Industrie
Jean CLOUET
Table des matières
- I. LA CONSTELLATION INDUSTRIE DANS LA NÉBULEUSE DE BERCY
-
II. PRÉSENTATION ET ÉVOLUTION DES
CRÉDITS POUR 2002
- A. EN SUIVANT LE MODÈLE DU « BLEU » DE L'ÉCONOMIE, DES FINANCES ET DE L'INDUSTRIE
- B. SELON LA VENTILATION PROPOSÉE PAR VOTRE RAPPORTEUR
- III. PRINCIPALES OBSERVATIONS
I. LA CONSTELLATION INDUSTRIE DANS LA NÉBULEUSE DE BERCY
A. UN ENSEMBLE FLOU D'AGRÉGATS
1. Quatre agrégats traditionnels
Selon
leur finalité ou leur affectation, les crédits du gigantesque
ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie font
l'objet de regroupements en agrégats.
Le « bleu » de la loi de finances pour 2002 en distingue
pas moins de 32.
Quatre de ceux-ci rassemblent, traditionnellement, des moyens qui financent
spécifiquement l'action du secrétariat d'État à
l'Industrie.
Ce sont les agrégats :
- 21 : « Énergie et matières
premières »
- 22 : « Développement des PMI, recherche industrielle et
innovation »
- 23 : « Action sur l'environnement et le développement
de la compétitivité des entreprises »
- 24 : « Accompagnement des mutations industrielles ».
L'examen détaillé des crédits ainsi agrégés
dans ces quatre ensembles (voir plus loin) révèle que :
- ces différents moyens ne sont pas exclusivement consacrés
à la mise en oeuvre d'une véritable politique industrielle et ne
constituent pas, à proprement parler, un véritable budget ;
- la distinction ainsi effectuée entre les différentes actions du
secrétariat d'État n'est pas satisfaisante
1(
*
)
.
Votre rapporteur l'avait qualifiée, l'an dernier de
« fruste », et avait déploré, une fois de
plus, que les moyens de fonctionnement (personnel et matériel) du
secrétariat d'État à l'Industrie n'y figurent pas et ne
soient même pas individualisés ailleurs dans le
« bleu » du ministère.
2. Un cinquième nouvel agrégat
Est-ce
pour lui donner partiellement satisfaction sur ce dernier point qu'est
créé cette année un nouvel agrégat 18
intitulé « Services de l'action régionale pour la
sécurité et la compétitivité
industrielle » ?
Celui-ci, cependant, ne concerne pas seulement les moyens et les actions du
secrétariat d'État à l'industrie.
Y sont, en effet, récapitulés les dépenses ordinaires, les
crédits d'études ainsi que les moyens d'équipement des
DRIRE (directions régionales de l'industrie, de la recherche et de
l'environnement). Or, ces services de terrain ont un caractère
interministériel
2(
*
)
. Plusieurs de leurs
missions relèvent, notamment, des responsabilités du
département de l'environnement au budget duquel sont inscrits, pour
cette raison, certains crédits afférents à la composante
« prévention des pollutions et des risques » du
nouvel agrégat.
3. Quelques changements de périmètres
Tout
ceci ne facilite pas la lecture des documents budgétaires, d'autant que
différentes « mesures d'ordre » -peu importantes, il
est vrai- affectent, cette année encore, le périmètre des
crédits de l'industrie (création de lignes spécifiques
consécutives à l'installation d'un médiateur de la Poste
et d'un délégué pour les questions de sûreté
nucléaire et de radioprotection intéressant la
Défense ; transfert au secrétariat d'État aux PME des
crédits de l'Agence pour la création d'entreprises, incorporation
dans le nouvel agrégat susvisé de certains crédits
d'études...).
Les intitulés de certaines lignes budgétaires (relatives
notamment à « l'après mines ») sont
modifiés sans que le contenu des actions qu'elles financent s'en trouve
modifié.
La provision constituée en vue de la scission de l'IPSN (Institut de
Protection et de Sûreté Nucléaire) d'avec le CEA
disparaît, comme suite à la réalisation effective de
l'opération en question, durant l'année 2001.
