ALLEMAGNE
Malgré l'absence de procédure législative d'indemnisation du risque thérapeutique, la plupart des affaires échappent aux tribunaux, car l'Ordre des médecins a institué des instances de médiation , chargées de dégager des solutions amiables. |
1) Le régime juridique de la responsabilité médicale
En
l'absence de dispositions spécifiques,
le droit commun de la
responsabilité s'applique
.
Le médecin et le patient sont liés par un
contrat de
service
, en vertu duquel l'une des parties s'engage à fournir une
prestation à l'autre, moyennant finances. Contrairement au contrat de
réalisation d'ouvrage (qui lie par exemple l'architecte et son client),
le contrat de service ne comporte
aucune obligation de résultat
.
Par ailleurs, la
responsabilité délictuelle
peut
être engagée en cas de dommage corporel.
Dans les deux cas,
la responsabilité du médecin ne peut pas
être engagée sans faute
.
Devant les tribunaux, la charge de la preuve incombe en règle
générale à celui qui veut faire valoir ses droits
(1(
*
))
.
La victime doit donc établir la
faute
(ou la négligence) du médecin,
ainsi que le lien de
causalité
entre cette dernière et le dommage.
2) Le mécanisme d'indemnisation
Les
difficultés rencontrées par les patients pour obtenir des
dommages et intérêts par la voie judiciaire ont amené les
ordres régionaux des médecins à instituer des
instances
de médiation
à partir de 1975. Au nombre de neuf
(2(
*
))
, elles ont pour mission de parvenir
à un
accord amiable
entre médecins et victimes.
Ces entités n'interviennent que si elles sont saisies par l'une des
parties, le désaccord de l'autre excluant le recours à cette
procédure. En outre, elles ne peuvent pas être saisies lorsque
l'affaire a été confiée à un tribunal.
Chacune dispose de ses propres statuts, de sorte qu'elles ne fonctionnent pas
toutes de la même façon : dans certains Länder, il
s'agit de "
commissions
d'experts
" et, dans d'autres,
de "
bureaux
de
conciliation
". En règle
générale, les premières se prononcent avant tout sur
l'existence d'une faute professionnelle sans proposer de solution
financière au conflit qui oppose le médecin et la victime. En
revanche, les seconds, institués en accord avec les assureurs,
recherchent l'origine des accidents et évaluent le préjudice subi
par la victime.
Les délais de prescription appliqués par les différentes
instances de médiation varient entre trois et cinq ans.
Le plus souvent, les instances de médiation se composent d'un juriste et
de quatre à cinq médecins, représentant différentes
spécialités. Tous sont nommés pour quatre ou cinq ans par
l'ordre régional des médecins. Certaines font également
appel à des experts extérieurs.
La procédure devant ces instances est généralement
écrite : au vu des pièces fournies par les parties, un avis
est rendu. Constatation dans le cas des " commissions d'experts " et
recommandation dans celui des " bureaux de conciliation ", cet avis
est seulement indicatif, et la voie judiciaire reste ouverte si l'une des
parties n'est pas satisfaite. En revanche, si la conclusion agrée aux
deux parties, le conflit est, en général, définitivement
réglé, car les assureurs des médecins remettent rarement
en cause les travaux des instances de médiation.
Lorsque l'une des parties décide de saisir les tribunaux, ces derniers
se rangent souvent à l'avis rendu par les instances de médiation,
si elles ont été saisies.
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Il
existe un organe de coordination des différentes instances de
médiation, ce qui permet d'obtenir des données globales sur leur
activité. La procédure est assez rapide (entre 9
et 13 mois). De plus, elle est gratuite pour l'usager. C'est pourquoi
les instances de médiation sont saisies dans environ
90 %
des cas
. De plus, elles règlent définitivement environ
90 % des affaires qui leur sont confiées. En 1997, elles en ont
résolu presque 9 000.
Cependant, l'opacité de la procédure et
le manque
d'indépendance de ces instances sont critiqués
: on
reproche à certaines d'entre elles de ne pas associer les patients et de
garder secrète l'identité de leurs experts. De façon
générale, on leur reproche de prendre des
décisions
favorables aux médecins dans plus de 70 % des cas
et l'on met
en cause l'absence de neutralité de leurs experts. C'est pourquoi
certains suggèrent la présence d'un expert désigné
d'un commun accord par les patients et les médecins ou d'un expert
choisi par les patients.