Inauguration de la salle René Monory par M. Gérard LARCHER, Président du Sénat
Mardi 17 avril 2018, 12 heures
Madame, (fille de René Monory),
Messieurs les Questeurs, chers collègues anciens Questeurs,
Mesdames les Sénatrices, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, cher(e)s collègues,
Messieurs les Secrétaires généraux,
Nous sommes ici rassemblés pour inaugurer l’ouverture d’une nouvelle salle de réunion et celle-ci a quelque chose de symbolique dans l’histoire parlementaire du Palais du Luxembourg. Sa rénovation est achevée depuis à peine quinze jours. C’est l’ancienne chapelle de la Chambre des Pairs et jusqu’à aujourd’hui nous lui donnions ce nom. Elle prendra désormais le nom, ainsi qu’en a décidé le Bureau du Sénat, de salle « René MONORY », Président du Sénat de 1992 à 1998.
Cet espace a connu de nombreuses affectations depuis le 27 décembre 1844, date à laquelle ce lieu fut consacré pour servir de chapelle aux Pairs de France de la Monarchie de Juillet.
Lieu de culte pendant 36 ans, ce local servit ensuite aux ambulanciers pendant la guerre de 1870 avant d’être, c’est plus prosaïque, une réserve à papier et un espace d’archives pour la préfecture de la Seine. En 1880, au moment du retour du Sénat au Palais du Luxembourg, ce fut une salle d’attente puis un espace utilisé aussi bien comme lieu de réunion par les groupes parlementaires les veilles d’élection du Président de la République que comme salle de vaccination ponctuelle des personnels… destin électif ou sanitaire…
Cette polyvalence fut conservée plusieurs décennies avant que les forces allemandes d’occupation ne la transforment, pendant la guerre, en imprimerie. À la Libération, la salle fut affectée à l’accueil de réunions, rôle qu’elle va reprendre maintenant. En 1946, par exemple, la conférence économique des Alliés y tint ses séances de travail. Postérieurement, de 1971 à 2000, cet espace fut dédié au secrétariat collectif du Sénat avant d’être occupé par la Chaîne parlementaire Public Sénat.
La structure masquant les décors a été déconstruite à l’été 2014.
Le précédent Conseil de Questure a pris la décision de transformer cet espace de l’ancienne chapelle en une salle de réunion multimédia. Les travaux viennent de s’achever. Je tiens, à cette occasion, à saluer et à féliciter nos anciens collègues Questeurs MM. Bernard SAUGEY, Jean-Léonce DUPONT et Dominique BAILLY pour leur choix et la détermination qu’ils ont démontrée dans sa mise en œuvre.
Pour mémoire, ce chantier se caractérise par une intervention sur deux ensembles de locaux :
* Au premier sous-sol, sous l’ancienne chapelle, une partie du couloir a été transformée en galerie technique ;
* Au rez-de-chaussée, l’ancienne chapelle stricto sensu a été réaménagée et les locaux constituant son antichambre sont destinés à accueillir une régie et un espace d’accueil.
Les nombreux changements de cette salle n’ont pas fait disparaître le décor de la chapelle installé ici en 1844.
Si certains éléments purement religieux n’existent plus (tels l’orgue, l’orfèvrerie…), les peintures décoratives murales sont toujours en place.
Les vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse d’Abel de PUJOL, les douze médaillons de Théophile VAUCHELET représentant des évangélistes et des anges, mais aussi la composition du Concert des anges du même VAUCHELET sont toujours présents.
Les quatre toiles de grande dimension peintes par Jean GIGOUX représentant Saint Philippe apôtre guérissant un malade, Saint-Louis pardonnant aux révoltés après la bataille de Taillebourg, Saint-Louis en Palestine enterrant les morts et Le mariage de la Vierge ont été déposées en 1983 puis entreposées dans un sous-sol du Palais du Luxembourg et viennent, après rénovation complète, de retrouver leur place. Nous sommes dans une démarche patrimoniale saluée par l’ensemble des acteurs du secteur.
Comme vous le savez, le Sénat a récemment décidé que cette salle porterait désormais le nom d’un homme d’État du 20ème siècle : celui de René MONORY. Maire de Loudun, président du conseil général de la Vienne, président du conseil régional de Poitou-Charentes, fondateur du Futuroscope de Poitiers, ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat, il a été sénateur entre 1968 et 2004 et Président du Sénat de 1992 à 1998.
Ce fut lui aussi un bâtisseur ! Il a replacé le Sénat au cœur des territoires en relançant les politiques d’aménagement du territoire. Il l’a aussi projeté dans le 21ème siècle en organisant le remodelage de ses systèmes informatiques et d’information.
J’ai le souvenir d’avoir siégé au Bureau aux côtés du Président Monory comme vice-Président du Sénat et d’avoir, à sa demande, présidé le Comité de parrainage de l’abolition de l’esclavage.
Je voudrais reprendre les propos du Président Monory, le 9 juin 1998 :
« Je suis de ceux qui pensent que la société ne peut, et ne doit être conçue qu’autour de la personne humaine, son respect, sa liberté, sa promotion et son développement.
La personne, ce n’est pas seulement l’individu, avec sa condition matérielle, c’est d’abord et avant tout un être d’esprit et de pensée, c’est l’homme avec sa dimension spirituelle.
Dans une perspective historique, au-delà des difficultés du moment, je serais tenté d’affirmer que rarement le genre humain a eu autant de raisons de croire en de formidables avancées pour la liberté.
Les dictatures ont reculé, les découvertes technologiques connaissent un extraordinaire développement et nous libèrent peu à peu des tâches les plus ingrates.
Le monde dans lequel vivront nos enfants devrait être meilleur parce que notre civilisation aura encore progressé.
Mais rien n’est figé, ni conquis une fois pour toutes. Des principes et axiomes qu’on croyait établis sont aujourd’hui remis en cause.
Aussi les parlementaires que nous sommes doivent-ils transmettre la foi en l’avenir, être guidés par l’élan de générosité et être inflexibles chaque fois qu’une liberté est menacée.
La personne humaine doit être au centre de toute notre action. »
Je rends à nouveau hommage au précédent Conseil de Questure qui a engagé ce beau projet. Il m’importe aussi de remercier l’actuel Conseil de Questure et, plus personnellement, MM. Rémy POINTEREAU, Vincent CAPO-CANELLAS et Bernard LALANDE qui ont veillé à son bon achèvement et ont proposé le nouveau nom de la salle. J’associe à ces remerciements le Centre de recherche et de restauration des Musées de France ainsi que la DRAC d’Ile-de-France pour leurs précieux conseils.
Il est temps de découvrir cette plaque.
Seul le prononcé fait foi