II. PRÉSENTATION ET ÉVOLUTION DES CRÉDITS POUR 2002
A. EN SUIVANT LE MODÈLE DU « BLEU » DE L'ÉCONOMIE, DES FINANCES ET DE L'INDUSTRIE
1. Montant des principaux agrégats (en M€)
a) hors DRIRE
-
Énergie et matières premières 509
- PMI, recherche et innovation 460,5
- Amélioration de l'environnement
et de la compétitivité des entreprises 681
- Accompagnement des mutations industrielles 645
b) actions de la DRIRE
-
Actions régionales pour la sécurité et
la compétitivité industrielles (nouveau) 143
Total
2.438,5
(D.O.+C.P.)
2. Un effritement global en loi de finances initiale
Les
crédits de l'industrie récapitulés dans les cinq
agrégats qui lui sont désormais consacrés se montent pour
2002 à 2.438,5 millions d'euros, soit environ 16 milliards de
francs.
Ceux qui sont regroupés dans les quatre agrégats traditionnels du
secrétariat d'État (c'est-à-dire en-dehors des
dépenses d'équipement et de fonctionnement des DRIRE)
régressent pour leur part de 3,64 %, passant de 15,6 à
15,06 milliards de francs (environ 100 M€).
3. Une évolution peu significative
Cet
effritement des crédits destinés par la loi de finances initiale
à l'industrie est, en fait, peu significatif.
En effet, des crédits d'un montant important sont soit :
a) reportés de l'exercice précédent
Reports 2000/2001
(en millions d'€)
384,3
dont
ch. 66-01 - développement de la recherche industrielle et innovation 88,4
ch.
64-93 - aide à l'équipement naval 81,6
ch. 64-96 - restructurations industrielles 78,6
ch. 54-93 - études 71,13
b) transférés du budget de la Défense à celui de l'Industrie pour l'exécution d'objectifs communs (CEA, infrastructures pétrolières)
Les sommes en cause ont dépassé, en crédits de paiement, un milliard d'euros en 2000, et se montaient, pour 2001, à 585 MF (89,2 M€) à la date du 21 septembre.
c) modifiés en cours d'exercice (ouvertures, gels, annulations)
Plus de
90 M€de subventions d'investissement ont ainsi été
annulées en 2000 au titre VI dont 85 M€ au chapitre 66-01 (en
liaison avec les reports importants signalés plus haut)
Par ailleurs, l'ANVAR (agence nationale de valorisation de la recherche), du
fait du remboursement d'avances qu'elle a précédemment consentis
ou de reports, dispose généralement de crédits d'un
montant presque deux fois supérieur à celui inscrit en loi de
finances initiale.
4. Des marges de manoeuvre réduites
Les quatre plus grosses dotations ci-après représentent, ensemble, encore plus de la moitié (55 %) des crédits de l'industrie (hors fonctionnement et équipement des DRIRE) :
- subvention au CEA (titres IV et VI) 424 M€
-
transport de presse (ch. 44-80-60) 289,6 M€
- subvention à Charbonnage de France (ch. 45-10-10) 447 M€
- aide à la construction navale (ch. 64-93)
71,13 M€
1.264,3 M€
En ajoutant à la subvention à Charbonnages de France, et aux
autres grosses dotations évoquées plus haut, le reliquat des
dépenses de restructuration et de reconversion (agrégat 24), ce
sont près des deux tiers des crédits de l'industrie (63,7 %)
qui se trouvent affectés d'une grande inertie.
Cependant, les crédits consacrés à
l'équipement naval diminuent fortement, sous l'effet de la limitation
communautaire des aides autorisées (- 25 %) et la subvention
à CDF (Charbonnages de France) est stabilisée (- 2 %).
Seule, dans cet ensemble, la subvention au Commissariat à
l'énergie atomique (CEA) correspond à la préparation de
l'avenir. Si cet objectif avait été mieux exécuté,
le poids de « l'accompagnement des mutations » ne serait
pas si lourd. Quant à l'aide au transport postal de la presse, son lien
avec la politique industrielle est loin d'être évident !
B. SELON LA VENTILATION PROPOSÉE PAR VOTRE RAPPORTEUR
1. Les regroupements de crédits opérés au sein du bleu de l'économie, des finances et de l'industrie sont discutables
Comme
votre rapporteur l'avait fait valoir l'an dernier, les regroupements de
crédits de l'industrie effectués au sein du bleu du
ministère de la rue de Bercy ne lui paraissent pas très heureux
en raison, essentiellement, du caractère
« fourre-tout » de l'agrégat n° 23
« action sur l'environnement et le développement de la
compétitivité des entreprises ».
