
« Cela implique aussi plus de solidarité. Le Président de la République a fixé
comme objectif que notre aide augmente de 50 % en cinq ans, mettant ainsi fin à
une période de régression et de stagnation.
« Notre aide bilatérale doit retrouver une place accrue et nous permettre de
reprendre des initiatives. »
(Très bien ! et vifs applaudissements sur les
travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi
que sur certaines travées du RDSE.)
M. Michel Charasse.
Ah !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« C'est vers les plus pauvres et les plus proches que doivent en
priorité se diriger nos efforts.
« L'Afrique en sera la principale bénéficiaire. Le "nouveau partenariat pour
le développement" doit être mis à profit pour reconstruire une relation
porteuse de croissance, de démocratie et de stabilité.
« Pour cela, notre outil de coopération sera rationalisé avec le double souci
de le rendre plus efficace et d'y associer les partenaires de l'Etat :
organismes représentatifs de la société civile, associations caricatives,
collectivités locales et entreprises.
« Pour la défense de l'environnement et la généralisation du développement
durable, la France plaidera notamment au prochain rendez-vous de Johannesburg
pour une organisation mondiale de l'environnement.
« La négociation de nouvelles "règles du jeu" de la mondialisation devra être
effectuée en étroite association avec les élus de la nation.
« Enfin, quand nous soutenons la francophonie, notre objectif n'est pas de
ressusciter un passé révolu ou de créer des clivages. Il s'agit bien au
contraire de construire, avec les cinquante et un Etats et gouvernements de
l'Organisation internationale de la francophonie, un modèle politique et
culturel moderne qui offre une alternative à la tentation du nivellement des
cultures. »
M. Gérard Larcher.
Très bien !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés
locales.
« Monsieur le président, mesdames et messieurs les sénateurs, la
politique ne peut plus promettre des lendemains qui chantent et repousser
toujours la résolution des problèmes quotidiens.
(Très bien ! et applaudissements sur les mêmes travées.)
« Je vous propose d'inverser la démarche : améliorons le quotidien pour vivre
mieux l'avenir, tous ensemble.
« Vous l'avez compris, notre projet réconcilie actions et convictions.
« Ce projet est sans arrogance, il appelle votre confiance. Il est né au sein
de la majorité présidentielle devenue majorité parlementaire : majorité
d'union, majorité d'action.
« Vous pourrez compter sur notre courage, nous voulons compter sur votre
confiance.
« La confiance est la valeur démocratique la plus précieuse.
« Confiance du peuple, confiance du Parlement, confiance du Président.
« La confiance est la clef du mouvement.
« Confiance pour la croissance, confiance pour l'espérance, confiance pour la
France.
« Conformément au premier alinéa de l'article 49 de la Constitution, et après
y avoir été autorisé par le conseil des ministres, j'engage la responsabilité
de mon gouvernement sur cette déclaration de politique générale. »
(Mmes et MM. les sénateurs du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste, ainsi que certains sénateurs du RDSE, se lèvent et
applaudissent longuement.)
M. le président.
Acte est donné de la déclaration de politique générale dont il vient d'être
donné lecture au Sénat.
Le texte de cette déclaration sera imprimé sous le numéro 346 et distribué.
5