La droite en passe de reprendre le Sénat à la gauche après le 1er tour

Par : Thierry MASURE

Paris : La poussée de la droite attendue aux élections sénatoriales s'est confirmée dimanche : avant même la clôture du scrutin, elle avait refait à la mi-journée son handicap de six sièges sur la gauche, s'apprêtant à prendre dans l'après-midi le contrôle de la chambre haute, sans coup férir.

Il s'agirait de la troisième défaite électorale en six mois pour la gauche au pouvoir, après les municipales de mars, et les européennes de mai.

Seuls étaient connus en début d'après-midi les résultats (premier tour) de 31 des 35 départements ou collectivités d'outre-mer (59 sièges en tout) votant au scrutin majoritaire. Un deuxième tour devait y avoir lieu d'ici 17H30 là où le ou les deux sièges en jeu n'ont pas été pourvus au premier.

Dans les 29 circonscriptions où le vote a lieu à la proportionnelle (119 sièges concernés), le scrutin est clos depuis 15H00, et les résultats devaient être publiés en fin d'après-midi. Sont appelés aux urnes quelque 87.000 grands électeurs, pour l'essentiel des conseillers municipaux.

Seule la moitié du Sénat est renouvelée au cours de ce scrutin où la droite partait largement favorite, de par l'effet mécanique de sa domination lors des élections municipales de mars dernier. La droite retrouverait ainsi au Sénat la majorité qu'elle a perdue en 2011 au profit de la gauche.

Symbole du recul des socialistes, l'ancien fief de François Hollande, la Corrèze, où l'UMP Daniel Chasseing, avec 51,73% des voix, a pris un siège au PS. Les socialistes ne sont même pas du tout certains de conserver leur deuxième siège, qui pourrait échoir à un candidat UMP si on en juge par les résultats du premier tour.

Au vu des premières tendances, "c'est une Bérézina", a commenté un ténor socialiste à la Haute assemblée. "A ce stade, c'est à peu près ce qu'on attendait. Il faut attendre de voir si cela se confirme au second tour", a tempéré un autre responsable PS.

Outre la Corrèze, la gauche a perdu les deux sièges en Haute-Saône, et en a abandonné un en Corse du sud (l'UMP obtenant le score écrasant de 86,4%), un dans l'Aveyron et un dans le territoire de Belfort. Trois sièges ont été perdus par le PS, deux par les radicaux de gauche. Le sixième siège perdu devrait être celui de Anne-Marie Escoffier, ex-ministre déléguée à la Décentralisation du gouvernement, si elle se désiste pour le socialiste arrivé devant elle.

La défaite de Mme Escoffier, si elle se confirme, devrait être elle aussi un symbole, puisque l'ancienne sénatrice avait défendu le premier volet de la réforme territoriale, créant notamment les métropoles.

En Haute-Saône, l'une des figures du Sénat, Jean-Pierre Michel, qui avait défendu au Palais du Luxembourg la loi sur le mariage homosexuel (et, en 1999, son ancêtre le PACS) a mordu la poussière. "Sa compétence, son expertise, son inlassable combat pour l'égalité nous manqueront beaucoup", a commenté la sénatrice EELV Esther Benbassa.

Dimanche matin, la droite a obtenu 19 élus et la gauche 6. Trois femmes seulement ont été élues, pour 22 hommes.

La nette poussée de la droite se retrouve de manière éloquente dans l'élection de François Baroin. Actuellement député et par ailleurs seul candidat à la présidence de l'Association des maires de France (AMF) en novembre prochain, l'ancien ministre UMP a obtenu 76,58% des voix.

Dans la Vienne, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, 66 ans, qui brigue la présidence du Sénat, en obtient 59,61% des voix.

Dans le Tarn-et-Garonne, c'est le siège du président du PRG (radicaux de gauche), Jean-Michel Baylet, qui vacille puisqu'il a dû se contenter de 37,4% des suffrages. L'autre siège a échu à un divers gauche. En Savoie, l'ex-secrétaire d'Etat Thierry Repentin (PS) affronte un deuxième tour incertain.

Le PS maintient ses positions dans ses places-fortes comme l'Aude (deux sièges conservés) ou l'Ariège (un siège), et pourrait garder ses deux élus en Dordogne.

Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a estimé dimanche qu'un basculement du Sénat à droite ne serait pas simple pour "la future majorité" car "la droite sera durablement divisée". Il a minimisé l'impact d'un tel événement, observant que "le Sénat ne votait plus depuis des mois les lois de la gauche, puisque le Parti communiste faisait bloc avec la droite sur nombre de textes".

Le Sénat étant renouvelé par moitié tous les trois ans, 179 de ses 348 sièges sont en jeu.

Sont concernés 58 départements métropolitains et cinq collectivités d'outre-mer.

Pour la première fois, le Front national pourrait faire son entrée au Sénat, fondant ses espoirs sur le maire de Fréjus (Var), David Rachline et celui du 7e secteur de Marseille, Stéphane Ravier. Il compte pour cela sur le scrutin à la proportionnelle. Dans les votes de dimanche matin au scrutin majoritaire, il n'a recueilli que des scores très faibles (4,46% dans l'Yonne, 1,46% dans le Gers, entre autres).


tma/frd/phc.
2014/09/28 16:25:02 GMT+02:00
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