Outre l'aide postale, précitée, au transport de la presse, il
comprend en effet des crédits, quelque peu hétéroclites
respectivement destinés à :
la formation (subventions à des écoles comme les mines de
Paris ou Supelec) ;
le développement de la normalisation et de la certification et la
promotion de la qualité des produits ;
le contrôle et la régulation des
télécommunications (Agence nationale des fréquences et
Agence de régulation des télécommunications).
Au total, la poste et les télécommunications, mobilisent plus de
60 % de cet ensemble de dépenses.
Par ailleurs, en ce qui concerne l'agrégat 24, le terme
« mutations », trop englobant, peut prêter à
des confusions avec d'autres objectifs (recherche, développement,
compétitivité). Mieux vaut, semble-t-il, évoquer des
« restructurations ou reconversions » (même si
l'usage de ces termes est un peu un aveu d'échec d'anticipation
industrielle).
2. Une présentation selon des finalités plus nombreuses rend mieux compte de la réalité des dépenses
La
présentation détaillée des crédits qui suit, a
l'avantage de reposer sur une distinction, plus fine que celle qui
résulte de la répartition par agrégat.
Huit domaines sont ainsi différenciés :
énergie et matières premières
innovation et recherche
action en faveur des PMI (petites et moyennes industries) et du
développement local
amélioration de l'environnement et de la compétitivité des
entreprises
actions de formation
normalisation et promotion de la qualité
postes et télécommunications
restructurations et conversions
Cette ventilation, toutefois, n'est pas parfaite, car des chevauchements entre
différents objectifs sont inévitables :
La formation par exemple (domaine 5) concerne aussi les postes et
télécommunications (domaine 7) ainsi que les actions en faveur
des PMI (domaine 3), dans la mesure où certaines écoles
d'ingénieurs contribuent à des créations d'entreprises ou
à des transferts de technologie.
Enfin, l'amélioration de l'environnement et de la
compétitivité des entreprises (domaine 4) peut
bénéficier aux PMI comme aux autres.
3. Principales conclusions
Le
tableau ci-dessus fait apparaître que :
a) Les différentes actions du secrétariat d'Etat ne se
rattachent pas toutes à la mise en oeuvre d'une véritable
politique industrielle.
Elles se déclinent thématiquement (énergie, recherche,
formation), sectoriellement (construction navale, charbon, atome...),
géographiquement (développement local) et selon la dimension des
entreprises (PMI ou autres).
b) Des marges de manoeuvre assez importantes se dégagent au titre
des dépenses de restructuration et de reconversion (42,2 M€,
soit 277 MF), du fait notamment de la baisse, conforme aux
décisions de Bruxelles, des aides à la construction navale.
Mais seules deux véritables priorités apparaissent en
contrepartie :
- la formation (+ 0,75 M€ au chapitre 43-01 et surtout
+ 11 M€ pour le Groupe des Ecoles de
Télécommunications) ;
- l'« après mines », avec de fortes
augmentations de crédits à la fois en pourcentage
(+ 41 % au chapitre 44-80 et +91 % au chapitre 57-91) et en
valeur absolue (+ 31,5 M€ pour l'ensemble des lignes
budgétaires concernées).
c) Les autres principaux écarts constatés dans
l'évolution détaillée des crédits retracée
dans le tableau qui précède s'expliquent par des raisons
techniques ou ponctuelles :
- diminution apparente au chapitre 66-01 (développement de la
recherche et innovation) mais, compte tenu des reports, le volume des
engagements reste constant ;
- reports, importants également, en ce qui concerne les actions du
Fonds de soutien des hydrocarbures, d'où la diminution de l'article 30
du chapitre 62-92 ;
- remise en ordre de la gestion de l'ADEME (agence pour le
développement et la maîtrise de l'énergie) qui
entraîne une forte diminution de crédits de paiement à
l'article 10 du chapitre 62-92 (voir observations) ;
- poursuite par l'ANDRA de son inventaire national de
référence de tous les déchets radioactifs qui justifie
l'augmentation de l'article 51 du chapitre 44-80 (actions dans le domaine du
nucléaire).
