Intervention du Président du Sénat
Prise d’armes de la Légion étrangère
13 juillet 2016


Monsieur le Ministre, cher Hubert Germain,
Chère Madame de Rothschild,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Messieurs les officiers généraux,
Messieurs les officiers, sous-officiers,
Légionnaires,
Mesdames, Messieurs,

Cette cérémonie dans le Jardin du Luxembourg me permet une nouvelle fois d’exprimer la gratitude de tous nos concitoyens envers la Légion.

Nous rendons hommage à la Légion, à ces hommes venus des quatre coins du monde, qui garantissent, au péril de leur vie, le respect de notre souveraineté et de notre liberté.

L’uniforme que vous portez, les drapeaux de vos régiments que vous arborez sont acclamés chaque année par les Français sur les Champs Élysées, car pour nous et pour nos concitoyens, le « fanion » vert et rouge de la Légion représente le courage et l’honneur de la France.

Ce courage vous l’incarnez lors des combats mais aussi lors des entraînements que vous effectuez.

Comment ne pas avoir une pensée pour les 6 légionnaires appartenant au 2ème Régiment étranger de génie de Saint-Christol qui sont morts emportés par une avalanche, le 18 janvier dernier lors d’un entraînement dans la zone d’exercice de Modane. Venus du monde entier, de Madagascar, d’Italie, d’Albanie, de Moldavie, de Hongrie et du Népal, ils sont morts sur cette terre de France qui leur sera à jamais redevable.

Je veux aussi rendre hommage à ceux qui portent dans leur chair les meurtrissures des combats. Je les salue avec reconnaissance.

La reconnaissance de votre engagement, c’est tout le sens des décrets de naturalisation que je viens de remettre et qui mesurent le chemin parcouru par des hommes ayant choisi de servir la France et qui maintenant souhaitent en devenir citoyens. Ces décrets sont aussi l’aboutissement d’un long processus d’intégration, propre à la Légion étrangère.

Je remettrai la cravate de commandeur de la Légion d’Honneur ce soir à un de vos Grands Anciens, le Major Espagnet, Croix de Guerre avec 6 citations, Médaille Militaire avec citation à l’Ordre de l’Armée, Croix de la Valeur Militaire avec 2 citations.

Cette cérémonie est pour moi l’occasion de saluer la 13ème Demi Brigade de la Légion étrangère. Noyau des Forces françaises libres durant la seconde Guerre Mondiale, elle se bat de la Norvège jusqu’en Italie, s’illustrant notamment à Bir-Hakeim, El Alamein, en Tunisie et en Alsace. Par la suite, elle prend part à la Guerre d’Indochine et aux opérations en Algérie.

Attachée à cette terre africaine, elle y rayonnera jouant pleinement son rôle de force pré-positionnée au sein des Forces françaises à Djibouti puis elle s’installe au sein des Forces françaises aux Émirats Arabes Unis. Elle a rejoint à présent la métropole pour s’installer sur le camp du Larzac.

En cette veille du 14 juillet, c'est la Nation qui se rassemble autour de vous. À cette occasion, elle réaffirme la confiance qu'elle place en tous ses légionnaires.

Empreinte d'une identité marquée par des traditions très fortes, la Légion étrangère adhère à des valeurs dont la solidarité, l'entraide, l'abnégation et la fidélité.

Et vous êtes l’incarnation d’un engagement républicain indéfectiblement lié à la nation !

Cet engagement vous l’assumez aussi dans le cadre de l’opération Sentinelle où vous œuvrez à la protection du territoire, car cette guerre, nous le savons, se déroule aussi sur notre sol.

La France est aujourd’hui l’objet de menaces à l’intérieur et à l’extérieur de son territoire.

Le terrorisme prend des formes toujours nouvelles et toujours plus menaçantes, nous l’avons vu en janvier et novembre 2015, mais aussi il y a quelques semaines encore dans les Yvelines avec cet odieux assassinat d’un couple de policiers à qui je pense aujourd’hui.

Si chacun doit prendre sa part à l'effort de redressement national, rien ne doit être fait au prix de notre sécurité, de notre souveraineté, de notre puissance, de tous ces acquis dont nos forces armées sont les garantes.

Depuis déjà très longtemps, entre la France et la Légion, un lien étroit s'est tissé. Il est fait d'une grande confiance et d'un profond attachement.

Vous célébrez cette nouvelle ère de 40 années d’opérations extérieures qui ont débuté à Loyada (Djibouti) en février 1976.

Le sang versé n’est pas qu’une formule : ces 40 dernières années, la Légion a perdu 160 des siens en opérations et à l’entraînement ou en service commandé.

Le nombre de pays où la Légion a été engagée est impressionnant : Mali, Côte d’Ivoire, Tchad, Centrafrique, Rwanda, Djibouti, Somalie, Comores, Gabon, Congo, Zaïre, Liban, Irak, Koweit, Cambodge, Yémen, Afghanistan, Indonésie, Jordanie, Bosnie, Macédoine, Kosovo et Haïti.

Les plus anciens d’entre vous auront encore en mémoire l’opération qui eut lieu à Kolwezi, en 1978, durant laquelle les légionnaires du 2ème REP commandé par le Colonel Philippe Erulin écrivirent l’une des plus belles pages de l’histoire militaire de notre pays en prenant part à une opération aéroportée qui permis la libération de centaines d’otages européens… Ces légionnaires dont faisait partie le général Puga, qui était alors lieutenant, ont fait honneur à la patrie.

Cet attachement à la patrie aura marqué la carrière de Pierre Messmer qui aurait eu 100 ans cette année. La première fois qu’il est reçu par le Général de Gaulle à Londres en 1940, ce dernier lui demande : « Dans quelles conditions voulez-vous servir ? », Pierre Messmer lui répond : « À la Légion étrangère ».

C’est ainsi que s’est construite une fidélité absolue à la Légion étrangère que Pierre Messmer exprima le jour de sa réception à l’Académie française le 10 février 2000, je le cite : « Qu’il me soit seulement permis d’observer que vous n’avez jamais fait large place à ces hommes d’action un peu aventureux que sont les coloniaux et, en particulier, les légionnaires. Puisque je suis le premier officier de Légion appelé à siéger sous cette Coupole, je veux saluer le sacrifice des 35 000 étrangers morts pour la France dans les rangs de la Légion étrangère, dont 20 000 depuis 1940. ».

Pierre Messmer incarnait à lui seul ce lien entre le gaullisme et la Légion. Lien que nous allons célébrer à travers le drapeau de la France Libre que Madame de Rothschild va remettre à la Légion dans quelques instants, drapeau retrouvé dans l’ancien QG de la France Libre à Londres et ramené en France grâce à la ténacité de Simon Murray, lui-même ancien légionnaire.

Ce drapeau, c’est le symbole de la Nation debout !

Vive la légion étrangère !
Vive la République !
Vive la France !