Le résumé
Le renforcement du format des forces spéciales, voulu par le Livre blanc et la Loi de programmation militaire, est justifié. Encore faut-il bien en comprendre les raisons. L'augmentation des forces spéciales ne permettra jamais de pallier la diminution des forces conventionnelles et ce serait une erreur conceptuelle que de le croire. Elle ne vise pas davantage à la constitution d'une « quatrième armée », car ce n'est pas avec mille hommes de plus que l'on prendra ce chemin. S'il faut renforcer les forces spéciales, c'est surtout parce qu'elles sont particulièrement adaptées aux menaces auxquelles est confronté notre pays.
Pour autant, ce renforcement de mille hommes sera difficile à réaliser sans sacrifier la qualité à la quantité, surtout si notre réflexion se laisse paralyser par certains tabous. Par ailleurs, renforcer les effectifs sans s'occuper des équipements limiterait considérablement la portée de la réforme. On le voit bien aujourd'hui en Afghanistan, au Sahel ou ailleurs, les forces spéciales forment des « systèmes » dans lesquels les matériels, qu'il s'agisse des satellites, des drones, des avions, des hélicoptères ou encore des moyens terrestres, jouent un rôle tout aussi important que celui des hommes. Il faut donc se donner les moyens d'accompagner l'augmentation des effectifs avec des équipements supplémentaires et de pallier les carences et les lacunes des équipements actuels.
Enfin, des mesures d'accompagnement s'imposent. La rédaction d'une doctrine permettra de mieux faire connaître les forces spéciales, l'esprit de leurs actions, la spécificité de leurs missions et les exigences de leurs opérations. Surtout, il faudra veiller à mieux insérer, comme nous y invite le Livre blanc, les forces spéciales dans la communauté du renseignement et continuer à promouvoir la coopération entre alliés. Tout cela est possible.