En résumé, l'inertie des plus grosses dotations (construction
navale mise à part) et notamment de celles tournées vers le
traitement des séquelles d'un passé révolu ou sans lien
avec une quelconque politique industrielle contrarie quelque peu le dynamisme
avec lequel ces crédits devraient être utilisés.
Ils contribuent, malgré tout, à la préparation de l'avenir
grâce, notamment, au remarquable travail de l'ANVAR et permettent de
mener des actions structurelles opportunes.
Les différences importantes entre budget voté et
exécuté limitent grandement, de toute façon, les
commentaires que peut inspirer l'analyse des crédits en question.
Mais ces écarts tiennent à ce que le financement des actions
industrielles devient de plus en plus complexe, faisant appel à des
techniques et des participations diversifiées.
L'Europe, les collectivités territoriales, des sociétés de
reconversion interviennent aux côtés de l'Etat. L'utilisation de
la subvention est complétée par d'autres formes d'aides (fonds
propres, conseils, recherche de partenaires, transferts de technologie...).
La maîtrise du calendrier et la transparence des interventions
concernées n'en demeure pas moins, même si elle est plus
difficile, absolument nécessaire.
Il n'apparaît pas opportun, enfin, de dresser un bilan (qui de toute
façon serait prématuré) de l'utilisation des
crédits de l'industrie durant la législature qui va s'achever,
pour un ensemble de raisons déjà avancées (modifications
des lois de finances initiales, changements de périmètres
budgétaires, caractère interministériel ou peu
significatifs de certaines dépenses, etc...).
III. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. PRÉSERVER UNE CAPACITÉ D'EXPERTISE INDUSTRIELLE SUFFISANTE
1. Le prestige du grand ministère de l'industrie de
jadis reposait pour beaucoup sur sa capacité d'expertise technique,
pourvue notamment par des ingénieurs des mines attachés au
service de l'Etat.
Une telle capacité demeure éminemment nécessaire pour des
raisons non seulement d'orientation stratégique et de contrôle de
l'efficacité des dépenses mais aussi de sûreté
industrielle, comme le montrent les événements récents
(notamment à Toulouse où les facultés d'analyse de
l'administration ont semblé défaillantes...).
Or, l'intégration dans Bercy des services de l'industrie ne permet pas
de vérifier si leur compétence se maintient comme il
conviendrait. Cette évolution peut au contraire laisser craindre une
perte de substance de l'expertise proprement industrielle du
mégalithique ministère au profit d'un développement de ses
capacités d'analyse économique et financière.
C'est peut-être pour conjurer ce danger qu'il a été
décidé de créer :
- à l'administration centrale, 71 emplois d'ingénieurs des
mines (les effectifs correspondants au 31 décembre 2001 étaient
inférieurs à une trentaine) ;
- auprès des secrétaires d'État à l'Industrie
et aux PME, un conseil du développement économique et de la
stratégie industrielle (mesure annoncée par M. Laurent Fabius
à l'occasion d'une réunion à Bercy, le 18 octobre, du
comité technique paritaire ministériel).
2. La sûreté nucléaire est fondée plus
particulièrement sur la qualité de l'expertise dont elle fait
l'objet.
Or, la récente réforme qui a abouti à la création
de l'IRSN ne doit pas conduire, sous couvert de
« transparence » (qui ne garantit pas la compétence)
à déconnecter les activités de contrôle de celles
qui sont liées à la
recherche
, notamment dans le domaine
de la
conception
même des réacteurs.
B. NE PAS RETARDER LA CONSTRUCTION D'UN PROTOTYPE D'EPR (RÉACTEUR À EAU SOUS PRESSION)
Devant les perspectives favorables d'évolution des marchés en Europe du Nord (Finlande), en Asie (Chine) et en Amérique du Nord, il importe absolument de ne plus différer la construction d'une tête de série du modèle de réacteur à eau sous pression conçu par la filiale commune de Framatome et Siemens, Nuclear Power International (NPI).
C. RENDRE L'ADEME PLUS PERFORMANTE
Les
moyens de l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie) ont été considérablement
augmentés et modifiés (multiplication par dix des crédits
affectés aux économies d'énergie et aux énergies
renouvelables, budgétisation de ses ressources procurées
auparavant par des taxes parafiscales).
