B. LES PROGRAMMES « UNIVERSITÉ 2000 » ET « UNIVERSITÉ DU TROISIÈME MILLÉNAIRE » : UNE NOUVELLE ÉTAPE DANS L'ORGANISATION DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR EN FRANCE
1. Le plan Université 2000 et la vague des antennes universitaires et IUT
Le Plan
Université 2000 est sans doute l'étape qui a le plus
modifié la carte universitaire, après la période de fortes
créations entre 1960 et 1975. Si les lois de décentralisation de
1982 ne donnaient pas de compétences aux collectivités en
matière d'enseignement supérieur, les contrats de plan
Etat-Région associent dorénavant « de plus en plus
fréquemment l'Etat central (le ministère de l'Education
Nationale) et les collectivités locales sur des opérations
ponctuelles d'investissement universitaire » (DATAR, 1998).
Les trois générations de contrat de plans successives entre 1984
et 1999, se caractérisent par une augmentation spectaculaire des
crédits consacrés à l'enseignement supérieur et
à la recherche (2,5 milliards pour 1984-1988, 8,7 milliards pour
1989-1993 et 13,5 milliards pour 1994-1999).
Le plan Université 2000 a ainsi permis d'absorber une forte croissance
de la démographie étudiante. Il a abouti à une
amélioration du maillage national des implantations universitaires et
notamment des IUT (Figure 7.1).
Si à la fin des années 90, aucune commune n'est située
à moins de 150 km d'une université, une dizaine de
départements plutôt ruraux (l'Yonne, Haute-Marne, Lot, Creuse,
Jura, Ardèche, Lozère, Ariège, Alpes-de-Haute-Provence,
Tarn-et-Garonne) n'abrite aucune structure universitaire (ni université,
ni antenne et pas d'IUT), alors que ce nombre était proche de 50 en
1975.
Par contre, à l'inverse, les départements les mieux
équipés sont les plus urbanisés, ce qui suscite encore
actuellement un certain mécontentement de la part des élus des
villes moyennes.
2. Le plan U3M : pour une amélioration des conditions d'enseignement
Succédant au schéma Université 2000, le
plan
U3M « Université du troisième
millénaire » est lancé dans un contexte de
décroissance de la démographie étudiante.
Calé sur la période des contrats de plan 2000-2006, l'objectif de
ce plan est non pas de privilégier les aspects quantitatifs (nombre de
places) mais les aspects qualitatifs. Ainsi la priorité absolue n'est
plus l'accueil d'étudiants et la construction de mètres
carrés supplémentaires.
Le plan U3M doit permettre en effet d'optimiser l'organisation des
établissements d'enseignement supérieur et de recherche
existants, de les mettre en réseaux grâce au développement
des nouvelles technologies, et de les ouvrir davantage sur le milieu
socio-économique en favorisant les liens
enseignement-recherche-entreprises.
Le contexte d'U3M « Université du troisième
millénaire » : une réorientation qualitative des
structures universitaires
-
Ø Un maillage des implantations de plus en plus fin pour une
accessibilité meilleure.
Ø L'interdiction de créer des départements universitaires dans les villes universitaires.
Ø L'exclusion de tout projet de création d'universités traditionnelles.
Figure
7.1 - Les sites d'enseignement supérieur de 1 000
étudiants et plus en 1999 - 2000
Source : DATAR, Aménager la France de 2020 -
Mettre
les territoires en mouvement, Paris,
La Documentation française,
2002, p. 24
Pour les IUT, il s'agit avant tout de compléter les sites existants hors
des villes sièges d'universités, sauf dans quelques cas où
cette création serait liée à un meilleur accueil des
bacheliers technologiques.
Si la création d'universités traditionnelles est a priori exclue
pendant la période du plan (2000-2006), certaines
spécificités régionales liées notamment aux
reconversions industrielles pourront justifier la création d'un nombre
limité d'universités de technologie prévue par la loi
relative à l'enseignement technologique du 23 décembre 1985.
Les constructions concernent en priorité les universités
où existent soit des déficits avérés de locaux,
soit des nécessités de reconstruction ou de restructuration
lourde.
Le but est de mieux équilibrer le territoire en matière
d'implantation d'établissements de recherche et d'enseignement de
3
e
cycle.
Un quart des crédits du volet U3M des CPER a été
affecté à la vie étudiante, afin d'encourager le
développement de la restauration étudiante, le
développement des équipements sportifs et culturels, enfin la
construction de bibliothèques et de salles de travail.
La figure 7.2 montre qu'à l'issue de l'application des deux programmes
(Plan U2000 et U3M) « l'enseignement supérieur français
est largement diffusé sur le territoire, à partir notamment d'un
réseau de quatre-vingt universités. Dans ce cadre, le plan U3M,
qui comprend également des mesures en matière de recherche et
d'innovation, vise à parfaire le maillage territorial par quelques
nouveaux sites, en nombre très limité. Il privilégie
l'organisation et le développement de coopérations
territoriales :
-
• au sein des agglomérations : plates formes technologiques
dans les villes moyennes afin de mettre en réseau les
établissements en liaison avec le développement local ;
coopérations inter-universitaires dans les grandes métropoles,
siège de plusieurs universités (Lille, Paris, Rennes, Bordeaux,
Strasbourg, etc ...) ;
• au sein des régions (entre les différents sites et les différents types d'établissements), voire à l'échelle interrégionale. » 24( * )