Intervention de Monsieur le Président du Sénat
Inauguration du centre de tir virtuel
de la Fédération départementale des chasseurs de Loire-Atlantique
Joué-sur-Erdre – vendredi 1er avril 2016
Monsieur le Président de la Fédération départementale des chasseurs de Loire-Atlantique, cher Dany Rose,
Monsieur le Maire de Joué-sur-Erdre, cher Jean-Pierre Belleil,
Monsieur le Président du Conseil régional, cher Bruno Retailleau,
Mes chers collègues Sénateurs, cher André Trillard avec qui je partage les joies de la chasse, cher Joël Guerriau,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs, chers amis chasseurs,
Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui pour l’inauguration de ce stand de tir virtuel à Joué-sur-Erdre.
D’abord, c’est toujours un grand plaisir pour moi, qui ai présidé une grande Fédération il y a quelques années en Ile-de-France, de me retrouver en compagnie de chasseurs. Beaucoup d’entre vous le savent, la chasse, c’est pour moi plus qu’une passion, c’est un rapport avec une nature authentique, un art de vivre, une convivialité !
Moi, vous savez, j’ai grandi dans deux passions, la vénerie du sanglier et la bécasse à grande quête.
Celui qui connait ces deux formes de chasse, et tout particulièrement celle de la bécasse, peut comprendre ce que j’écrivais il y a un peu plus d’un an dans un livre de Jacques Bourdon : « La bécasse est l’âme de ses bois, de ses haies ; cet oiseau est, en ces temps de rationalité numérique, un mystère nécessaire de la vie, de la mort, de la beauté » (Le livre d’or de la chasse en Bretagne).
Inaugurer un équipement tel que celui-ci n’est pas banal ! Vous avez été parmi les précurseurs pour vous doter d’un centre de tir virtuel et je salue la démarche qui a été la vôtre il y a maintenant trois ans, lorsque vous avez initié ce dossier.
J’ai compris que le logiciel permet de régler finement chaque paramètre et de choisir des scénarios de tir, comme si nous étions en conditions réelles. Je vous avoue que, comme le dit très justement votre publicité, je suis « bluffé » par ce dispositif qui est une très belle vitrine de la modernité de la chasse.
Ce n’est pas à vous que je vais apprendre que la chasse n’est pas ringarde ! Ni que les chasseurs sont des personnes responsables, contrairement aux discours véhiculés par certains « khmers verts ».
Ce centre en est une illustration parfaite. Il permet de perfectionner son tir sans danger et sans impact environnemental.
Il permet de former sereinement des chasseurs, d’accroître la sécurité, et l’on retrouve là une des missions fondamentales des Fédérations départementales de chasseurs.
En permettant d’analyser a posteriori son tir grâce à l’enregistrement de la séquence et à la présentation du point d’impact, ce procédé virtuel est vraiment un atout majeur pour la Fédération.
Il devrait susciter une certaine curiosité et, je l’espère, attirer un nouveau public, notamment des jeunes, des urbains qui sont l’avenir de la chasse. On sait que près des trois quarts des chasseurs ont été initiés par un membre de leur famille. Nous avons donc un défi à relever pour toucher de nouveaux publics et pour assurer un renouvèlement de générations.
La chasse, c’est une activité populaire et c’est un facteur d’identité. 15 000 chasseurs en Loire-Atlantique, ce n’est pas rien !
Ce matin, je participais avec Bruno Retailleau au lancement de l’élaboration du pacte régional pour la ruralité, en présence de nombreux maires de communes rurales. Nous avons notamment évoqué le sentiment d’abandon ou de mépris que ressentent certains territoires ruraux.
Il y a plusieurs mois de cela, j’ai eu un échange sur ces mêmes questions avec des amis chasseurs dans le Pas-de-Calais, à Hesdin, à l’occasion de l’assemblée générale de la Fédération départementale.
Que m’ont dit nos amis chasseurs ? Que les attaques en règle contre la chasse, notamment contre les chasses traditionnelles, sont une marque de mépris, une marque d’incompréhension à l’égard de nos territoires ruraux, de leurs identités, de leurs traditions.
À force de raisonner de manière technocratique, sans prendre en compte la réalité de nos territoires, il y a aujourd’hui une France qui se sent « à côté », qui se sent oubliée et qui souffre. Et ça se retrouve dans les urnes !!
Cette France « d’à côté », je veux la remettre au centre de nos préoccupations politiques !
Monsieur le Président Rose, vous avez évoqué dans votre propos le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages.
Disons-le clairement, le monde de la chasse revient de loin ! Car le texte qu’avait voté l’Assemblée nationale en première lecture comprenait de nombreuses anti-chasse ! C’était un modèle de destruction des identités locales !
Le Sénat, grâce à la mobilisation du groupe chasse emmené par notre collègue Jean-Noël Cardoux, un Solognot, a joué un rôle déterminant pour supprimer ces dispositions qui étaient des attaques en règle contre la chasse. Et je sais qu’il a aussi fait le nécessaire pour que l’Assemblée nationale conforte la plupart des positions du Sénat en la matière. La Fédération nationale des chasseurs a d’ailleurs publié il y a 15 jours un communiqué s’en félicitant.
Je peux vous assurer, Monsieur le Président Rose, que nous continuerons à être très vigilants en deuxième lecture et je vous assure que je transmettrai vos propositions d’amendement à Jean Noël Cardoux pour qu’il puisse les expertiser.
La chasse est l’alliée de la biodiversité, comme vous le prouvez vous-même dans le cadre de votre gestion de la réserve naturelle régionale de Grandlieu, qui est un site essentiel pour l’avifaune migratrice, une référence. Vous avez prouvé par vos actions la complémentarité entre la chasse et la préservation de la biodiversité.
Je voudrais, pour terminer, dire quelques mots du projet de création d’une réserve naturelle nationale dans l’estuaire de la Loire, que vous avez évoqué tout à l’heure.
Je sais qu’il suscite des inquiétudes chez les chasseurs, notamment chez les chasseurs de gibiers d’eau. C’est un dossier auquel j’ai été sensibilisé, notamment par André Klein, le maire de Savenay, et nous avons eu l’an dernier un échange à ce sujet.
Ainsi que je vous l’avais indiqué alors, les ministres, Philippe Martin puis Ségolène Royal, ont constamment réaffirmé leur intention de mener à bien ce projet de réserve naturelle, mais en concertation avec les élus locaux et l’ensemble des acteurs socio-économiques, sans interdire la chasse au sein de la réserve naturelle et sans rejeter la perspective d’un franchissement de la Loire.
Avant de venir à votre rencontre, j’ai demandé des précisions à la préfecture. La direction départementale des territoires et de la mer m’a de nouveau confirmé qu’il n’était pas (a priori) envisagé d’interdire la chasse dans cette réserve, dont le périmètre précis n’est toujours pas connu à ce jour.
Au contraire, elle a souligné dans la note qui m’a été adressée que « les chasseurs peuvent y jouer un rôle important (entretien des mares de chasse parfois d’un grand intérêt écologique, régulation des sangliers) ; le sanglier pourrait même faire l’objet d’une pratique de chasse facilitée afin d’en permettre une meilleure régulation ».
Je compte donc sur le dialogue que vous aurez avec les services de l’Etat dans le département pour parvenir à des solutions satisfaisantes.
Vous savez aussi que vous pouvez compter sur l’écoute du nouveau Président du conseil régional, et vous pouvez vous en féliciter ! Nous avons même partagé des moments de chasse ensemble.
Je continuerai moi-même à suivre avec attention l’évolution de ce projet, dont je mesure pleinement l’importance.
Je vous remercie.