N° 36 SESSION ORDINAIRE DE 2015-2016 16 novembre 2015 |
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rÉsolution visant à affirmer le rôle déterminant des territoires pour la réussite d’un accord
mondial
ambitieux sur le climat. |
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Le Sénat a adopté la
résolution dont la teneur suit : |
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Voir
les numéros : Sénat : 140 (2015-2016). |
Le Sénat,
Vu l’article 34-1 de la
Constitution,
Conscient que la lutte
contre les dérèglements climatiques constitue un des principaux défis du 21ème
siècle, et qu’une réaction puissante, raisonnée et concertée de tous les
peuples est la condition de la survie de l’humanité ;
Considérant que le climat a
toujours connu d’importants changements, mais qu’il ressort de travaux
scientifiques internationaux, synthétisés par le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat, que les bouleversements actuels
sont massivement dus aux émissions excessives de gaz à effet de serre issues
des activités humaines, et que nier cette réalité serait porteur de
conséquences dramatiques dont les effets sont probablement encore sous-estimés ;
Que ni les États, ni les
peuples, ni les individus ne sont égaux face aux conséquences de ces
dérèglements qui frappent plus violemment les pays en développement, plus
vulnérables, et qui affectent davantage les femmes, directement exposées du
fait de leur plus grande pauvreté et de leur situation d’exclusion ;
Considérant que l’éducation
et la recherche sont indispensables pour comprendre les enjeux climatiques, l’importance
de la biodiversité, la nécessité de préserver les ressources de la planète et l’interdépendance
humanité-nature, pour construire les compétences nécessaires à un développement
solidaire et responsable, et que ces connaissances seront déterminantes pour
créer l’adhésion de tous ;
Considérant enfin que les
dérèglements climatiques se manifestent sous des formes très variées et posent
des problèmes dans tous les domaines de la vie : accès à l’eau, agriculture et
sécurité alimentaire, sécheresse, inondations, montée des eaux, réchauffement
et acidification des océans et érosion des côtes, fonte des glaces,
déforestation, pollution de l’air, apparition ou développement de nouveaux
risques sanitaires, catastrophes climatiques extrêmes, bouleversements
géopolitiques et déplacements de populations ;
Affirme l’urgence de
parvenir, à Paris, à un accord mondial ambitieux sur la base d’engagements
volontaires exigeants de la part des États, afin de placer notre planète sur
une trajectoire permettant de rester sous le seuil de 2°C de réchauffement ;
Juge nécessaire, à cette
fin, que cet accord soit juridiquement contraignant et conduise à la mise en
place de mécanismes de mesures, rapports et vérification garantissant le
respect des engagements de chacun en toute transparence et étant susceptible d’entraîner
sa révision ;
Que cet accord soit
universel et mobilise tous les États ;
Que cet accord soit
équitable, sur la base des responsabilités communes mais différenciées des
États et de leurs capacités respectives ;
Que cet accord apporte une
réponse pérenne et réaliste à la question du financement de la lutte contre les
dérèglements climatiques à la hauteur des engagements pris, en particulier à
destination des pays les moins avancés, l’accent devant être mis sur les
financements innovants tant pour l’adaptation au changement climatique que pour
le développement durable ;
Juge nécessaire, pour
opérer la transition vers un modèle décarboné et maintenir le réchauffement
sous le seuil des 2°C, la généralisation de systèmes de définition d’un prix du
carbone qui en reflètent les coûts réels pour l’environnement par les moyens
les plus adaptés, la promotion des énergies bas-carbone et la suppression
progressive des soutiens publics aux énergies fossiles ;
Considère que l’accord de
Paris devra impliquer non seulement les États mais aussi les individus, en
respectant leur diversité culturelle, et en reconnaissant l’égalité entre
femmes et hommes comme une dimension fondamentale, les initiatives nombreuses
et efficaces portées par les femmes devant être systématiquement prises en
compte dans l’agenda des solutions et les femmes devant être mieux associées
aux négociations climatiques internationales ;
Qu’il devra impliquer
fortement les sociétés civiles de tous les pays, en mettant en avant le rôle
déterminant des entreprises et de ceux qui y travaillent, des associations et
des organisations non gouvernementales dans la construction de nouvelles
solutions ;
Qu’il devra enfin impliquer
les territoires, en première ligne face aux bouleversements climatiques, dans
la diversité de leur représentation, des plus petites communes aux métropoles,
aux régions et provinces, et s’appuyer sur ceux-ci pour sensibiliser le public,
accompagner les initiatives des habitants et mettre en œuvre l’agenda des
solutions ;
Rappelle l’atout que
constitue la variété de ces territoires - zones urbaines, zones rurales,
montagnes, forêts, zones humides, littoraux et océans - tous affectés par les
effets du changement climatique et nécessitant des réponses diverses, telles
que le maintien des zones humides ou le stockage naturel du carbone dans les
sols et les forêts ;
Souligne à ce titre la
spécificité et la richesse de la France, présente dans toutes les zones
géographiques, océanographiques et climatiques de la planète grâce à ses
territoires d’outre-mer, véritables caisses de résonance des effets des
dérèglements climatiques mais aussi laboratoires des politiques innovantes à
mettre en œuvre, de la restauration des récifs coralliens et des mangroves au
bon fonctionnement des océans, en assurant l’adaptation et la résilience des
écosystèmes terrestres et marins ;
Juge indispensable la prise
en compte des actions menées par les collectivités en matière de coopération
décentralisée, outil essentiel de l’aide au développement, tant par les
partenariats humains et financiers que par les transferts de technologies et d’ingénierie
locale ainsi que par la prise en compte des savoirs locaux et autochtones qui
sont la base d’un développement durable localement adapté ;
Invite instamment à
traiter, dans le cadre des négociations internationales, la question des
déplacés environnementaux, dont le nombre, déjà élevé et en croissance, s’impose
à nous comme un défi qu’une nouvelle convention internationale prévoyant des
mesures de prévention et de protection devra relever ;
Invite les États à
reconnaître le rôle fondamental des territoires et des collectivités qui les
représentent pour le succès de l’accord de Paris, conformément aux
recommandations des associations mondiales présentes dans les négociations, les
territoires étant l’échelon le plus pertinent de mise en œuvre des engagements
nationaux en matière d’atténuation et d’adaptation aux effets des dérèglements
climatiques ;
Forme enfin le vœu que l’Union
européenne et la France tracent la voie pour la transition de l’humanité vers
un nouveau modèle de développement respectueux de la planète.
Délibéré en séance publique, à Paris, le 16 novembre 2015.
Le
Président,
Signé :
Gérard LARCHER