Projet de loi Lutte contre le dérèglement climatique
commission de l'aménagement du territoire et du développement durable
N°COM-1619 rect.
1 juin 2021
(1ère lecture)
(n° 551 )
AMENDEMENT
Rejeté |
présenté par
Mmes MORIN-DESAILLY, FÉRAT et BILLON, MM. KERN et CANÉVET, Mme CANAYER, MM. DELCROS et BAZIN, Mme GARRIAUD-MAYLAM et MM. BRISSON et PIEDNOIR
ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS ARTICLE 52
Après l'article 52
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le code du commerce est ainsi modifié :
1° Après le 7° de l’article L. 752‐1 du code du commerce, il est inséré un 8° ainsi rédigé :
« 8° La création, l’extension ou la transformation d’un bâtiment en un entrepôt logistique d’une surface supérieure à 1 000 m2 au départ duquel au moins 60 % des biens stockés sont livrés directement ou indirectement à travers des entrepôts de transit, au consommateur final à la suite d’une commande effectuée par voie électronique. »
2° « Les articles L. 752‐1‐1 et L752‐1‐2 du code de commerce sont abrogés. »
Objet
Cet amendement corrige l’inégalité de traitement entre le commerce physique et l’e-commerce en incluant les entrepôts de e-commerce dans les projets soumis à une autorisation d’exploitation commerciale.
Les entrepôts de e-commerce constituent au même titre que les magasins physiques, le dernier maillon de la chaîne avant le consommateur. Selon l’Autorité de la concurrence, le e-commerce représente 10% de la vente de détail en France, avec une croissance annuelle exponentielle (14% par an en moyenne entre 2014 et 2018), en particulier pendant la crise sanitaire. Ce taux de pénétration est plus élevé dans le non alimentaire : 23% dans le textile et 25% dans l’électronique. L’Autorité de la Concurrence estime que commerce physique et e-commerce interviennent sur le même marché.
Comme les grandes surfaces à partir des années 1970, il est nécessaire de soumettre les entrepôts de e-commerce aux mêmes règles que le commerce physique, notamment pour protéger les petits commerces et les centre-ville. Il convient d’ailleurs de relativiser la création d’emploi qui résulterait de l’implantation de ces entrepôts de e-commerce : l’analyse des données INSEE sur le non alimentaire démontre en effet que l’expansion du e-commerce a détruit 81 000 emplois en France, en solde net, entre 2009 et 2018 (Ano Kuhanathan et Florence Mouradian). 2 emplois détruits pour 1 créé. Depuis 2019 les faillites s’accélèrent, celles de Halle, Naf Naf, André, Camaieu menacent déjà 26 000 emplois avant la COVID, auxquelles il faudra bientôt ajouter ceux détruits par la fermeture de plus de 5920 magasins en 2021. Il faut de toute urgence rétablir l’équité de traitement entre les géants du e- commerce et les commerces physiques pour stopper cette hémorragie.
Cet amendement permet également l'alignement des entrepôts de e-commerce sur les zones commerciales dans le cadre de la lutte contre l’artificialisation des sols. Il est en effet de bon sens qu’ils soient inclus dans la mesure, lorsque l’on sait que les entreprises du e-commerce préparent la construction de méga-entrepôts allant de 40 000 m2 à 200 000 m2.
Cet amendement s’inscrit dans l’objectif européen de régulation des géants du numérique, et agira en parallèle de la taxe GAFAM envisagée par l’Union pour rétablir une concurrence plus juste entre ces entreprises et les commerces physiques.
NB :La présente rectification porte sur la liste des signataires.