LE RADICALISME ET LA IIIème REPUBLIQUE
1) Le temps des divisions
Les républicains remportent les premières élections de 1876 avec 295 sièges dont 80 pour les radicaux. L'attitude modérée de Gambetta suscite des critiques dans son propre groupe et certains cherchent à s'en démarquer. Deux tendances se font jour : les "radicaux", intransigeants, avec Louis Blanc et Clemenceau et les "opportunistes" avec Gambetta, prêts à accepter des responsabilités gouvernementales et qui, peu après, forment l'Union républicaine. Un terme temporaire va être mis à cet éparpillement des forces par la crise du 16 mai 1877. Républicains et radicaux, soucieux de défendre les droits du Parlement, vont signer ensemble le manifeste des 363 contre le cabinet de Broglie.
Mais l'opposition entre opportunistes et radicaux resurgit et s'accentue : Clemenceau exige des réformes immédiates et accuse les opportunistes d'immobilisme. Le 21 octobre 1880, reprenant le "Programme de Belleville", il prononce un discours important à Marseille : il réclame la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la confiscation des biens des congrégations, la suppression du Sénat, l'élection des magistrats, l'autonomie municipale, l'impôt sur le revenu, la limitation de la durée légale de la journée de travail, la retraite des vieux travailleurs, la responsabilité des patrons en cas d'accident, le rétablissement du divorce et la reconnaissance du droit syndical.
Aux élections de 1881, l'Union républicaine de Gambetta triomphe, tandis que les députés radicaux se scindent en deux groupes : "l'Extrême gauche radicale socialiste" avec Louis Blanc, Barodet, Tony Révillon et Clemenceau et la "Gauche radicale" rassemblant ceux qui n'admettent pas la rupture et qui adhèrent également à l'Union républicaine de Gambetta, avec Charles Floquet, Allain-Targé, Henri Brisson.
Durant cette période, les radicaux votent avec la majorité républicaine les lois scolaires, la loi municipale, la loi sur le divorce et la loi reconnaissant l'existence des syndicats. En revanche, ils s'opposent violemment à la politique coloniale de Jules Ferry et contribuent à sa chute le 30 mars 1885. Ce dernier est remplacé par Brisson : c'est le premier gouvernement dirigé par un radical. Sa modération exaspère les intransigeants. "Du jour au lendemain, le radicalisme de Brisson fondit comme du beurre dans la poêle" (Rochefort).
THIERS