Projet de loi Programmation 2018-2022 et réforme pour la justice
Direction de la Séance
N°75 rect. bis
8 octobre 2018
(1ère lecture)
(PROCÉDURE ACCÉLÉRÉE)
(n° 13 , 11 )
AMENDEMENT
C | Défavorable |
---|---|
G | Défavorable |
Rejeté |
présenté par
MM. PACCAUD, BIZET, BOUCHET, Jean-Marc BOYER, BRISSON, CALVET, CAMBON, CHAIZE, CHATILLON et CUYPERS, Mme Laure DARCOS, M. DECOOL, Mmes DEROCHE, DEROMEDI, DURANTON, Frédérique GERBAUD et GRUNY, MM. GUERRIAU, HOUPERT, JOYANDET, KAROUTCHI, KENNEL, KERN, LAGOURGUE, LAMÉNIE, LEFÈVRE, LELEUX et Henri LEROY, Mme LHERBIER, MM. LONGEOT et LONGUET, Mme LOPEZ, M. MAUREY, Mme MORHET-RICHAUD, MM. PELLEVAT et POINTEREAU, Mmes PROCACCIA, PUISSAT et RAIMOND-PAVERO, M. SOL, Mme THOMAS et M. WATTEBLED
ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS ARTICLE 52
Après l’article 52
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
La loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 relative à l’aide juridique est ainsi modifiée :
1° L’article 50 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« …° Lorsque le bénéficiaire a été définitivement condamné pour un acte de nature terroriste, défini au chapitre Ier du titre II du livre IV du code pénal. » ;
2° L’article 51 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque la personne bénéficiant de l’aide juridictionnelle a été condamnée sur le fondement du chapitre Ier du titre II du livre IV du code pénal, la juridiction saisie prononce le retrait total de l’aide juridictionnelle. »
Objet
Depuis mars 2012 et les attentats perpétrés à Toulouse par Mohammed MERAH, la France a subi une quinzaine d'attaques terroristes. Le bilan est dramatique. Entre Toulouse et Montauban, Saint-Quentin-Fallavier, Saint-Denis et le Bataclan, Magnanville, Nice, Paris, Saint-Etienne-du-Rouvray, Marseille et maintenant Trèbes... ce sont au total 241 innocents qui sont tombés, victimes de la haine, de la barbarie et de la folie islamiste.
Dans la plupart des cas, les terroristes y ont aussi laissé leur vie dans une démarche kamikaze. Rares sont ceux qui ont pu être interpellés afin d'être jugés, comme leurs complices. C'est cependant le cas de Salah ABDESLAM, seul rescapé du commando du 13 novembre 2015.
Si son procès est attendu, de nombreux Français ont appris avec stupéfaction et écœurement que ce tueur allait bénéficier de l'aide juridictionnelle pour payer sa défense.
Même s'il s'agit là d'un cas heureusement rare, il ne peut que nous interroger sur le bien-fondé de l'exercice de ce droit pour les auteurs d'actes terroristes.
Car les actes terroristes ne sont pas des crimes et délits comme les autres.
En effet, à travers les malheureuses cibles humaines que le hasard de leur folie meurtrière a mises sur leur route, les terroristes cherchent aussi et surtout à s'attaquer à une société, à une civilisation, à une vision de l'humanité.
Visant aveuglément et sciemment des innocents qu'ils ne connaissent pas, les terroristes ont tout simplement déclaré la guerre à notre pays. Nous devons donc en tirer toutes les conclusions.
Ainsi, nous sommes tous attachés à la notion d'« État de droit ». Mais, de même que la liberté d'expression n'autorise heureusement pas à dire ou écrire n'importe quoi, le principe de l'aide juridictionnelle ne saurait être dévoyé.
Une société n'a pas à défendre ceux qui n'ont pour but que de la détruire. Le lien social, le « Vivre Ensemble » sont aujourd'hui trop fragilisés pour que l'État soutienne financièrement et juridiquement ceux qui ont souhaité sa perte.
Un État de droit n'a pas vocation à être schizophrène ou masochiste. À la base du contrat social, du pacte républicain passé entre les Français et le Gouvernement, il y a pour obligation première d'assurer la sécurité, la protection du peuple. Dès lors, offrir à ceux qui menacent notre pays des droits financés par la collectivité n'est pas acceptable pour les citoyens et contribuables.
Les législateurs ayant donné corps en 1972 à l'aide juridictionnelle, qui permet à tous les citoyens, même les plus modestes, d'avoir accès à une défense juridique via une prise en charge partielle ou totale par l'État de leurs frais de justice, avaient-ils imaginé que ce droit servirait un jour les intérêts d'un terroriste ? Il est permis d'en douter.
Surtout lorsque l'insolvabilité supposée d'un accusé est contradictoire avec les moyens dont il a pu disposer pour échafauder ses projets meurtriers.
Aussi, par souci de défense des intérêts de la Nation, de la cohésion sociale, il est proposé de supprimer du bénéfice de l'aide juridictionnelle les auteurs d'actes terroristes ainsi que leurs complices.
NB :La présente rectification porte sur la liste des signataires.