Question de M. NATUREL Georges (Nouvelle-Calédonie - Les Républicains) publiée le 16/05/2024

Question posée en séance publique le 15/05/2024

M. le président. La parole est à M. Georges Naturel, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Georges Naturel. Monsieur le Premier ministre, depuis trois jours, je suis en lien étroit avec nos compatriotes calédoniens, soumis à la violence et à la peur, dans une situation insurrectionnelle et un chaos urbain.

Vous connaissez le triste bilan. Il ne fait que s'alourdir. On dénombre déjà quatre morts. J'apprends à l'instant le décès du gendarme qui se trouvait en urgence absolue : il a payé de sa vie la défense de la République et la protection des Calédoniens. Plus d'une centaine d'entreprises ont été détruites ou pillées. Pour faire face à cette situation insurrectionnelle, des milices civiles ont été mises en place dans différents quartiers.

À mon tour, je tiens à rendre hommage aux forces de l'ordre, épuisées, qui affrontent avec courage et ténacité ces situations de chaos urbain, ainsi qu'à tous les Calédoniens qui ont vu leurs biens ravagés et partir en fumée et qui sont reclus dans l'angoisse et la crainte, sans céder aux provocations.

Nous saluons l'instauration de l'état d'urgence décidée cet après-midi par le Président de la République à la suite de nos appels au sursaut. Comme vous l'avez rappelé tout à l'heure, monsieur le Premier ministre, il faut à tout prix rétablir l'ordre en Nouvelle-Calédonie. C'est tout l'objet de ma question.

Comment comptez-vous renouer les fils du dialogue dans le dossier calédonien ? Reprendrez-vous personnellement le dossier ? Quels acteurs calédoniens participeront aux discussions annoncées à Paris ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur et des outre-mer publiée le 16/05/2024

Réponse apportée en séance publique le 15/05/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Monsieur le sénateur Naturel, nous venons en effet d'apprendre la mort du gendarme de 24 ans de l'escadron de Melun. En tant que ministre de l'intérieur, je tiens à exprimer mon émotion. J'ai une pensée pour lui, sa famille et ses camarades.

Voici comment il est mort, monsieur le sénateur : après une nuit de protection dans un endroit particulièrement dangereux, où les tirs ont été effectués à balles réelles, des « vieux », comme l'on dit chez vous en Nouvelle-Calédonie, sont venus parler aux gendarmes, il a alors retiré son casque, s'est fait tirer dessus et a reçu une balle en plein front.

Depuis trois jours, alors que c'est la démocratie que nous rétablissons en Nouvelle-Calédonie, conformément à la volonté du peuple calédonien qui s'est exprimée par trois fois, des centaines de policiers et de gendarmes sont blessés, leurs familles terrorisées. Aucun mort du fait du travail des policiers et des gendarmes n'est à déplorer. Ils ne font qu'assurer la protection des Calédoniens.

J'en veux pour preuve, monsieur le sénateur, parce que ce n'est jamais dit, ces véhicules blindés des gendarmes dans lesquels se trouvaient des parturientes kanakes, des citoyennes françaises qui traversaient la Nouvelle-Calédonie pour aller accoucher : ils se sont fait tirer dessus à balles réelles. Voilà ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie !

La violence qui s'exprime là n'a rien à voir avec la politique. La CCAT (cellule de coordination des actions de terrain), qui, on le sait, est désormais loin du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), est un groupe mafieux, qui veut manifestement instaurer la violence comme elle l'a fait dans l'usine du Sud, l'année dernière. La République ne tremblera pas.

Oui au dialogue politique. Vous savez que, en Nouvelle-Calédonie, en ce moment, le dialogue politique existe entre le FNLKS et les loyalistes. Pendant que nous débattions au Parlement, des réunions se tenaient et je salue, comme l'ont fait le président du Sénat et le Président de la République, le communiqué commun de toutes les forces politiques.

Reste qu'il ne faut pas confondre la pression politique, les manifestations et les contestations avec la violence, les tirs à balles réelles et les personnes qui pillent, qui tuent et qui en veulent à la République.

Oui au dialogue, comme l'a dit le Premier ministre, autant qu'il le faudra, où il le faudra, avec qui il le faudra, mais jamais la République ne doit trembler devant les kalachnikovs. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, UC et Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Georges Naturel, pour la réplique.

M. Georges Naturel. Monsieur le ministre, je vous remercie de cette réponse.

Oui, il faut rétablir l'ordre. Ce sera long.

Il faut reconstruire ce qui a été détruit ces trois derniers jours. Ça aussi, ce sera long.

Il faut à tout prix renouer de manière sérieuse les fils du dialogue. Confierez-vous ce chantier à des personnalités qualifiées et à de nouveaux interlocuteurs, qui sauront lancer un nouveau format et repenser la méthode, comme cela a été demandé plusieurs fois ?

Monsieur le Premier ministre, je m'adresse à vous : ne nous abandonnez pas ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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