La Galerie Est devait originellement accueillir vingt-quatre tableaux de Rubens (1577-1640) à la gloire de Henri IV : le projet n’aboutira pas, mais par un singulier retour des choses, cent soixante-dix ans plus tard, en 1803, le Sénat décide d’acheter, pour 4 500 francs-or, une série unique, les Douze signes du Zodiaque, du meilleur disciple de Rubens : le flamand Jacob Jordaens (1593-1678).

Du marchandage d’une inestimable série anversoise

Jordaens, le "maître du coloris", avait composé cette imposante série pour son luxueux hôtel particulier d’Anvers, dont elle ornait deux chambres situées à l’arrière, sur le jardin côté sud.

Le parcours de ces douze toiles, assez confus après la mort du peintre, passe notamment par l’Allemagne, jusqu'à ce qu’elles parviennent, un peu par hasard, chez un marchand de tableaux, le citoyen Langlier, où un certain Baraguey les remarque en 1802.

Or, Baraguey n’est autre que l’adjoint de l’architecte Chalgrin, alors en charge des travaux d’installation du Sénat au Palais du Luxembourg. Il saisit tout de suite l’intérêt exceptionnel de ces toiles "à la perspective plafonnante", pour lesquelles on lui demande tout de même la somme -importante à l’époque- de 6 000 francs-or.

Convaincu de réaliser une excellente affaire mais soucieux des deniers publics, Baraguey suggère de marchander : "J’estime que ces tableaux valent au moins 1 000 francs chacun ; je suis persuadé qu’on les aurait pour deux à 300 francs, si le marchand ignore à qui ils sont destinés"...

Après délibération, le Sénat ordonne l’acquisition de la série, que Baraguey emportera finalement le 3 Nivose An XI (24 décembre 1802) pour le prix total de 4 500 francs-or, " payables moitié comptant, moitié fin de Pluviose ".

 

Le marouflage à la voûte de la Galerie Est du Palais du Luxembourg

Les douze toiles, conçues pour orner des plafonds, étaient de taille respectable, suffisante pour qu’elles pussent être contemplées avec quelque recul. Aussi est-ce sans trop de difficultés qu’elles seront marouflées à la voûte de la Galerie Est, qui abritait à l’époque le musée de peinture ouvert au public. Ce travail fut confié au citoyen Belot, établi 43 Rue de l’Arbre-sec, au prix d’un franc cinquante centimes le pied carré .
 
Il fallut néanmoins régler quelques problèmes hautement protocolaires, en particulier celui du sens de la lecture du Zodiaque... Devait-on commencer selon l’ordre astronomique traditionnel, à partir du Bélier ? On jugea plus logique -et peut-être plus prudent, en pareille matière et à pareille époque...- de lui préférer l’ordre du nouveau calendrier républicain, faisant ainsi débuter l’année solaire fin septembre -avec la Balance- deux jours après la victoire de Valmy et un jour après l’abolition de la monarchie !

Du même coup, fallait-il admirer ce Zodiaque partant du nord vers le sud (c’est-à-dire, plus prosaïquement, dans le sens de la visite du musée, dont l’entrée publique était rue de Vaugirard), ou bien, au contraire, du sud au nord, c’est-à-dire en commençant par les locaux affectés aux Sénateurs ? C’est la première option qui l’emporta, le dernier signe -la Vierge- se retrouvant ainsi en fin de parcours, juste au-dessus de la porte du palier est.

Aujourd’hui, c’est précisément depuis le couloir du palier est qu’on accède à l’Annexe, et bien des visiteurs s’interrogent, un peu décontenancés, sur cette étrange année zodiacale que Jordaens, au mépris de tous les calendriers éprouvés, aurait cru judicieux de débuter un 22 août....

 

Jacob Jordaens (1593 – 1678)

Jacob Jordaens, né à Anvers en 1593, passe pour un des meilleurs disciples de Rubens. La vivacité et l’audace de ses couleurs l’ont fait renommer "le maître du coloris".

Parmi maints chefs-d’œuvre -dont les Douze signes du Zodiaque, actuellement à la voûte de la Galerie Est du Palais du Luxembourg- méritent d’être mentionnés L’enfance de Bacchus, Le Roi boit (au Louvre), Le concert de famille, et bien d’autres

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La Balance
(sept.-oct.)

Une femme tient d'une main une corne d'abondance et de l'autre une balance qui rappelle l'égalité du jour et de la nuit lors de l'équinoxe d'automne.

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Le Scorpion
(oct.-nov.)

Un satyre porte sur ses épaules Sylène, dieu du vin, tandis qu'une bacchante joue du tambour, pour évoquer le temps des vendanges.

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Le Sagittaire
(nov.-déc.)

Armé de flèches, le centaure Nessus enlève Déjanire, l'épouse d'Hercule. Les flèches évoquent la saison de la chasse.

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Le Capricorne
(déc.-janv.)

La nymphe Adrastea trait la chèvre Amalthée pour nourrir Zeus enfant.

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Le Verseau
(janv.-fév.)

Symbolisant la saison des pluies, un jeune homme renverse sur la terre une amphore pleine d'eau.

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Les Poissons
(fév.-mars)

Les dauphins portent Aphrodite et Eros sur une mer qu'agitent les tempêtes, fréquentes en février.

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Le Bélier
(mars-avril)

Un bélier évoque les troupeaux sortant au printemps, tandis qu'Arès, dieu de la guerre, l'épée dans une main et une torche dans l'autre, part en campagne.

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Le Taureau
(avril-mai)

Sous la forme d'un taureau, symbole de la force du renouveau de la terre, Zeus enlève la nymphe Europe.

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Les Gémeaux
(mai-juin)

Castor et Pollux, les jumeaux, conduisent le char d'Aphrodite, leur mère, appuyée sur l'Amour, en répandant les fleurs de la belle saison.

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Le Cancer
(juin-juil.)

La chute de Phaéton, précipité par Zeus du haut des cieux, est une allégorie du Soleil, qui, alors au plus haut de sa course, va bientôt décliner.

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Le Lion
(juil.-août)

Hercule, portant la peau du lion de Némée, tient les pommes d'or du jardin des Hespérides. Un jeune homme, une gerbe de blé à la main, indique la fin des moissons.

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La Vierge
(août-sept.)

Déméter, déesse des moissons, est accompagnée de Triptolème, inventeur de la charrue, figuré sous les traits d'un enfant.