L'Agence s'est difficilement adaptée à ces changements et ses
problèmes de gestion se sont multipliés et aggravés
(déficit de trésorerie puis, au contraire, excédent de
crédits de paiement, absence de contrats d'objectifs, d'indicateurs
d'activité, de comptabilité analytique...). Ces insuffisances ont
été dénoncées à la fois par l'inspection
générale des finances et notre collègue Philippe Adnot,
dans un rapport d'information.
Les réponses au questionnaire budgétaire de votre rapporteur des
crédits de l'industrie montrent qu'il reste encore beaucoup à
faire pour que l'Agence :
- passe, enfin, d'une logique de guichet à une logique de projet
dans l'attribution de ses subventions ;
- améliore le contrôle de sa gestion (suivi des
activités) et la sélection des opérations aidées.
L'ADEME reconnaît notamment :
- que 15 à 20 % de ses dépenses en matière de
maîtrise de l'énergie ont une « efficience
environnementale » faible. L'IGF avait déploré par
ailleurs, dans ce domaine, le poids excessif des « engagements de
dernière minute ») ;
- que la constitution d'un réel savoir-faire stratégique en
matière de prévision budgétaire et de gestion du
portefeuille des projets aidés « demandera à
l'évidence plusieurs années » !
Manifestement, l'augmentation des moyens de l'ADEME a été, pour
des raisons d'affichage, trop massive et trop rapide.
Il semble par ailleurs que l'agence ne travaille pas suffisamment en
partenariat avec les entreprises, dans une logique de marché, en ce qui
concerne la recherche et le développement de technologies propres ou
dépolluantes.
D. LES DIFFICULTÉS DES INDUSTRIES TRADITIONNELLES
L'État, en France, a toujours excellé davantage
dans
la mobilisation de l'industrie dans le cadre de « grands
programmes » destinés à promouvoir des technologies
nouvelles (aéronautique, espace, nucléaire, TGV...) que dans
l'accompagnement des mutations d'activités traditionnelles (extraction
charbonnière, construction navale, textile...).
Le rattrapage de notre retard dans le domaine des technologies de l'information
ne devrait pas conduire ainsi, aujourd'hui, à négliger le sort
des anciennes industries de main d'oeuvre dont la limitation du déclin
est vitale pour l'emploi.
On peut s'interroger à ce sujet sur les points suivants :
- Pourquoi l'endettement de
Charbonnages de France
a-t-il
continué de s'accroître, en période de baisse des taux
d'intérêt, malgré des subventions qui sont les plus
élevées d'Europe ? Pourquoi avoir fermé en 2001 le
découvert d'Aumance, seul gisement rentable de France ?
- Concernant le
secteur textile-habillement
, la création,
bienvenue, d'un réseau d'innovation et d'une « Cité de
la Mode » à Paris ne sont-elles pas des mesures bien
tardives ? L'emploi a continué de baisser en 2000 dans les
industries de l'habillement-cuir (-4,5 %), contrairement à la
tendance générale.
L'Italie, et même l'Allemagne, résistent mieux que nous à
la concurrence des pays à bas salaires.
- Concernant la construction navale, un « positionnement »
intelligent sur des créneaux moins exposés à la
concurrence extérieure explique l' « embellie »
constatée en 2000-2001 (du moins pour les ateliers de l'Atlantique),
mais la situation va tendre à se dégrader à nouveau.
Les carnets de commande italiens et allemands sont beaucoup mieux garnis que
les nôtres (respectivement 2,4 et 2,7 millions de tonneaux bruts
compensés au lieu de 1,2 au 31 décembre 2000).
En tout état de cause, la commission de Bruxelles ne semble soutenir que
mollement l'industrie européenne face au « dumping »
coréen.
1
Il est à espérer que
l'application de la nouvelle loi organique relative aux lois de finances
conduira à des regroupements de crédits par missions et
programmes plus significatifs
2
Le réseau des DRIRE est certes piloté par la DARPMI
(Direction de l'Action Régionale de la Petite et Moyenne Industrie) mais
travaille pour le compte des ministères de l'Aménagement du
Territoire et de l'Environnement, de la Recherche, des Transports, de la
Santé, etc...
Leur mission comporte en effet un double aspect : développement
économique et contrôles techniques